John Cage et le hasard

JOHN CAGE, et le hasard..

« Aléatoire : Que rend incertain, dans l'avenir, l'intervention du... hasard ? →Hasard : cause fictive de ce qui arrive sans raison apparente ou explicable, souvent personnifié au même titre que le sort, la fortune, etc. « Un coup de dès jamais n'abolira le hasard » , Mallarmé. »

Donc, l'aléatoire et le hasard sont l'incertitude des faits qui ne sont pas encore terminés. Ces faits, seraient alors indéterminés.

« Indétermination : Caractère de se qui n'est pas définit ou connu avec précision. Incertitude aux données indéterminées et qui admet en conséquence une infinité de solutions. »

« Musique : Art de combiner des sons d'après des règles (variables selon les lieux et les époques), d'organiser une durée avec des éléments sonores ; production de cet art. »

Dans les mœurs musicales strictes, ou dans les représentations sur scène, bien audacieux celui qui oserait émettre un bruit inconvenant.

« Bruit : Phénomène aléatoire gênant qui se superpose à un signal utile et en perturbe la réception. »

Mais.. la musique et le bruit, ne sont-ils pas des contraires du silence ?

« Silence : Absence de bruit, d'agitation, état d'un lieu où aucun son n'est perceptible. Calme, paix. » Extraits : Petit Robert, 2006.

Toutes ces définitions, John Cage les assimile pleinement dans son œuvre. Cet homme, né en 1912 et mort en 1992, est un artiste américain d'avant-garde incontournable du XX°siècle. Musique, arts-plastiques, littérature, danse, que ce soit par lui même ou en liaison avec d'autres artistes de son temps, John Cage, très polyvalent, touche toutes les formes d'arts. Néanmoins, il est majoritairement connu comme compositeur. Il a apporté à la musique un souffle nouveau, car il est l'un des premiers à avoir intégrer à la musique des notions d'expérimentation : indétermination, bruit, aléatoire, silence, hasard ; autrement dit : du son, qu'importe soit-il. Attention, d'autres artistes qui ont tenté leur chance dans ce domaine par le passé n’eurent pas le même succès, et Cage, malgré sa popularité restait un artiste, un homme plutôt incompris. Pourquoi ? Nous avons la réponse: John Cage avait établi au fil de sa vie sa propre philosophie, complexe pour ceux qui n'étaient pas ouverts d'esprits. Comment ? Par ses fascinations pour des événements hasardeux, ses passions pour les pensées d'ailleurs : le Bouddhisme Zen, l'esprit Tao, mais également pour sa réticence face aux règles qui lui étaient imposées, il refusait les formalités artistiques et notamment musicales. Il s'était créé son propre univers. La notion la plus intrigante du monde de notre artiste est celle du hasard, de l'indétermination, de l'aléatoire. Trois termes différents mais également identiques sur un point : aucun n'est certain. L'art de John Cage est l'art de la surprise. Nous allons donc voir au travers d’études et d'œuvres qu'est-ce qui influence notre artiste dans ce domaine et en quoi nous le retrouvons dans son œuvre.

Avant toute chose, définissons les trois grandes instructions dont John Cage ne se sépare jamais lors de ses créations.

Le zen ne se laisse pas définir car, il se caractérise par le paradoxe : c'est le non-agir dans l'action, le plein du vide, le néant de l'être. La pratique du zen est la contemplation méditative du soi et de la vérité absolue. Il permet d'atteindre l'état de « l’Éveil » L'enseignement zen passe par le silence, l'absence d’explication. Le terme « zen » signifie « ne rien faire ».

Le zen se rapproche des deux autres doctrines de John Cage - le bouddhisme (né en Inde au V°siècle AvJc.), qui est une philosophie en même temps que c'est une religion. Il a pour but de mener à l'état de « l’Éveil » (comme le zen), mais il réside aussi dans le juste de toute chose : la compréhension, la pensée, l'attention, la concentration, la parole, l'effort, le mode de vie, l'action.

Il y a également le Taoïsme (apparu en chine avec Lao-Tseu -non attesté-, Tchouang-Tseu est aussi un taoïste important) qui lui est fondé sur le fait que le Tao serait présent partout, dans tout être et dans toute chose. Il emprunte, comme le zen, la voie du « non-agir », il ne s'oppose pas à l'action, mais à l'intention de vouloir agir pour changer les choses, car cela nuirait au cours naturel de ces choses. Dans le taoïsme, l'être et l'esprit sont comparés à l'eau : ils sont aussi fluides et le repos leur permet de se purifier.

Les soixante-quatre hexagrammes du Yi-King

John Cage a fait très tôt appel au hasard. Il a commencé avec des compositions faites à l'aide de ''pile ou face'' ou encore, en pensant à Mallarmé et au lancé de dés. Plus tard, à partir de 1951, il ne cessera d’employer le « Yi-King », grâce à un de ses élèves, qui lui offre un ancien livre divinatoire Chinois : Le Yi-King (Yi Jing). Avec sa composition Music of Changes, dont le titre fait référence au « Book of Changes », ou « Livre des Transformations », traduction du célèbre recueil d'oracles de la Chine ancienne en deux volumes, John Cage inaugure et affirme une nouvelle forme de création. Le hasard du Yi-King reste très complexe mais il permet d'envisager le monde dans une évolution permanente et propose des possibilités d'agir ou de ne pas agir. Il nécessite une pensée particulière, que possédait John Cage, afin d'être compris.

Fasciné par cette découverte, John Cage va énormément s'en servir lors de la composition de sa musique, ainsi que pour l'ensemble de ses créations artistiques. Il développe donc cette méthode artistique qu'il appelle par la suite « les opérations du hasard ».

Commençons donc sans plus tarder avec notre première œuvre, qui nous permettra par la suite de mieux comprendre la philosophie Cagienne.

«  Je n'ai rien à dire

et c'est ce que je dis

et c'est de la

poésie

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