La notion de réalité dans l'art
Commentaire de texte : La notion de réalité dans l'art. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eugenie.nogris • 25 Janvier 2015 • Commentaire de texte • 1 171 Mots (5 Pages) • 901 Vues
Dans le cadre de notre séquence sur l’initiation à la production du texte de dissertation, il nous a été demandé de construire une réflexion personnelle portant sur la notion de réel dans l’Art à savoir si l’Art justement, et plus particulièrement les œuvres réalistes peuvent constituer le reflet exact de la réalité. Ainsi, les limites de la communication au travers d’une œuvre transformeraient-elles cette notion en une vaste illusion? Cette impression de vrai en façade de la diégèse d’une œuvre se voulant réaliste ne serait donc qu’un trompe-l’œil? C’est au terme de cette réflexion que je vais tenter de démontrer pourquoi retranscrire fidèlement la réalité est à mon sens presque infaisable, du moins à un niveau artistique. Pour ce faire, nous aborderons différents points tels que les limites sémantiques de notre langue, la question de la transposition du réel ou encore celle de son interprétation chez chacun.
Tout d’abord, les mots possèdent, au même titre que les arts picturaux, leurs limites. Il est tout un tas d’éléments qui relèvent de l’invisible et de l’indicible. Nicolas Boileau écrit dans L’Art poétique :
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
Or comment bien concevoir des concepts aussi immatériels que les ressentis des Hommes, surtout compte tenu de leur variété et de leur complexité? Ainsi, malgré toute la richesse et la diversité de la langue française, de même que tous les efforts fournis par les artistes afin de conférer à leurs œuvres le pouvoir d’être un outil de retranscription parfaite de ce qu’ils éprouvent, il est selon moi extrêmement compliqué voire presque impossible de parvenir à dépeindre des sensations et des émotions de manière scrupuleusement identique à la réalité sentimentale de l’artiste. L’auteur romantique Chateaubriand traite d’ailleurs de cette question dans son œuvre René :
« Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives, que j’éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert : on en jouit mais on ne peut les peindre. »
La limite de la description nous empêche donc de restituer la complexité des sentiments que l’ont peut éprouver et quand bien même le fait que ces derniers seraient couchés sur papier avec talent et minutie, ils n’en restent pas moins propres à tout un chacun ce qui signifie que chaque personne aura une façon bien à elle de les percevoir.
En deuxième lieu, l’Art se trouve être selon moi une (re)construction du réel mais ne constitue en aucun cas un travail de retranscription de ce dernier. L’Art permet à qui le pratique d’échafauder une réalité de manière créative et personnelle en transformant à volonté, en évinçant ou au contraire en mettant en évidence tout ce que peut potentiellement contenir une œuvre. C’est également ce que soutient Maupassant dans sa préface de Pierre et Jean:
« La vie encore laisse tout au même plan, précipite les faits ou les traîne indéfiniment. L’Art, au contraire, consiste à user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière, par la seule adresse de la composition, les événements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité
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