Etude Anthropologique Du Musée Dupuytren
Rapports de Stage : Etude Anthropologique Du Musée Dupuytren. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar annelaure • 10 Mars 2013 • 4 170 Mots (17 Pages) • 1 091 Vues
ETUDE ANTHROPOLOGIQUE DU MUSEE DUPUYTREN
I. Introduction.
La plupart des touristes qui visitent Paris ont en général un ou deux musées à leur programme, la majorité choisissant le musée du Louvre, le Centre Pompidou ou le musée d’Orsay.
Outre les trois musées majeurs mentionnés ci-dessus, certains, plus curieux ou plus élitistes complètent leur visite de la capitale par le réputé musée Picasso ou le récent musée du quai Branly. Les plus aventureux iront côtoyer des squelettes dans les souterrains des Catacombes de Paris.
Mais parmi ces assoiffés de culture, infiniment peu franchissent le portail du n°15 rue de l’École de Médecine pour découvrir les étonnantes collections du musée Dupuytren.
La visite y est pourtant passionnante, déroutante et intrigante, autant qu’elle révèle un riche patrimoine français en date du XIXe siècle, peu connu du grand public.
Au musée Dupuytren, sont visibles, squelettes, organes, fœtus et cires révélant de graves pathologies anatomiques. On se retrouve plongé dans un univers à la fois scientifique et fantastique, face à des corps humains monstrueusement déformés, atteints des plus grandes maladies du siècle précédent.
Les collections révèlent des pièces anatomiques illustrant aussi bien l'histoire de la médecine au XIXe siècle que l'histoire sociale et l'histoire des idées.
Plus qu'un musée des horreurs, de la souffrance et du malheur, de la maladie et de la difformité, le musée Dupuytren est une occasion d'interroger les limites de la beauté et de l'humain.
Une telle visite ne peut laisser indifférent…
Qui sont les rares visiteurs de ce lieu anodin et comment se déroule une visite au musée Dupuytren?
Comment perdure un tel musée à notre époque actuelle ?
Qui est le conservateur, le personnel de ces lieux et dans quelles conditions travaille-t-on au milieu d'organes baignant dans du formol depuis plusieurs siècles?
Enfin quelles sont les conditions d’expositions de corps humains décédés, et quel est l’avenir d’un tel musée ?
II.Présentation du lieu: Le musée Dupuytren.
Le Musée Dupuytren est un musée d'anatomie pathologique créé en 1835 par Mathieu Orfila et nommé en l’honneur de l’anatomiste et chirurgien français Guillaume Dupuytren.
Il se trouve à la Faculté de Médecine Paris-Descartes.
Ce musée traite d'un sujet peu commun: les pathologies anatomiques. Squelettes, moulages de cire et autres organes conservés dans des bocaux montrent ces malformations du corps, que l'on considéra pendant longtemps comme des monstruosités.
Actuellement, le musée réunit environ 6000 objets: cires, pièces osseuses et organes conservées en bocaux, ainsi que des photos diapositives, peintures, gravures et dessins, et quelques autres instruments dédiés à la pratique de l'anatomie pathologique. Certaines de ces pièces ont une valeur historique unique.
Si les cires sont les pièces dont la valeur historique et artistique est la plus grande, les pièces les plus nombreuses sont cependant des pièces osseuses, allant du squelette complet aux crânes ou aux fragments osseux.
Le plus spectaculaire et intriguant reste une importante collection d'organes et de fœtus malformés dans des bocaux.
La bibliothèque du musée Dupuytren possède la plupart des ouvrages du XVIIIe et XIXe siècle où il est question d’anatomie pathologique.
Aujourd’hui le musée ne recevant aucune subvention de la part de l’Université qui l’héberge et dont il dépend, ni de la Mairie de Paris ou d’un ministère, ses frais ne sont couverts qu’en partie par les 3000 entrées annuelles.
La survie du musée ne tient qu'à un fil.
III. De l'histoire à la naissance d'un musée exposant des organes d'êtres humains décédés.
1. La médecine du XIXe siècle.
Pendant la première moitié du XIXe siècle, l’école de Paris a régné sans conteste sur la médecine et constitué le pôle d’attraction du monde médical international. De nouvelles théories et pratiques voient alors le jour dans la capitale française.
La philosophie des Lumières avait créé un climat propice à un changement de méthode et à de nouvelles découvertes. On délaissa la théorie, pour comprendre le corps en se basant uniquement sur des faits.
Le médecin se devait d’examiner très attentivement le malade, et non se limiter à lui imposer des remèdes, anciennement élaborés, rattachés à des catégories de maladies.
Alors qu’auparavant les médecins pensaient que la mort ne pouvait rien apprendre sur le fonctionnement des organes vivants, ils découvraient que le secret des maladies résident dans le corps du malade décédé.
Ainsi, les différents organes de personnes décédées furent collectés, répertoriés, nommés et classés, afin d'étudier et de connaître l'essence même des maladies.
Un réseau de correspondance entre les hôpitaux était établi afin de réunir les observations.
Ce qui reste de ces organes sont aujourd'hui entreposés et mis en vitrine au musée Dupuytren.
2. La naissance d'un musée mettant à nu des organes humains.
L'instinct de collection semble presque aussi vieux que l'humanité elle-même et remonte en tout cas à la plus haute Antiquité.
Mais l'idée de faire profiter le public des agréments de cette réunion est infiniment plus moderne et s'inscrit particulièrement dans la tendance du XIXe siècle. En effet c'est durant cette période que vont fleurir les plus grands musées nationaux.
Le musée Dupuytren naît de la foi en la science et ses progrès, grandissant au milieu d’une compétition internationale acharnée en matière de collections.
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