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Cinéma 7ème Art

Rapports de Stage : Cinéma 7ème Art. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2012  •  687 Mots (3 Pages)  •  1 335 Vues

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« C’est l’histoire d’une fille qui vit toute seule et qui est très effrayée. » Voici comment Paul Varjak, jeune écrivain en panne d’inspiration (et accessoirement gigolo d’une femme très riche), décrit sa jolie voisine un peu timbrée, Holly Golightly − Lula Mae Barnes de son vrai nom. En apparence, Holly est pourtant une femme qui respire le bonheur : elle ne cesse d’ailleurs de répéter à quel point elle est « divinement heureuse » à qui veut bien l’entendre. Ses journées défilent paisiblement, du verre de champagne au réveil − jamais avant midi, sauf quand elle doit se rendre à Sing Sing pour récupérer le bulletin météo d’un parrain de la mafia − aux nuits d’orgie dans son appartement. On ne saura jamais trop quelle activité permet à Holly de subvenir à ses besoins, mais il est permis de croire que, lorsque des gentlemen lui donnent 50 dollars pour aller se repoudrer dans les toilettes des night-clubs, ils n’attendent pas seulement d’elle qu’elle leur fasse la conversation.

Le bonheur de Holly est évidemment trop bruyant pour être honnête : sa façon de parler sans cesse de tout et de rien est aussi une manière pour elle d’éviter le silence, d’éviter de se retrouver seule avec ses pensées noires, de combattre ses envies de mourir par des petits riens, comme par exemple un petit-déjeuner à l’aube, devant la vitrine du bijoutier Tiffany’s. Excentrique, glamour, timbrée, décalée, Holly est un véritable personnage de cinéma, comme il n’en existe pas (ou si peu) dans la vie réelle. Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi très humaine, surtout dans les moments où elle baisse sa garde, où elle ne contrôle plus ses réactions. Holly, au fond, est une toute petite fille pas encore sortie de l’enfance, mais qui en a vu de toutes les couleurs et n’a plus l’intention − pense-t-elle − de se laisser marcher sur les pieds. Pour s’assurer d’être toujours libre de s’envoler plus haut, elle cherche à épouser un homme riche pour qui elle n’éprouve pas d’amour : mais ce désir de liberté trop intense ne cache-t-il pas une prison plus sournoise encore ?

À l’instar de la nouvelle de Truman Capote dont Diamants sur canapé est l’adaptation, le film de Blake Edwards n’a qu’un seul personnage : Holly. Les autres, au fond, n’existent que par et à travers elle, tous fascinés à des niveaux divers par son extravagance. Paul Varjak, dont le point de vue sert de déroulement à l’histoire, n’est pas le seul à voir les fêlures de sa jeune voisine ; du moins est-il le seul à ne pas chercher à en profiter. Holly est comme un oiseau dont on aurait ouvert la cage et qui s’en échapperait pour mieux y retourner, incapable de s’adapter au monde extérieur et aux "salauds" qui le peuplent. C’est en concentrant la quasi-totalité de ses scènes à l’intérieur de l’immeuble où habite Holly que Blake Edwards montre le mieux la façon dont la jeune femme s’est volontairement enfermée dans une vie qu’elle fait semblant d’avoir consciemment choisie. Ses brèves échappées à l’extérieur l’étouffent, comme si son corps habitué à la pollution ne pouvait supporter l’air pur, comme si son cœur devenu sec par habitude était devenu imperméable à l’amour.

Pour interpréter le personnage de Holly, Blake Edwards avait d’abord pensé à Marilyn (qui venait de

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