La fête à Belzébuth

Les craquements déchirent le silence. Des flammes rouge et jaune embrasent le noir de la nuit et lèchent la lune, roussie. Ce soir, la brousse est en feu. C’est la fête à Belzébuth.

À la lueur du brasier, nous nous rassemblons autour du sorcier au masque effrayant mi-homme mi-démon. Il gesticule dans une transe satanique qui excite les villageois.

On sort alors les djembés et le bruit des percussions se mélange aux craquements du feu rédempteur, aux cris du prêtre vaudou et aux chants des femmes.

La musique accélère et impose sa cadence démoniaque aux corps envoutés. On se met à sauter et à danser en tapant des pieds dans le sable clair. La poussière donne un halo rouge au brasier.

D’abord spectatrice, je suis à mon tour entrainée dans la ronde infernale. Les corps ébène luisent d’un éclat orangé sous la lune pleine. Ils brillent comme ton regard de braise, quand tu me prends par la main pour nous sauver, avant que les flammes de l’enfer ne nous consument.

Dans la case pastorale, tu m’allonges alors sous la moustiquaire aux allures de baldaquin immaculé. C’est au rythme endiablé des tambours que tu nous conduis au septième ciel.

Le Feu

COMMENT TE DIRE...

On a tant écrit sur l’amour,

Dit tant de choses,

En vers, en prose,

Côté jardin et côté cour,

Tant chanté sous tant de balcons

Les sérénades

Et les aubades,

En tous lieux, en toutes saisons,

On a tant brodé sur le thème

Amour vainqueur,

Amour en pleurs...

Comment te dire que je t’aime ?

Les mots ont été galvaudés,

Dits et redits

Et affadis,

Rafistolés, raccommodés,

Ils servent encore et encore,

Sans consistance

Et sans substance,

Toujours plus vains, toujours moins forts;

On a mis dans tous les poèmes

Et les romans

Tous les amants...

Comment te dire que je t’aime ?

Et si je offrais simplement

Trois fleurs sauvages

Et ce nuage

Cueilli pour toi au firmament ?

Si je t'apportais en cadeau

Ce rai de lune

Là, sur la dune,

Avant que naisse un jour nouveau ?

Si tous les violons de Bohême,

...