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Qu'est-ce que penser librement?

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Par   •  15 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 476 Mots (6 Pages)  •  4 314 Vues

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BREGEON

Nicolas

T es 2

Philosophie

Dissertation

Sujet : Qu’est-ce que penser librement ?

      Avec cette célèbre phrase « Je pense, donc je suis » extraite de son Discours de la Méthode, Descartes nous fait prendre conscience que s’il est une certitude, une chose dont l’homme ne peut s’abstraire , c’est bien celle-ci : il pense. Comme ça parait simple, évident, bien sûr que je pense ! Et bien sûr que cela me distingue et fait de moi non seulement un être vivant mais surtout un être humain doué de raison. Penser est mon exception, mon privilège d’être humain, mon droit, ma liberté.        

Mais si je suis sûr de penser, que ma pensée n’appartient qu’à moi, suis-je sûr pour autant de penser librement ? Car enfin, qu’est-ce que penser librement ? Est-ce penser sans contraintes, penser ce que l’on veut ? Rien ne va-il entraver cette merveilleuse et unique faculté qu’est la mienne ?  

Je pense, je suis libre entièrement de penser, mais est-ce que je pense librement et puis-je réellement le faire ?

      Avant tout, qu’est-ce que la pensée ?      

  La pensée est l’essence même de la nature de l’Homme, elle y trouve sa source et elle est une de ses facultés inaliénables. S’il y a une chose que nul ne peut interdire, que nul ne peut empêcher, c’est bien de penser. La pensée est du domaine de la conscience intérieure, conscience qui ne peut en aucun cas être accessible à autrui. Comme le pense Spinoza dans son Traité théologico politique : " il ne peut se faire que l'âme d'un homme appartienne entièrement à un autre ; personne en effet ne peut transférer à un autre, ni être contraint d'abandonner son droit naturel ou sa faculté de faire de sa raison un libre usage et de juger de toutes choses.", il semble clair ici qu’aucun homme ni aucune institution ne puisse imposer une pensée comme l’on peut imposer un acte ou une parole. On peut d’ailleurs citer comme exemple l’histoire de Galilée : bien qu’il pensait intérieurement que la Terre tournait autour du soleil, l’Eglise l’a forcé à exprimer publiquement qu’elle était le centre de l’univers.  De ce fait, la pensée est une liberté que chacun peut s’octroyer dans n’importe quelles circonstances ; si une société nous indique la voie à suivre et nous interdit d’aller à l’encontre de ses choix, on pourra toujours penser intérieurement le contraire. La pensée est totalement personnelle et inaccessible à l’autre, moi seul sais ce que je pense et nul n'y peut rien. Spinoza parle ainsi de droit naturel ; plus qu’un droit, la pensée est quelque chose dont on ne peut se défaire, elle est omniprésente et rien ne peut nous l’enlever, même si on le désirait.

Cependant, si la pensée  est une faculté que nous avons tous, comment l’exerce t-on ? Penser librement signifie-t-il tout simplement penser sans contraintes,  penser à sa guise  ce que l’on veut ? 

 

  On s'aperçoit que ce droit naturel de penser ce qu'on veut ne constitue pas néanmoins  le droit de penser n'importe quoi ni de penser ce qui nous plaît à notre fantaisie et en toute liberté. Penser librement admet donc qu’on se fixe certaines limites, notamment morales et logiques.

En effet, ai-je le droit de penser ou de vouloir du mal aux autres ?  C’est pourtant un droit qu’on ne peut m’enlever et qui ne peut être condamnable, si ce n’est par ma conscience ou par ma morale. Tout le monde a déjà rejeté souvent une idée qui lui semblait indigne en se disant intérieurement : « je n’ai pas le droit de penser cela… » D’ailleurs, la tradition chrétienne considère que les intentions immorales, même si elles ne se transforment pas en action, sont déjà des péchés. Désirer le mal, c'est déjà être dans le mal. Mais l'athée aussi peut avoir des pensées qu'il rejettera comme indignes sous peine de perdre l'estime de soi.

Dans un autre registre, est-ce légitime de penser des choses illogiques ? Puis-je penser vrai ce que je sais pertinemment faux ? Ce serait se mentir à soi-même, ce serait de la mauvaise foi que de suivre cette voie. Il n'existe pas de liberté sans raison et il me faut donc, pour être libre de penser, suivre les lois de la raison. Admettre n'importe quoi, au hasard, ce n'est plus du tout penser. Penser librement, c'est aussi penser le plus justement possible.

Nous avons défini dans la première partie ce qu’était « penser » : une chose que personne ne pouvait empêcher. Cependant, on peut empêcher la pensée de s’exprimer ; et donc, serait-ce  cela  penser librement : exprimer sa pensée ?

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