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Peut on tout dire?

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Par   •  20 Novembre 2021  •  Dissertation  •  3 102 Mots (13 Pages)  •  777 Vues

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PHILO

        Le langage au sens strict est une institution universelle et spécifique, qui comme dit Rousseau « distingue l’homme entre les animaux ». Pourtant, le langage n’est pas seulement un système de signes servant à communiquer les pensées, c’est aussi une activité sociale mettant ainsi en valeur une autre dimension du langage. Ces multiples fonctions langagières comportent leurs propres règles et grammaires spécifiques. Chacun a sa propre manière de raconter et d’interpréter. Il faut tout de même se fixer quelques conditions : comme celui d’éliminer les détails insignifiants pour en mettre d’autres en valeurs et ainsi raconter dans un rythme vivant et intriguant. Si le récit est restreint par des contraintes, est-il alors possible de tout dire ?

Outre ces contraintes du réel, on peut s’attendre à rencontrer un problème lorsque l’on expose ses idées. Vais-je être compris ? Comment garder l’attention de mon public? Ne vont-ils pas comprendre l’inverse de ce que j’explique ? Dire les choses est une merveilleuse capacité humaine. Le langage permet en effet de nous exprimer librement sur quelque sujet que ce soit.

Cependant, au-delà de cette liberté de penser qui reste intérieure, elle n’a pas forcement le droit d’être extériorisée. Elle peut s’avérer être dangereuse pour nous et autrui. Il convient donc de s’interroger sur les limites de ce principe et sur notre connaissances des conséquences de ces limites.

        Ainsi, qu’est-ce que « peut-on tout dire ? » signifie : en a-t-on la capacité et en a-t-on le droit ? N’a ton pas des limites à respecter ?

        Tout d’abord nous démontrerons que grâce au langage il est possible de dire beaucoup de chose, notamment traduire nos pensées, même si il reste difficile de s’exprimer dans certains cas. Puis, nous verrons que nous avons le droit de nous exprimer librement seulement sous certaines conditions car les conséquences de nos paroles peuvent être néfastes.

        Il en va de notre liberté d’expression mais aussi de notre responsabilité et de nos actes au sein de la société.

        Le langage nous permet de pratiquement tout dire, car il nous donne la possibilité d’exprimer des pensées d’abord imprécises et abstraites puis abouties et réfléchies. Ainsi, avec une cinquantaine de sons et de signes associés, chaque langue peut effectuer de multiples associations permettant de se faire comprendre. Ce fonctionnement rend possible la constitution de récits et d’énoncés à partir d’un nombre d’éléments réduits, d’où la richesse et la flexibilité du langage. Selon Saussure, la langue est un système comparable au jeu d’échec : un assemblage d’éléments indépendants qui se soutiennent mutuellement et qui ne peuvent pas se comprendre isolés.

Si nous considérons le langage comme un instrument à traduire les pensées, il en va que ces dernières soient toutes deux du même sens. On croit souvent que la pensée est antérieure au langage, sauf que celui-ci n’est qu’un instrument dédié à communiquer une pensée intérieure. Descartes, dans Le Discours de la méthode nous montre bien que la pensée est indifférente du langage : « Ceux qui ont le raisonnement le plus fort, et qui digèrent le mieux leurs pensées afin de les rendre claires et intelligibles, peuvent toujours le mieux persuader ce qu’ils proposent ». En effet, c’est avec une conviction claire et bien déterminée qu’il est plus facile de faire croire à son récit. On peut citer en exemple les religions : le Pape, le représentant de la religion catholique, est absolument certain de l’existence de cet être supérieur qui régit sa vie. A travers ses discours plein de foi et d’admiration envers Dieu, il parvient à convaincre ses fidèles de croire et d’œuvrer à accomplir les préceptes de Dieux. Mais croit t’on réellement en ce que nous disons ? Selon Platon dans Le Théete, la pensée n’est pas forcément cohérente avec la parole : « si se parler à soi-même c’est avoir une opinion, dans le cas au moins ou discours et opinion portent sur l’une et l’autre choses à la fois […], il n’y aura personne pour dire et avoir l’opinion que l’une est l’autre. ». En effet, il n’est pas rare de dire quelque chose dont on pense tout l’inverse, comme l’avis sur un dessin d’un enfant, qui n’est en réalité qu’un gribouillage. Mais ainsi, est-il possible de tout dire sans mentir ? Platon dans Le Georgias démontre que la parole est un acte mais bien souvent un acte de faussaire.

        Ainsi, le langage peut nous permettre de dire beaucoup de choses, en usant parfois de plusieurs moyens pour pouvoir réussir à faire passer notre parole. Mais il reste cependant des obstacles à la langue qui pourrait nous empêcher de tout dire. Quels sont donc les limites du langages ?

Premièrement, le langage ne nous permet pas de nous exprimer réellement et sincèrement sur nos sentiments. Le langage est en général efficace quand il s’agit de dire des pensées, mais en est-il de même avec les perceptions ? Comment traduire à un interlocuteur externe tous les mouvements internes qui m’habitent ? Quotidiennement, il est assez difficile de dire vraiment ce que nous ressentons. Nous sommes habitués à dire des pensées, des idées, mais au moment de décrire une sensation plus intime, il est plus compliqué de s’exprimer. Dans sa thèse, Saussure s’exprime sur la difficulté de parler lorsqu’un mot indique une idée générale et n’est donc pas assez précis pour définir le fond de notre pensée. Les mots sont généraux, universels, communs alors que nos pensées sont intimes, propre à chacun. Victor Hugo dit lui même dans une lettre à Léonie D’Aunet : «  les mots manquent, le cœur est plein, la parole est vide, comment dire qu’on aime ? Comment exprimer l’amour ».

Il est aujourd’hui d’autant plus difficile de s’exprimer car certains mots ont plusieurs sens et peuvent donc être interpréter au contraire de ce que l’on désire. Par exemple, le mot « canard » désigne à la fois un animal , un journal mais aussi une fausse note.

De plus, certaines choses ne peuvent pas être dites ou décrites. Elles sont au-delà des mots. Cela peut être un acte tellement horrible et immoral que rien que  l’énoncer est impossible. On peut par exemple citer les rescapés d’un camp de concentration, qui traumatisés par les horreurs subies sont incapable de placer des mots sur leurs souvenirs. Il est aussi difficile de s’exprimer sur des choses trop grandes, perçues comme extraordinaires. Par exemple, sur une chanson d’un artiste, il est difficile de décrire le mélange d’émotions que nous procure la chanson. Ces choses presque impossible à dire sont qualifiées d’indicibles.

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