Paysages chez Paul Cezanne

LES PAYSAGES CHEZ PAUL CEZANNE

CHAPITRE II SUITE

(à propos de ses oeuvres impressionnistes)

* le ciel est souvent réduit à une brève surface claire, quand une verdure opaque ne le cache pas entièrement comme dans deux oeuvres qui encadrent sa période impressionniste: la maison du Père Lacroix (1873) et le Pont de Maincy (1879).

* En 8 ans, il a peint environ 20 portraits dont 10 autoportraits et c'est peu, comme chez les autres impressionnistes. La technique impressionniste, en unifiant la surface colorée, remise au second plan l'expression de la personnalité et du caractère du modèle. Dans les autoportraits, PC ne se met pas en valeur, ce qui montre sa tendance asociale.

Conclusion: En 1878-79, PC fait des séjours prolongés à Aix et à l'Estaque. C'est une période de repliement sur soi dans son refuge durant laquelle il peint des motifs familiaux et cela accélère la mutation de son attitude par rapport au réel et à l'impressionnisme.

CHAPITRE III - LE DEPASSEMENT DE L'IMPRESSIONNISME

En 1880 PC cherche toujours sa voix picturale (comme il le dit). Après 7ou 8 ans de pratique impressionniste, il estime avoir poussé aussi loin que possible l'analyse des reflets lumineux et des ombres colorées. PC évolue mais ne rompt pas avec l'impressionnisme, il mûrit jusqu'à trouver une harmonie parallèle à la nature.

DEPASSEMENT POUR TOUS

PC ne renie pas l'impressionnisme, il reste fidèle aux principes de travail en plein air et des ombres colorées. La modification des couleurs d'un objet en fonction de la lumière qui l'éclaire (une découverte majeure de l'impressionnisme) reste un des fondements de son travail, même s'il reste toujours à part en composant soigneusement l'architecture de ses peintures. Mais sa remise en question touche aussi les autres impressionnistes.

Maison et ferme au Jas de Bouffan (1885-87)

Arbres et maisons (1885-87)

NOUVELLE FACTURE

A l'époque impressionniste, la pâte était tantôt épaisse et grumeleuse, tantôt fluide mais posée par de longues touches en virgules. Après 1880, il peint comme des carrés de mosaïque. La pâte est liquide et peu couvrante. Dans les vues de l'Estaque, il n'y a plus de perspective, les plans sont aplatis, les touches sont carrées ou triangulaires.

Le golfe de Marseille vu de l'Estaque

La mer à l'Estaque

Mais il existe des contradictions entre l'effet novateur et ses méthodes de travail: il travaille d'après nature mais pour certains il manque d'imagination et donne un caractère trop "réaliste" à son art. Toutefois cela correspond à son attitude volontariste et individuelle dans laquelle l'observation du réel est le point de départ d'une représentation subjective.

Le grand pin

LA "BELLE FORMULE"

Il s'agit d'une expérience formelle. PC devient "hérétique" selon les critiques: il multiplie les points de vue, rompt l'échelle, fragmente les formes, introduit des éléments abstraits. Il rompt donc avec les conventions de la Renaissance.

LE TOURNANT DE SA VIE: LA RUPTURE DE SON AMITIÉ AVEC ZOLA

Sa vie sentimentale et familiale est tourmentée: PC s'exile à Gardanne pendant deux ans (1885 et 1886). C'est à ce moment qu'il se brouille avec Zola, qui n'aurait jamais compris son art. A tel point que dans l'Oeuvre, PC se reconnaît dans le personnage de Claude Lantier le "génie raté".

LES PAYSAGES DE GARDANNE

Dans les années 20 après le Cubisme, les critiques de PC insisteront surtout sur les tracés géométriques en forme de grilles auxquels on pouvait résumer ses tableaux. Ces schémas se retrouvent dans les arêtes rectilignes des Jas de Bouffan ou dans l'étagement des toits de Gardanne.

La période gardannaise est une source d'inspiration, de paix intérieure. (cf fascicule)

Dans sa période impressionniste, le contour des maisons et des arbres les enveloppe ou les agite dans une vibration. Après 1880, la lumière change dans le paysage: elle devient dure et égale, elle sculpte les formes mais ne se laisse pas analyser (saison? horaire?) Ex: les peupliers, solides et immobiles comme le bronze, avec une lumière invraisemblable dans l'orientation des ombres (contrairement à ce que fait Monet).

LA SAINTE VICTOIRE

PC travaille par séries: celle sur la Ste Victoire est la plus abondante (en cela PC devance Monet avec ses peupliers/meules/nymphéas)

La première apparition date de 1870 dans L'éternel féminin où elle est mise en abyme. Il s'agit d'une véritable passion pour "sa" montagne à partir de 1880, et jusqu'en 1890 elle occupe souvent le font d'un paysage composé selon des plans échelonnés, avec une profondeur suggérée par des arbres en avant plan et une succession de lignes horizontales et obliques. La lumière est claire, égale, l'atmosphère est limpide et l'univers apaisé.

La Ste Victoire est le symbole du peintre dominant sa ville: elle appartient à la famille des montagnes sacrées comme le Sinaï et l'Olympe, et l'origine de son nom est controversée (à la fois dominatrice et vénérable).

Le cadrage est panoramique: la montagne domine la campagne aixoise. Sa sérénité personnelle se ressent dans le paysage: PC prend possession de son territoire et triomphe de la société aixoise qui ne veut pas reconnaître sa valeur artistique.

Montagne Ste Victoire au grand pin

AUTRES OEUVRES: LES PORTRAITS ET LES BAIGNEURS

* Les portraits de famille de sa femme et de son fils cadrés en buste, sont nombreux et seront une source d'inspiration pour les futurs cubistes.

* maturation pour la série des baigneurs: les masses sont clairement réparties, la clarté est bleutée sans aucun alibi mythologique ni historique, sans fiction justificatrice. La vérité est nue sans l'enrobage d'anecdote qui fait le charme des bords de Marne chez les

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