Le Theatre
Commentaires Composés : Le Theatre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mervey • 19 Janvier 2014 • 1 043 Mots (5 Pages) • 663 Vues
Le théâtre est-il une représentation fidèle ou une vision déformée du monde ? Vous répondrez à la question de manière organisée et vos arguments seront illustrés par des exemples précis.
Il est difficile de s’interroger sur l’art sans poser la question de son rapport au monde. Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, Platon, puis Aristote, se sont demandé quels sont le fonctionnement de l’imitation en art et le fondement de sa légitimité. Platon condamne l’art, parce qu’il n’est qu’une copie du réel, et par là un mensonge qui éloigne l’homme du vrai. Aristote le défend au contraire, parce que l’imitation, dans l’art, plus que reproduction du réel, est révélation sur le monde, et permet ainsi la guérison de l’homme. Ce n’est sans doute pas un hasard si la réflexion sur l’art d’Aristote porte tout particulièrement sur le théâtre, auquel il a consacré un ouvrage, La Poétique. Le théâtre pose en effet de manière particulièrement cruciale la question de son rapport au monde : le théâtre est-il une représentation fidèle ou une vision déformée du monde ? Cet art a en effet, au sein de la littérature, la particularité de « représenter », c’est-à-dire de « rendre présent » par l’intermédiaire d’un « spectacle », qui place quelque chose sous un « regard », et propose de ce fait une « vision ». Les questions sont alors multiples : quelle est cette chose qui est rendue présente, montrée lors de la représentation ? Qui sont celui qui montre, celui qui regarde ? Quelle est en définitive la nature de ce regard, sa fonction, son effet ? Le théâtre entretient sans aucun doute un rapport privilégié avec le réel, qui est ce qui est représenté sur la scène. Mais cette représentation ne saurait avoir lieu sans le filtre que constitue le double regard de celui qui crée le spectacle et de celui qui y assiste. Ainsi l’art théâtral passe-t-il par une nécessaire déformation du réel, qui n’est peut-être que la tentative pour donner forme au monde, envisagé non comme objet mais comme devenir.
Le théâtre est en quelque sorte, plus encore que le roman où la poésie, le miroir du réel.
En effet, parmi les différents genres littéraires, et même parmi les différents arts, il est le seul à atteindre l’épaisseur physique, vivante du réel. Le roman est un objet, fait de pages reliées, destiné à la lecture silencieuse et individuelle : l’histoire ne s’y peut représenter que dans l’imagination, la rêverie du lecteur. La poésie est une voix, une musique, qui s’élève seule sans être mise en acte. Elle ne représente que de manière indirecte, elle figure le monde, et par là le transforme. Le théâtre au contraire n’existe que dans la représentation physique, dans l’incarnation des voix dans des corps en mouvement. Mieux encore : ces corps évoluent dans un décor, ils ont des vêtements, tiennent des objets, s’assoient sur des sièges, habitent un espace. Les dramaturges et metteurs en scène ont toujours prêté beaucoup d’attention au décor, aux accessoires, aux costumes, toutes choses réelles qui ancrent le spectacle dans le monde. Pour représenter le dernier acte du Songe d’une Nuit d’Eté de Shakespeare, il faut un « palais », celui de Thésée. On imagine également des sièges, dignes d’un roi et d’une reine le jour de leur mariage,
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