Denis Diderot, Le neveu de Rameau
Commentaire de texte : Denis Diderot, Le neveu de Rameau. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar leptitigre • 1 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 992 Mots (4 Pages) • 1 433 Vues
Denis Diderot semble rassembler tous les moyens bons pour argumenter : le type explicatif, avec l’Encyclopédie, mais aussi le genre narratif avec le Supplément au voyage de Bougainville ou encore le dialogue avec le Neveu de Rameau, dont nous avons ici un extrait situé en milieu d’œuvre. Le neveu de Rameau commencé en 1762 et souvent remis en chantier jusqu’en 1772 est un texte inclassable du siècle des lumières, qui est à la fois dialogue philosophique et satire. L’extrait proposé met en scène deux protagonistes, d’une part le Neveu de Rameau (Lui), personnage ayant réellement existé, d’autre part le philosophe (Moi) ou peut être Diderot lui-même. Chacun propose sa conception de la vie, mais ces deux conceptions sont-elles aussi opposées qu’il n’y parait ? Nous allons nous pencher sur la conception du bonheur en commençant par l’aspect du dialogue argumentatif puis sur la conception du bonheur selon ces 2 personnages.
On remarque vite que dans ce dialogue un procédé argumentatif se met rapidement en place. Son objectif semble clairement identifiable : dégager d’un dialogue polémique, la meilleure façon d’accéder au bonheur. Pour cela, certains procédés sont mis en place par le narrateur. L’échange se veut délibératif, Diderot distribue donc la parole entre deux personnages opposant leurs points de vue. La forme théâtrale permet un échange de répliques et indique même clairement qui a le dessus dans le débat : MOI a le droit à une longue tirade et clôture la discussion, il est donc celui qui domine la parole. Contrairement à MOI, LUI n’as qu’une petite tirade en début de texte, puis manque d’argument et donc s’exprime par petites phrase. Dans la première partie du dialogue, MOI pose des questions, qui montre son indignation et poussent LUI à développer davantage ses idées. De cette façon le philosophe rappel les valeurs de la société et de la vertu « Veiller à l’éducation de ses enfants ? ». LUI répond en niant tout ce qui fait les valeurs de la société « C’est l’affaire d’un précepteur ». Le Neveu fait une utilisation anaphorique du terme ‘’Vanité’’, et pose des questions rhétoriques pour contester les arguments du philosophe « Vanité, il n’y a plus de patrie ? […] Vanité, est-ce qu’on a des amis ? ». L’idéologie du Neveu et du philosophe se lient autour des affirmations de l'un et des contradictions de l'autre. Mais tout en s'opposant sur les mots. Nous trouvons ainsi pour LUI le champs lexical de la royauté : « cour […] opulents […] patrie et tyrans » et pour MOI le champs lexical de la vertu : « âme […] les devoirs de mon état » Chacun reste sur ses idées. Le dialogue s'équilibre donc, chacun ayant gardé sa position initiale. Le dialogue développe donc le but d'amener le lecteur à se faire une opinion.
La conception du bonheur qu’a le neveu est très restreinte, en effet c’est une personne imbue d’elle-même, qui juge sans arrêt les gens. Pour lui le bonheur se résume aux plaisirs et non aux devoirs, c’est une façon de penser très individualiste et matérialiste. Le champ lexical du plaisir et le chiasme présent dans l’énumération L11 montre le refus de toute valeurs « Tenez, vive la philosophie ; vive la sagesse de Salomon : boire de bon vin, se gorger de mets délicats, se rouler sur de jolies femmes, se reposer dans des lits bien mollets […] ». Il semble faire partie d’une classe sociale plutôt aisée « Qu’importe qu’on ait un état ou non ; pourvu qu’on soit riche […] » et défend donc un idéal de luxe et de richesse et remet en cause la chrétienté. Son égoïsme se remarque à la construction même de ses phrases, elles sont courtes et contiennent en générale la première personne du singulier. Mais aussi grâce à la gradation L21 « à la jalousie, au trouble, à la persécution » et à la généralisation qu’il utilise pour parler de son avis (on, nous) qu’il n’accompagne de points d’exclamations et d’infinitif pour créer une provocation verbale. Le Neveu est donc le libertin, parfait du XVIIIème siècle, il satisfait ses envies selon son bon vouloir et n’a aucune peine à faire souffrir les autres pour cela.
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