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La Liberté Guidant Le Peuple

Mémoire : La Liberté Guidant Le Peuple. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2014  •  1 798 Mots (8 Pages)  •  1 418 Vues

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Description de l'œuvre

L'œuvre assez imposante (260 cm × 365 cm) fut réalisée entre les mois d'octobre et de décembre 1830. La scène se passe à Paris, comme l'indiquent les tours de la cathédrale Notre-Dame qui émergent des fumées du dernier plan. Une foule d'émeutiers franchit une barricade. Au premier plan, associés aux matériaux–- pavés et poutres – que forment cette barricade, les corps de soldats morts apparaissent tordus et comme désarticulés. L'un gît nu. Un ouvrier ou un paysan blessé, foulard noué sur la tête, émerge des décombres, le corps et le regard tendus vers une femme du peuple, coiffée d'un bonnet phrygien dont s'échappent des boucles. Celle-ci est représentée en pied et occupe de fait la place principale. Elle brandit par la hampe un drapeau tricolore qui occupe l'axe médian de la toile. Sa poitrine est en partie découverte. On distingue quatre autres personnages aux abords de la barricade : deux enfants des rues – l'un coiffé d'un béret brandissant des pistolets de cavalerie, la bouche ouverte sur un cri, l'autre coiffé d'un bonnet de police s'agrippant au pavé – un homme coiffé d'un haut-de-forme (qui laisse penser que c'est un bourgeois) mais portant le pantalon et la ceinture des ouvriers, les genoux sur la barricade, et un ouvrier portant un béret, un sabre briquet à la main et sa banderole sur l'épaule. Les principaux protagonistes s'inscrivent dans un triangle dont le sommet est le drapeau. Les couleurs dominantes sont les bleu, blanc et rouge qui émergent des teintes grises et marron. La lumière semble provenir de l'arrière-plan et la femme s'avance vers nous en contre-jour.

Les couleurs chaudes dominent les corps des émeutiers.

Situation historique

Article détaillé : Trois Glorieuses.

Hippolyte Lecomte, Combat de la rue de Rohan le 29 juillet 1830, musée Carnavalet.

Le peintre a fait connaître sa toile comme une allégorie inspirée par l'actualité la plus brûlante2. Elle a pour cadre les trois journées du soulèvement populaire parisien contre Charles X, les 27, 28 et 29 juillet 1830, connues sous le nom des Trois Glorieuses.

Le 25 juillet, Charles X publie quatre ordonnances dans le but d'écraser l'opposition libérale. Ces mesures comprenaient la suspension de la liberté de la presse périodique, la dissolution de la Chambre des députés des départements, la réforme du suffrage censitaire favorable à l'aristocratie et convocation des collèges électoraux pour le mois de septembre. L'opposition appelle à la désobéissance. Les classes moyennes et le peuple de Paris se révoltent. La capitale se couvre de drapeaux tricolores et de barricades. Le peintre a nommé sa toile 28 juillet, date cruciale de la prise de l'hôtel de ville par les émeutiers. À la faveur de trois jours d'émeutes, Charles X abdique. Louis-Philippe prête fidélité à la Charte révisée le 9 août, inaugurant la « Monarchie de juillet ».

Contexte de la réalisation et genèse de l'œuvre

Quand Delacroix livre la Liberté guidant le peuple, il est reconnu comme le chef de file de l'école romantique française. Il rejette l'idéal classique et les canons de l'art académique de son temps.

Réalisée à partir d'esquisses tracées par l'auteur dès septembre 1830, l'œuvre n'est plus une « peinture d'histoire ». Eugène Delacroix en fait part à son frère le 18 octobre 1830 : « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle »3. L'artiste témoigne ici de la ferveur romantique qui lui fait traduire les événements révolutionnaires dont il est contemporain. Car si Delacroix appartient à une longue lignée de grands révolutionnaires qu'a produite le « pays des révolutions », il n'est pas un révolutionnaire convaincu4 à l'image de son ami Adolphe Thiers. Comme pour la cause grecque, sa bataille est avant tout d'atelier5. De son propre aveu, il a traversé les événements de juillet 1830 comme « un simple promeneur »6. Difficile pour le peintre de prendre parti contre le pouvoir qui a été l'un de ses principaux commanditaires. Cependant, la violence de la rue et le patriotisme réinventé enflamment son imagination picturale. Ces scènes de combat font aussi écho chez Delacroix à celle de la geste de 1789. Au moment de la réalisation de la toile, il travaille parallèlement à deux tableaux inspirés de la Révolution française pour décorer la nouvelle Chambre des Députés. Mais la « vraisemblance poétique devait l'emporter sur la véracité d'un simple reportage7» et l'œuvre dépasse la seule évocation d'une scène d'émeute.

Sa Liberté a sans doute été inspirée d'une lecture des poèmes La Curée d'Auguste Barbier et de Casimir Delavigne Une semaine à Paris, publié en 1830 dans La Revue de Paris qui décrit la foule des émeutiers guidée par une femme du peuple, allégorie de la Liberté8. Au-delà, l'œuvre multiplie les références picturales notamment au Radeau de la Méduse.

Signification et portée de l'œuvre

Amazone blessée du type de Sôsiklès. Copie romaine d'après un original grec du ve siècle av. J.-C.

Le personnage central féminin attire tous les regards. La Liberté emprunte autant à la statuaire antique – drapé, pieds nus, poitrine offerte – qu'aux représentations de la femme du peuple à la lourde musculature et à la peau hâléenote 2. Elle emprunte de même aux allégories sereines et hiératiques de la Liberté et de la République qui voient le jour après 1789, comme celles d'Antoine-Jean Gros ou de Nanine Vallain. Elle est ici tant une idée qu'une personne réelle, à mi-chemin entre le tangible et l'idée. C'est cette superposition

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