LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Peut-on se mettre à la place d'autrui ?

Dissertation : Peut-on se mettre à la place d'autrui ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Janvier 2016  •  Dissertation  •  2 650 Mots (11 Pages)  •  7 487 Vues

Page 1 sur 11

LAMAZIERE

Cassandre                                                      Lundi 09 novembre 2015

T ES b                                                            Dissertation de philosophie

                      SUJET : « Peut-on se mettre à la place d’autrui ? »

        Souvent, nous revendiquons la singularité de notre personne. Être le premier, le meilleur, le seul. Le "moi" désigne alors une individualité propre, qui se voudrait unique, irremplaçable. La vue d'un sosie nous dérange, et une personne possédant des qualités premières qui sont identiques aux nôtres est souvent perçue comme un concurrent à exclure. Cependant, autrui est différent. C’est pourquoi se mettre à la place d’autrui au sens propre, c’est lui prendre sa place, le déposséder d’une place, et par conséquent se mettre à penser comme lui. Nous pouvons noter qu’ici, « autrui » peut se définir de deux façons, « autre moi » c'est-à-dire un être qui me ressemble, qui appartient à l’humanité, mais aussi comme « autre que moi », c’est-à-dire un être différent de moi, qui a des idées, des principes différents des miens. Il convient ici de trouver ce qui ne pourra jamais coïncider, autrement dit, ce qui appartient à autrui et qui jamais ne nous appartiendra. Nous analyserons alors si peut-on ressentir exactement ce que l’autre ressent ? Pour cela, nous verrons qu’il y a une nécessité à se positionner à la place de l’autre, puis nous étudierons l’incapacité de se mettre totalement à la place de l’autre et pour finir nous montrerons que l’intersubjectivité permet de prendre connaissance et donc de réduire la distance entre moi et autrui.

        

Je partage avec autrui une condition humaine comme le montre Sartre dans l’existentialisme est un humanisme. Nous partageons « ensemble des limites a priori qui esquissent notre situation dans l’univers. ».  En tant qu’autre moi-même, autre sujet en face de moi, l’autre n’est pas un objet mais bien un sujet. Il est une personne digne du même respect auquel je m’attends pour moi-même. Il y a donc une capacité sociale qui est nécessaire, celle de partager avec l’autre ma condition. Une légitimité morale à comprendre, c’est à dire à donner un sens au comportement de l’autre. Ne pas se focaliser sur le différent, ce qui nous distingue mais bien retrouver les raisons qui poussent tout sujet libre et raisonnable à agir. Cette empathie, comme capacité à se mettre à la place de l’autre est une nécessité légitime, un devoir pour coexister avec ce colocataire toujours déjà là avec qui je dois cohabiter au mieux à toutes les échelles de mon monde. Cette empathie et la pitié sont des sentiments naturels qui veulent que l’on se positionne à la place de l’autre. C'est une méthode de compréhension de l'autre, de son point de vue, sans être véritablement lui, comme l’évoque Rousseau dans Second discours.

        Nous appartenons, avec l'autre, et donc à une même communauté. Nous avons avec lui une proximité qui nous permet de comprendre l'autre. Se mettre à la place d'autrui est un devoir, condition de la morale.Je ne me transforme pas en lui, c'est-à-dire que je ne mue pas de moi vers l’autre mais construis un pont entre lui et moi. Ce rapport est possible car nous partageons, des caractéristiques communes. Autrui est à la fois moi et autre que moi, une subjectivité en face de moi avec qui je partage un monde mais  aussi une structure de subjectivité libre. En, somme quoi qu’il soit différent, il est aussi mon semblable, mon alter ego. Donc si j’ai pris conscience que j’existais à travers l’autre, cela veut dire que je peux éprouver les mêmes sentiments que l’autre, puisqu’il est mon semblable.

Selon Sartre et Husserl, la conscience de soi présuppose la connaissance d’autrui. Je ne pourrai être conscient de mon existence sans être en même conscient de l’existence d’autrui. Pour être conscient de mon existence et de mes expériences, je dois d’abord être conscient qu’autrui perçoit les mêmes choses que moi. C’est dans cette connaissance des mêmes sentiments que je peux me mettre à la place de l’autre. Ainsi, je peux même d'une certaine manière comprendre autrui mieux qu'il ne peut se comprendre, comme l’évoque Freud un grand psychanalyste. En effet, je peux éprouver ce qu’il ressent en imaginant que ce qui lui est arrivé, ou alors vis à vis de mon vécu en étant dans la même situation que lui. Je peux alors me mettre à la place de l’autre en imaginant ce qu’il ressent, d’après ses dits ce que moi j’aurai ressenti à sa place. On peut l’aider, et ressentir ses sentiments à travers la compassion. Les individus qui justement ne se mettent jamais à la place d’autrui sont des monstres. « Se mettre à la place de l’autre » est une projection intellectuelle qui permet de développer des sentiments comme la sympathie, la pitié, mais aussi la compassion, la charité. « Pour se mettre à la place d’autrui », il faut de l’imagination et du cœur. Donc il est légitime de se forcer à se mettre à la place de l’autre, de le comprendre, de donner un sens rationnel à son comportement et de trouver des solutions ensemble. Je peux rester moi tout en jetant une corde entre moi et l’autre qui me ressemble et que j’ai le devoir de respecter comme sujet libre. 

Les êtres humains seraient plutôt portés à la bienveillance qu’au rejet d’autrui. « Se mettre à la place d’autrui » en pensée serait donc à l’origine du sens moral en tout être humain. D’ailleurs, la base de la morale, « c’est de ne pas faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’on nous fasse ». Néanmoins, même si la sympathie et la compassion nous aide à nous placer du côté de l’autre, et de percevoir ses sentiments, on constate qu’il n’est pas réellement possible de se mettre totalement à la place d’autrui. En effet chaque conscience est engoncée dans son propre moi et sa propre chaire. La conscience est unique chez chaque individu. Ainsi elle ne se communique pas de manière télépathique avec autrui. L’autre peut nous dissimuler ce qu’il pense de son for intérieur.

        Le langage permet de nous comprendre mais pas de partager sa subjectivité. En effet, ce que l’on exprime n’est pas exactement ce que l’on ressent ou l’on pense parce que la langue est très variée. De plus le ton que l’on peut prendre peut changer du tout au tout le sens de la phrase. C’est là aussi la limite du langage, pourtant source de nos dialogues et partage de connaissances. Ce langage peut nous permettre de nous comprendre, mais peut être source de malentendu en fonction du locuteur. D’où la difficulté à se positionner à la place de l’autre. De plus, je me trouve en me distinguant : englué dans ma subjectivité, dans mon vécu mon histoire, je ne peux me transposer dans l’autre, me mettre dans sa peau puisqu’il est radicalement autre. Le vécu est différent et nous ne le percevons pas de la même manière. Nous ne sommes pas à sa place,  nous n’avons pas vécu sa vie, nous ne pensons pas comme lui, et donc nous nous réagissons autrement. C’est donc un autre point de vue sur le monde auquel je suis fondamentalement étranger. Cette difficulté est d'autant plus nette si nous sommes tenus à distance d'autrui par des différences culturelles qui nous opposent.

...

Télécharger au format  txt (15.2 Kb)   pdf (240.7 Kb)   docx (13.8 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com