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L'Ukiyo-e

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Par   •  1 Juillet 2013  •  2 206 Mots (9 Pages)  •  992 Vues

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I - L'Ukiyo-e

Le terme ukiyo-e se traduit généralement par « image du Monde Flottant ». L'expression « Monde Flottant » ou ukiyo apparut au Moyen Âge dans le vocabulaire du bouddhisme pour désigner ce monde de douleur qu'est la vie humaine avec tout ce qu'elle a de transitoire, d'impermanent et d'impersonnel. Mais au XVIIe siècle, ce vocable avait perdu ses connotations de précarité et d'irréalité pour prendre une résonance hédoniste et avait fini par évoquer surtout le kabuki et les quartiers réservés, mondes chers à la nouvelle société urbaine. Investi de ce sens particulier, le terme ukiyo s'était introduit dans la littérature vers 1661 et fut pourvu vers 1680 du suffixe -e (signifiant image, représentation, peinture) pour nommer très précisément le mouvement artistique nouvellement constitué et spécialisé dans l'évocation de ce Monde Flottant. Mais si l'Ukiyo-e a assuré la renommée internationale de l'estampe japonaise, il a été fondamentalement une école de peinture. Tous ses maîtres firent d'ailleurs œuvre de peintre, et certains ne dessinèrent jamais d'estampes. En outre, selon une pratique courante aux XVIIe et XVIIIe siècles, la majorité des artistes ukiyo-e avaient une formation de base fort complète, acquise non seulement au sein du mouvement, mais aussi au contact des écoles classiques Tosa et Kanō, et c'est de là qu'ils tiraient leur aptitude à moduler leur style en fonction du sujet traité.

D'autre part, lorsque l'Ukiyo-e prit ses caractères spécifiques, il opéra une sorte de répartition géographique de ses activités : tandis que la peinture prévalut à Kyōto et Ōsaka, où le public artistique était plus traditionnel, à Edo, ville encore neuve et centre attitré de l'école, on s'intéressa davantage à la xylographie. C'est donc tout naturellement à Edo que naquit l'estampe profane sur feuille séparée (ichimai-e), au milieu du XVII e siècle. On remarque par ailleurs que l'estampe et l'illustration évoluèrent selon deux catégories parallèles : l'une peu soignée et bon marché, destinée à la masse – dans laquelle les jeunes artistes faisaient leurs premières armes –, l'autre, réservée à une élite bourgeoise et cultivée, bénéficiant de tous les raffinements techniques. Cependant cette distinction s'estompa au XIXe siècle, car à la suite d'une flambée générale de prospérité, la belle production se trouva accessible aux couches les plus larges de la société urbaine. Mais alors, en devenant réellement populaire, la xylographie n'intéressa plus les patrons qui l'avaient menée à sa perfection.

L'évolution de l'illustration et de l'estampe ukiyo-e se poursuivit en quatre phases de longueur inégale. L'école tire certainement ses origines lointaines de la peinture de genre. Elle s'annonça au cours de la première moitié du XVIIe siècle dans la région de Kyōto et d'Ōsaka – peut-être aussi à Edo –, mais on ne peut rien affirmer pour la période antérieure au grand incendie de 1657. Puis, sans rompre avec leur éducation initiale, les artistes tentèrent chacun à leur manière une expression rénovée et orientée vers le réalisme. L'unification des styles au sein d'un mouvement cohérent et autonome se fit dans la seconde moitié du XVIIe siècle à Edo, autour de Hishikawa Moronobu (vers 1618-1694). La période qui s'étend de 1670 environ à 1764 – qualifiée généralement de primitive – fut celle des conquêtes techniques, soit le lent passage de l'impression monochrome à l'impression polychrome à l'aide de bois de teintes multiples (nishiki-e), celle de la multiplication des ateliers et de leur spécialisation en fonction du thème traité.

L'Ukiyo-e devait ensuite connaître son âge d'or entre 1765 et le début du XIXe siècle. Grâce à la diffusion des nishiki-e, ses artistes purent donner toute la mesure de leur talent, voire de leur génie, tant dans l'illustration que dans l'estampe. En outre, à côté de l'édition commerciale, soumise à la censure et contrée par les édits somptuaires, l'édition privée connut alors un grand essor : elle agit sur l'imagination et la créativité des artistes. Mais l'accès des classes populaires à l'impression polychrome au début du XIXe siècle devait avoir des conséquences profondes. Sous la constante pression de leurs éditeurs, les maîtres à succès furent alors astreints à une surproduction qui s'opposa inévitablement au mûrissement de leur style, au renouvellement de leur inspiration et au soin de leurs compositions. Par ailleurs, beaucoup d'artistes médiocres purent prétendre dorénavant à la profession de dessinateur d'estampes. Mais cet engouement populaire n'eut pas que des résultats fâcheux. En effet, des centres très actifs se créèrent en province, la satire et le paysage s'érigèrent en genres autonomes, le portrait s'enrichit de thèmes (comme celui du héros) jusque-là peu exploités et la technique atteignit la perfection grâce à des graveurs et des imprimeurs de grand talent.

II - Du 17ème au 20ème siècle : trois générations d'artistes.

A) 1ère génération de l'estampe japonaise : sous la période EDO (1600 - 1868)

Utamaro, Hokusai, Hiroshige : les étoiles de l'estampe Ukiyo-e.

EDO est le nom de la capitale du Japon, actuelle Tokyo. Le gouvernement féodal des shoguns de la famille Tokugawa y est installé. Il pratique à partir de 1640 une politique de fermeture totale du pays. La loi interdit aux japonais de quitter le pays sous peine de mort et interdit aux étrangers d'y entrer.

Pendant cette période, deux types d'œuvres graphiques cohabitent et s'opposent :

- la peinture traditionnelle poétique, héroïque ou religieuse appréciée par l'aristocratie;

- l'estampe, art de feuilles volantes, considérée comme vulgaire et dont raffole la bourgeoisie commerçante.

L'estampe représente des scènes de la vie quotidienne du quartier des plaisirs de Tokyo : portraits de geisha, portraits de courtisanes et de comédiens chez Utamaro et Sharaku.

Puis elle s'attache aux paysages avec Hokusai et Hiroshige.

(GEI "art" et SHA "personne" ou "pratiquant". On peut traduire "geisha" par "personne douée pour les arts").

"Ukiyo-e"

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