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Le Surréalisme

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Par   •  18 Novembre 2012  •  2 350 Mots (10 Pages)  •  921 Vues

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Origine et histoire du mouvement[modifier]

Dans le courant du xixe siècle, le « super naturalisme » de Gérard de Nerval, le « surnaturalisme » d'Emmanuel Swedenborg et aussi le symbolisme de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul (dont les rêves annoncent l'écriture automatique) et d'Hoffmann peuvent être considérés comme des mouvements précurseurs du surréalisme. Plus proches, les œuvres littéraires d'Alfred Jarry, d'Arthur Rimbaud et de Lautréamont, et picturales de Gustave Moreau et Odilon Redon sont les sources séminales dans lesquelles puiseront les premiers surréalistes (Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, Pierre Reverdy). Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme.

Le surréalisme est issu essentielement du dadaïsme, un mouvement créé en 1916 par des écrivains et artistes réunis autour de Tristan Tzara. En réaction à l'horreur et à l'absurdité de la Première Guerre mondiale, Dada veut rompre totalement avec les valeurs morales et les codes « bourgeois » de l'époque. C'est un mouvement de remise en question radicale du monde tel qu'il est, qui compte distordre l'ordre établi et le langage. Le mot « dada » est d'ailleurs un mot choisi au hasard dans le dictionnaire. Dada, absolu dans sa dénonciation, ne survit pas à une querelle relative à l'engagement suscitée par la Révolution soviétique et le risque d'une nouvelle guerre, et en 1924 naît le surréalisme avec la publication du premier "Manifeste du surréalisme" d'André Breton, soucieux d'agir sur la société, sinon l'individu, sans tomber dans l'embrigadement.

Cette aventure (« une attitude inexorable de sédition et de défi ») passe par l'appropriation de la pensée du poète Arthur Rimbaud (« changer la vie »), de celle du philosophe Karl Marx (« transformer le monde ») et des recherches de Sigmund Freud2 : Breton s'est passionné pour les idées de Freud3qu'il a découvertes dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard en 19174. Il en a retiré la conviction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, et d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil (voir en particulier l'écriture automatique). Dans l'esprit de Breton, l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de l'union du réel et l'imaginaire : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. »

En 1966, la mort du poète et chef de file va entraîner la fin du surréalisme; trois ans plus tard, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien le Monde, l’acte de décès du mouvement. Le groupe n'est certes plus, mais « l'idée » surréaliste perdure aujourd'hui encore. »5

Origine du mot[modifier]

Sculpture de Giorgio de Chirico, Ettore e Andromaca

Le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait être un visionnaire, se mettre en état de percevoir la face cachée des choses, une autre réalité. C'est en poursuivant les tentatives de Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part à la recherche de cette réalité invisible et mystérieuse.

Le substantif « surréalisme » apparaît pour la première fois en mars 1917 dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. » C'est le poète Pierre Albert-Birot qui suggèra à Apollinaire de sous-titrer la pièce que celui ci était en train d'achever, Les Mamelles de Tirésias, « drame surréaliste » plutôt que « surnaturaliste »6.

Le concept est divulgué par la plaquette de présentation qu'Apollinaire est chargé par Serge Diaghilev de rédiger pour la première de Parade, ballet réaliste en un tableau le 18 mai 1917 au théâtre du Châtelet à Paris. Du spectacle total conçu par Jean Cocteau conjugant « le premier orchestre d'Erik Satie, le premier décor de Pablo Picasso, les premières chorégraphies cubiste de Léonide Massine, et le premier essai pour un poète de s'exprimer sans paroles » où « la collaboration a été si étroite que le rôle de chacun épouse celui de l'autre sans empiéter sur lui »7, il explique:

« De cette alliance nouvelle, (...) il est résulté dans Parade, une sorte de sur-réalisme où je vois le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui, trouvant aujourd'hui l'occasion de se montrer, ne manquera pas de séduire l'élite et se promet de modifier de fond en comble les arts et les moeurs dans l'allégresse universelle, car le bon sens veut qu'ils soient au moins à la hauteur des progrès scientifiques et industriels. Jean Cocteau appelle un ballet réaliste. Les décors et les costumes cubistes de Picasso témoignent du réalisme de son art. Ce réalisme, ou ce cubisme, comme on voudra, est ce qui a le plus profondément agité les arts durant les dix dernières années »

— G. Apollinaire, Parade et l'esprit nouveau, in Programme des Ballets russes, Paris, mai 19178.

Ainsi Apollinaire entend théoriser le sursaut poétique provoqué par la Première guerre mondiale9 par lequel Jean Cocteau, comme quatre ans plus tard dans le spectacle des Mariés de la Tour Eiffel, dédouble la représentation « réaliste » du quotidien bourgeois du spectateur par celle de la fantaisie inhumaine10 et rêvée de personnages-machines. Dans ce manifeste se trouve déjà tout ce que ses détracteurs trouveront à reprocher au suréalisme : rupture avec tout traditionnalisme, élitisme, modernité, c'est-à-dire progrès scientifique et, à l'instar des futuristes, industrialisme.

Dans une chronique de mai 1917 consacrée au même ballet, Apollinaire, admiratif des décors créés par Picasso, revient sur le concept d'« [...] une sorte de « sur-réalisme » où [il] voit le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui [...] se promet de modifier de fond en comble

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