Pensée critique
Dissertation : Pensée critique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dominic Bélanger • 27 Novembre 2018 • Dissertation • 3 955 Mots (16 Pages) • 644 Vues
Examen 2
Réflexion sur le notions de post-vérité, de baratin et de pensée critique
Par
Dominic Bélanger 111239515
Mélanie Godbout-Guyon 111242799
Louise-Hélène Beaudet 111240379
Travail présenté à
Monsieur Frédérick Plamondon, professeur
Dans le cadre du cours
Développement de la pensée critique
PHI-0100
Direction générale des programmes de premier cycle
Université Laval
25 novembre 2018
- Quelles places devraient avoir les experts dans les débats publics?
L’individu, de par sa nature, cherche trop souvent à se faire valoir aux yeux d’autrui. Le rôle joué ou le poste occupé, duquel découle un certain statut social, peut ainsi valoir bien plus que les connaissances rattachées à ceux-ci. « Il les fait parler de leurs exploits, les confrontant ainsi à leur propre vanité, car ils se trouvent souvent incapables de définir les valeurs qu’ils sont supposés maîtriser dans l’exercice de leurs fonctions : courage pour le militaire, sens de la justice pour le juge, sens du bien public pour le politicien… » (Lecocq, J. (2014). La pratique philosophique, p.29) Ainsi, un juge n’est pas automatiquement juste dans ses jugements ou dans ses façons de voir les choses ou maître dans l’art de faire face à certaines situations. Un militaire n’est pas nécessairement plus vaillant ou courageux qu’un marchand. Les valeurs peuvent être partagées par différents individus qui occupent différentes fonctions, et certaines valeurs peuvent être mieux maîtrisées et appliquées par des individus qui ne sont pas des experts en la matière.
« Le baratin devient inévitable chaque fois que les circonstances amènent un individu à aborder un sujet qu’il ignore. La production de conneries est donc stimulée quand les occasions de s’exprimer sur une question donnée l’emportent sur la connaissance de cette question. » (Frankfurt, 2006 : 32). Ce passage me mène à en citer un autre, cette fois de J.Lecocq. Ce que Socrate voyait chez les sophistes, c’était justement le degré élevé d’ignorance de ces derniers par rapport aux domaines où ceux-ci se disaient maîtres. Les occasions de s’exprimer qu’ont les experts de tout genre, ou les soi-disant experts de ce monde, sont devenus très nombreux, surtout dans les différents médias. Mais apportent-ils réellement une expertise?
« Les sophistes sont critiqués parce qu’ils ne s’intéressent pas à la vérité du discours mais cherchent à convaincre autrui par l’étendue de leur savoir, et ceci contre espèces sonnantes et trébuchantes. Or, ce savoir n’est qu’illusion, comme le montre fréquemment Socrate. Si Socrate devait s’attaquer à des sophistes aujourd’hui, il viserait probablement les professeurs, experts en tout genre, consultants, et… philosophes. » (Lecocq, J. (2014). La pratique philosophique, p.29-30). Ce passage démontre que le danger, lorsque nous prenons pour acquis qu’un expert détient une vérité, puisque justement expert, est de se fier au jugement d’un seul individu. Ce jugement peut alors être insidieux. Les motivations peuvent être alors de chercher à convaincre, dans le but de démontrer l’étendue de ses connaissances, bien plus que de partager celles-ci. La motivation de l’expert est donc à considérer, pour pouvoir prendre en compte ou non le discours tenu par ce dernier. L’intervention d’un expert ou d’un individu dans les médias peut donc avoir un autre but que celui d’informer, de rendre compte avec justesse, et peut relever simplement d’opinions personnelles à motivations douteuses. Dans les médias, il est fréquent dorénavant de démonter les témoignages d’experts au profit d’une opinion autre, et de discréditer ou attaquer l’expert au passage. Nous considérons ainsi très peu leur expertise, et nous classons leurs interventions bien plus souvent dans le domaine de l’opinion que sous la bannière factuelle ou informative.
« Ils ont une fonction et un but, qu’ils atteignent entre autres en décrédibilisant les experts et leur expertise afin de convaincre l’auditoire que toutes les opinions se valent et que l’expert et leur expertise n’exprimerait en fait qu’une opinion comme une autre. » (Payette, 2017 : 12) Effectivement, comme le démontre Dominique Payette dans son ouvrage, les hommes vivent aujourd’hui dans un monde contrôlé par les hauts dirigeants. Ceux-ci nous amènent à croire que nous réfléchissons et prenons des décisions par nous-même basées sur nos propres valeurs et croyances, alors que la plupart du temps celles-ci nous ont été administrées par les influenceurs du monde médiatique. Ainsi, « [d]irigés par le gouvernement vers des fins publiques, aux termes d'une unanimité artificielle, les citoyens doivent à tout le moins être détournés de la destruction de ces fins. Dans ce cas il n'est pas permis de raisonner; on doit obéir. Mais dans la mesure ou cette partie de la machine se considère aussi comme membre de toute une communauté, voire de la société des hommes pensé en sa totalité, il peut - s'adressant comme savant à un public - raisonner, sans qu'en souffrent les activités auxquelles il est lié comme membre passif. Ainsi serait-il très dangereux qu'un officier ayant reçu des ordres se mis à raisonner, dans son service, sur l'opportunité ou l'utilité de cet ordre. Il doit obéir. Mais on ne peut légitimement lui interdire, alors à titre de savant, des remarques sur les erreurs touchant son service, remarques qu'il soumettrait à son public afin qu'il puisse en juger. » (Kant, 1784 : 3)
Il est clairement mis en lumière, dans ces nombreux écrits, que bien que les «experts» soient calés dans un domaine précis, les médias et les grands influenceurs de notre ère les utilisent à leur propres fins, afin de convaincre autrui, par la distribution «d’informations fondées sur une expertise» de partager leurs opinions. « Le domaine de la publicité, celui des relations publiques, et celui de la politique, aujourd’hui étroitement lié aux deux précédents, abondent en conneries si totales et absolues qu’elles constituent de véritables modèles classiques de ce concept. Or ces activités emploient des spécialistes d’une extrême sophistication qui – à l’aide d’outils technologiques perfectionnés et très exigeants du genre études de marché, sondages d’opinion, tests psychologiques, etc. – se consacrent sans relâche à ciseler chaque mot et chaque image de leurs messages. » (Tremblay-Pépin, 2013 : 15) Bref, malgré le fait que chaque individus grandit en se bâtissant ses propres croyances, fois et valeurs, un simple scientifique, docteur, psychologue ou professeur attitré du terme «expert» peut modifier l’opinion publique.
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