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Le nouveau D-Jourdain, d-Jourdain, Nicole

Commentaire de texte : Le nouveau D-Jourdain, d-Jourdain, Nicole. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2015  •  Commentaire de texte  •  375 Mots (2 Pages)  •  941 Vues

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Mme Jourdain, M. Jourdain, Nicole

Mme Jourdain. – Ah, ah ! voici une nouvelle histoire. Qu’est-ce que c’est donc, mon mari, que cet équipage-là1 ? Vous moquez-vous du monde, de vous être fait enharnacher de la sorte ? et avez-vous envie qu’on se raille partout de vous ?

M. Jourdain. – Il n’y a que des sots et des sottes, ma femme, qui se railleront de moi.

Mme Jourdain. – Vraiment on n’a pas attendu jusqu’à cette heure, et il y a longtemps que vos façons de faire donnent à rire à tout le monde.

M. Jourdain. – Qui est donc tout ce monde-là, s’il vous plaît ?

Mme Jourdain. – Tout ce monde-là est un monde qui a raison, et qui est plus sage que vous. Pour moi, je suis scandalisée de la vie que vous menez. Je ne sais plus ce que c’est que notre maison : on dirait qu’il est céans2 carême-prenant3 tous les jours ; et, dès le matin, de peur d’y manquer, on y entend des vacarmes de violons et de chanteurs, dont tout le voisinage se trouve incommodé.

Nicole. – Madame parle bien. Je ne saurais plus voir mon ménage propre ; avec cet attirail de gens que vous faites venir chez vous. Ils ont des pieds qui vont chercher de la boue dans tous les quartiers de la ville, pour l’apporter ici ; et la pauvre Françoise est presque sur les dents, à frotter les planchers que vos biaux4 maîtres viennent crotter régulièrement tous les jours.

M. Jourdain. – Ouais, notre servante Nicole, vous avez le caquet bien affilé pour une paysanne.

Mme Jourdain. – Nicole a raison, et son sens est meilleur que le vôtre. Je voudrais bien savoir ce que vous pensez faire d’un maître à danser à l’âge que vous avez.

Nicole. – Et d’un grand maître tireur d’armes, qui vient, avec ses battements de pied, ébranler toute la maison, et nous déraciner tous les carriaux de notre salle ?

M. Jourdain. – Taisez-vous, ma servante, et ma femme.

Mme Jourdain. – Est-ce que vous voulez apprendre à danser pour quand vous n’aurez plus de jambes ?

Nicole. – Est-ce que vous avez envie de tuer quelqu’un ?

M. Jourdain. – Taisez-vous, vous dis-je : vous êtes des ignorantes l’une et l’autre, et vous ne savez pas les prérogatives5 de tout cela.

[…]

Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte III, scène 3, 1670.

1. Tenue vestimentaire.

2. Dans cette maison.

3. Carnaval.

4. Patois pour « beaux », comme « carriaux » pour carreaux.

5. Avantages.

...

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