Socialisation au travail
Dissertation : Socialisation au travail. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar paulroumengou32 • 13 Mai 2021 • Dissertation • 2 538 Mots (11 Pages) • 944 Vues
« J'ai travaillé pendant huit ans pour une banque américaine à Londres. J'ai eu beaucoup d'amis parmi mes collègues. […] Et puis j'ai été licencié. J’ai soudainement réalisé qu'ils n'étaient finalement pas mes amis. Les personnes que je pensais proches de moi ne m'ont même pas contacté pour dire qu'elles étaient désolées, pas même par SMS. » Ce témoignage nous montre à la fois l’importance et la défaillance de la socialisation au travail. Nous allons maintenant nous interroger sur le rôle du travail en France comme instance de socialisation et d’intégration sociale. Rappelons tout d’abord ce qu’est le travail : c’est une activité humaine rémunérée qui s’exerce dans le cadre d’un emploi. Le travail est donc différent de l’emploi. Nous pouvons aussi rappeler que la socialisation est un processus d’apprentissage au cours duquel un individu intériorise les normes et les valeurs de sa société afin de s’y intégrer. Cette socialisation se divise en deux parties : socialisation primaire et socialisation secondaire, et le travail est une des instances importantes de la socialisation secondaire. Pour étudier le rôle du travail au niveau de la socialisation dans notre société, nous allons voir que le travail, dans la société française contemporaine, est une instance importante de socialisation et d’intégration sociale, puis nous verrons que de nos jours le travail rencontre des difficultés à assurer son rôle socialisateur et intégrateur pour tous les individus.
Dans un premier temps nous allons donc voir en quoi le travail, dans la société française actuelle, est une instance importante de socialisation et d’intégration sociale. Tout d’abord, le travail est important pour la socialisation des individus car il permet d’acquérir de l’argent et des savoirs. En effet avoir un travail signifie avoir un salaire, ce qui permet au salarié de pouvoir consommer et subvenir à ses besoins, et donc d’appartenir à la société. Le travail permet aussi d’acquérir des savoirs, de l’expérience et des connaissances. De plus le travail est une instance importante de socialisation et d’intégration sociale car elle permet aux individus de se sentir utiles à la société, en effet quand on a un travail on a un sentiment d’appartenance vis-à-vis de l’entreprise dans laquelle on travaille, qui est elle même un format réduit de la société et qui participe au bon fonctionnement de la société française. De ce fait chaque travailleur est nécessaire pour que la société fonctionne, ce qui peut donner aux gens l’impression qu’ils sont utiles à la société. Cela peut provoquer une forme d’épanouissement chez les travailleurs, en sachant qu’ils sont utiles à la société ils savent qu’ils ne travaillent pas pour rien. Le travail peut aussi donner un sentiment d’appartenance à la société car il permet aux salariés de payer leurs impôts, ce qui est un des devoirs du citoyen français. Être en capacité de payer ses impôts permet aux travailleurs de se prouver qu’ils sont bel et bien des citoyens français car ils remplissent leurs devoirs. Avoir un travail permet d’autant plus aux salariés de se sentir citoyen car cela leurs apporte des droits, comme par exemple le droit à la retraite ou le droit aux allocations chômage. En plus du fait qu’il permet de se sentir citoyen, le travail permet donc de sécuriser son futur : si on perd son travail, on a droit au chômage, et si on part en retraite on a droit à la pension de retraite. Enfin, le travail est une instance très importante de socialisation et d’intégration sociale dans la société française car il apporte ce qu’il y a de plus important dans la socialisation : rencontrer des gens. En effet, c’est au travail que l’on rencontre la plupart de nos amis, comme à l’adolescence où c’est dans notre lieu de scolarisation que l’on rencontre nos amis. Le travail est primordial pour la sociabilité, il permet, en plus de voir ses amis, d’avoir des contacts avec des clients ce qui permet de rencontrer des personnes extérieures au centre d’amis habituel des travailleurs, et donc d’élargir sa sociabilité. Le travail est aussi le lieu où beaucoup de personnes rencontrent leur conjoint, ce qui correspond au principe de l’homogamie qui signifie que les gens se mettent en couple avec une personne socialement identique. Le lieu de travail est le meilleur endroit pour trouver quelqu’un qui nous correspond socialement parlant, en effet les gens qui travaillent ensemble ont généralement fait le même type d’études, ils ont donc des centres d’intérêts souvent similaires. Nous pouvons aussi dire que le travail est une instance importante de socialisation car il rend généralement les gens heureux : d’après un sondage, 76,4 % des français aiment leur travail, 70,5 % des français disent qu’au travail, ils rigolent, 57,5 % des français prennent du plaisir au travail (ce pourcentage est peut-être lié au fait que beaucoup de travailleurs ont leur conjoint au travail, mais on ne va pas s’attarder sur ce sujet). Aussi, plus de la moitié des français sont fiers de ce qu’ils font et trouvent que leur travail les enrichit, et prêt de la moitié sont satisfait de leur parcours professionnel. Ces statistiques montrent que, pour la plupart, les français sont satisfait par leur travail et sont heureux au travail. Cela montre bien que le travail est important pour la socialisation car, si ils sont heureux, c’est qu’ils ont des amis sur leur lieu de travail. Cette affirmation se confirme par le fait que 70,5 % des français ont répondus qu’ils rigolent au travail : pour rigoler il est nécessaire d’avoir des amis, ils en ont donc bien sur leur lieu de travail. Le fait que la plupart des français aiment leur travail et y prennent du plaisir est positif pour la société française, en effet si on aime son travail il sera certainement mieux fait que si on le fait par obligation. De plus, 26,4 % des français disent que leur travail les maintiens en forme, ce qui est vrai que pour certains métier mais qui peut être très important pour certaines personnes. Le travail permet aussi de donner une bonne santé mentale en permettant aux travailleurs de voir des gens et de faire quelque chose de leurs journées. Nous pouvons donc dire que le travail est, dans la société française, une instance importante de socialisation et d’intégration sociale, car il permet d’avoir un sentiment d’appartenance et de se sentir utile à la société, de rencontrer des gens, d’acquérir de l’argent et des connaissances et de se maintenir en forme, physiquement et mentalement.
Dans un second temps, nous allons vois que de nos jours, le travail rencontre des difficultés à assurer son rôle socialisateur et intégrateur pour tous les individus. Tout d’abord nous pouvons dire que de nos jours de plus en plus de gens n’ont pas d’emploi. En effet depuis 2008 le nombre de chômeurs en France est passé de 2 millions au premier trimestre de 2008 à presque 3,5 millions au premier trimestre de 2019. On peut donc constater une augmentation de 1,5 million sur une période de 11 ans. Ce nombre croissant de chômeurs en France est inquiétant pour la socialisation et l’intégration sociale de ces individus qui n’ont pas d’emploi. En effet, ne pas avoir de travail signifie ne pas avoir de salaire, ce qui peut provoquer des difficultés à subvenir à ses besoins. Ne pas avoir de travail signifie aussi ne pas avoir de droits sociaux, c’est-à-dire pas d’allocations chômages et pas de droit à la retraite. De plus les gens qui n’ont pas de travail ont souvent moins de relations sociales, car comme nous l’avons déjà dit c’est sur notre lieu de travail que l’on rencontre beaucoup de nos amis. Comme le dit la journaliste en recherche d’emploi Nathalie Chalard, les personnes sans emploi se retrouvent souvent mis à l’écart de la société : « comme si, tout à coup, nous, les privés d’emplois, n’existions pas, comme si nous n’étions plus rien dans cette société ». En plus de se sentiment de mise à l’écart par rapport aux salariés, les sans emplois peuvent parfois avoir une image de quelqu’un qui ne fait rien, qui est tout le temps en vacances. La journaliste dément ce préjugé : « Non, je ne profite pas du système et mes indemnités ne me permettent pas de partir en vacances dans les îles. […] Ce qui compte pour moi c’est de trouver un emploi ». Le fait que de plus en plus de gens n’aient pas d’emploi est donc bien une difficulté pour leur socialisation et leur intégration à la société, car ils n’ont pas accès aux droits sociaux, ils n’ont pas de quoi subvenir à leurs besoins et car ils sont mis à l’écart de la société. Cette exclusion de la société s’explique par une exclusion du mode de production liée au chômage, une exclusion du mode de consommation liée à la pauvreté et une perte des liens sociaux liée à l’absence de travail. Dans certains cas, même quand les personnes ont un travail, ce travail peut avoir des difficultés à exercer son rôle de socialisateur et d’intégrateur à la société. C’est la cas pour des emplois où les conditions de travail sont difficiles, ou pour des emplois précaire. Pour les emplois où les conditions sont difficiles, Bruno Flacher dit que certaines personnes « subissent une usure physique et des atteintes à leur santé ». Cela peut être synonyme d’exclusion de la société car, même si ils sont salariés, leurs problèmes de santé liés au travail touchent non seulement leur travail : leur travail pourrait être moins bien fait ou réalisé moins rapidement car ils ont de trop grave problèmes de santé, et ils touchent aussi leur vie privée : ils ne pourront plus en profiter pleinement à cause de leur problèmes de santé. Certaines personnes seront même forcées d’arrêter de travailler, car leur travail les a trop usés physiquement, ce qui fait qu’ils ne sont plus en capacité de travailler. Des conditions de travail trop difficiles peuvent donc atteindre la socialisation des individus. Mais un emploi précaire peut aussi le faire. Depuis quelques années, on peut constater en France une hausse de la précarité, c’est-à-dire que de plus en plus de personnes ont un emploi qui est instable ou mal rémunéré. En effet, en 2017 la part de CDD (contrat à durée déterminée) a atteint son plus haut niveau depuis 1982 (15,4%). L’augmentation des CDD entraîne une instabilité pour les employés : la durée de l’emploi est plus courte, et les employés n’ont aucune garanties d’être renouvelé au terme de leur contrat. Si l’employeur décide de ne pas le renouveler, l’employé part sans indemnités et doit redémarrer sa recherche d’emploi. Cette précarité professionnelle grandissante est un obstacle à la socialisation et à l’intégration à la société qui sont normalement liées au travail car les employés en CDD n’ayant aucune garantie d’avoir encore un travail quelques mois plus tard, ils sont constamment sous pression et ne sont donc pas dans de bonnes conditions de travail, ni de vie. Il ne peuvent pas s’installer durablement dans leur travail car leur contrat est de courte durée, ce qui ne favorise pas le développement de liens sociaux avec leurs collègues. D’autres phénomènes peuvent faire que, même si les gens ont un emploi, ils ne parviennent pas à s’intégrer à la société. Il y a par exemple le déclassement social. Le déclassement social c’est lorsque qu’une personne, qui exerce le même métier que son père ou que sa mère, est moins bien payée que ce dernier, et cela malgré des études plus poussées et une meilleure qualification. Le sentiment de déclassement social peut aussi être une entrave à la socialisation des travailleurs, en effet les employés atteint de ce sentiment ne se sentent pas reconnus à leur juste valeur, leur travail et leurs études ne sont pas valorisés, ils peuvent avoir le sentiment que leur qualification et leurs années d’études ne les aide pas car leurs parents, avec une qualification plus faible, étaient mieux rémunérés. Enfin, deux autres phénomènes peuvent aussi entraver la socialisation par le travail. Tout d’abord il y a le « burn-out ». Ces « burn-out » sont de plus en plus fréquents chez les travailleurs, et cela s’explique par le fait que de nos jours, la charge de travail est de plus en plus importante, et bien souvent le salaire ne suit pas cette augmentation. De plus, avec les technologies de notre époque les employés ne sont jamais coupés de leur travail, ils n’ont jamais de véritable repos. En effet ils peuvent à toute heure recevoir des mails concernant leur travail. Cela est d’autant plus vrai en ce moment, avec la présence massive du télé-travail qui rend encore plus floue la frontière entre travail et vie privée. L’autre phénomène pouvant rendre difficile la socialisation et l’intégration à la société par le travail est le « bore-out ». C’est le total contraire du « burn-out ». Ce phénomène se caractérise par l’ennui, il touche les employés qui sont désœuvrés et qui s’ennuient au travail. C’est le cas de Sylvie, qui comme elle le dit est passée « Du trop-plein au trop peu ». Son premier directeur « travaillait comme une bête » et lui donnait donc à elle même beaucoup de travail, alors que son remplaçant « ne faisait rien ». Le travail de Sylvie dépendant directement de celui de son supérieur, elle tombe alors « dans une inactivité quasi-totale ». Et pourtant, elle devait « faire croire à tout le monde [qu’elle avait] du boulot ». Ce phénomène de « bore-out » est de plus en plus fréquent et atteint fortement la sociabilité et la vie privée des salariés touchés. En effet comme le dit Sylvie, il donne « une très mauvaise estime de [soi], à être payée à ne rien foutre ». Elle souligne aussi le fait que faire semblant de travailler « épuise nerveusement ». Nous pouvons donc dire que de nos jours, le travail rencontre des difficultés à assurer son rôle socialisateur et intégrateur car de plus en plus de gens n’ont pas d’emplois, ou ont des emplois où les conditions sont difficiles ou des emplois précaires.
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