Lamartine et Sand

Après cinquante ans de régime autoritaire, la monarchie constitutionnelle s'écroule au printemps 1848. Les grands principes de la Révolution française - Liberté, Égalité, Fraternité - enflamment l'Europe entière. Pendant trois ans, la Deuxième République permet le rétablissement de la démocratie en France. Mais les adversaires de la République ne tardent pas à prendre le pas sur ses partisans, eux-mêmes divisés. L'essai d'un régime présidentiel, démuni de contrepoids et de solutions d'arbitrages, et l'élection à la présidence de la République de l'héritier des Bonaparte.

En février 1848, une révolution éclate à Paris suite à la restriction des libertés de réunion et

de la presse et du fait de la crise économique. La Monarchie de Juillet est renversé et le roi Louis Philippe Ier abdique et fuit en Angleterre. Un gouvernement provisoire est formé le 24 février 1848  :deux tendances y sont représentées :l’une modérée avec le poète Alphonse de Lamartine, anciennement légitimiste, l’autre plus radicale avec l’avocat Ledru-Rollin républicain radical conseillé par George Sand ou avec Louis Blanc et l’ouvrier Albert proche du socialisme.

En quoi Alphonse de Lamartine et Georges Sand sont-ils des acteurs politiques importants de la deuxième République ? Nous allons donc comparer les deux parcours politiques de ces deux écrivains en comparant dans un premier temps leurs idéaux, leur rôle politique et leurs échecs, puis dans un second temps, nous allons voir ce qui les rapproche et ce qui les sépare.

Pour commencer, nous pouvons parler du parcours politique de Lamartine. Ce fut un homme de lettres (en 1829, il est accepté à l’Académie Française), député monarchiste en 1833, Ministre des Affaires étrangères en 1848, puis chef du gouvernement provisoire, il fut également député au suffrage universel masculin en avril 1848 et en juillet 1849. Alphonse de Lamartine fut également un poète romantique (il a écrit Le lac en 1820). Alphonse de Lamartine a donc régi la France durant la crise sociétale. Cependant, il prône la souveraineté populaire, la démocratie, considérant le suffrage universel comme un cadeau, un privilège. Il a également tenu un discours, le 25 février 1848, alors qu’une foule d’insurgés exigent le drapeau rouge comme nouveau symbole nationale. Lamartine a refusé le drapeau rouge, et a su être convaincant, le drapeau bleu-blanc-rouge a donc été conservée. Alphonse de Lamartine se présente aux élections présidentielles, ayant malheureusement échoué, avec 0,3 % d’électeurs (21 032 personnes). Plusieurs caricatures de lui ont été faites, notamment une où l’on considère que ses discours sont bien trop technocratiques et incompréhensibles par le peuple. Cependant, nous pouvons déclarer que Lamartine est un républicain modéré puisqu’il prône l’égalité en droit et la souveraineté populaire garantie par le suffrage universel et soutient la constitution de novembre 1848 et l’élection du président au suffrage universel et balaie les critiques et les risques de despotisme.

Nous pouvons comparer le parcours de Lamartine avec celui d’un autre personnage, aussi bien au niveau politique que littéraire, George Sand. Il faut avant tout savoir que George Sand était une femme, Aurope Dupin de son vrai prénom et nom. En effet, elle débute sa carrière littéraire sous le nom d’un pseudonyme, et choque avec son prénom d’emprunt masculin. À la fin des années 1830, George Sand s'intéresse aux pensées socialistes et démocratiques  George Sand participe activement à la vie intellectuelle de son époque et accueille de nombreuses personnalités comme Franz Liszt, Marie d'Agoult, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert et Eugène Delacroix. Ce dernier va d'ailleurs faire plusieurs portraits d'elle. George Sand correspond également avec Victor Hugo, entretenant une grande amitié avec l'écrivain, bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés.  Elle quitte sa ville (Nohant) pour s’installer à Paris, durant la gouvernance provisoire. Elle rédige des bulletins d’information pour le gouvernement durant un mois, mais se retire de la vie politique, après sa déception pour le gouvernement conservateur de la deuxième République. Cependant, George Sand est un modèle pour les féministes qui la proposeront même comme candidate aux élections législatives mais choque aussi pour ses prises de positions politiques (républicaine proche des socialistes). Mais George Sand reste la cible des caricatures misogynes, comme si elle était une manipulatrice car elle influençait des hommes politiques. George Sand est au cœur de tensions multiples (entre républicains et socialistes, hommes et femmes, entre femmes …) mais fervente républicaine, elle salue l’avènement de la souveraineté populaire sans effusion de sang même si elle ne rejette pas la violence de la révolution. Elle se positionne du côté des ouvriers face aux bourgeois et aristocrates.

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