Nietch

Les (longues, mais passionnantes) remarques qui suivent empruntent leur contenu à l’article de Jean Vioulac (« Nietzsche et Pascal. Le crépuscule nihiliste et la question du divin », Études philosophiques, n° 1/2011, p. 19-39). La perspective semble complexe, elle l'est effectivement, puisque la pensée de Nietzsche est ici rapportée à celle d’un autre auteur, Blaise Pascal, qui est très différent de lui. Mais cette comparaison entre deux auteurs est éclairante : ainsi la dimension religieuse de la pensée de Nietzsche apparaît mieux ; non que Nietzsche se rattache lui-même à une religion particulière, mais parce que le souci religieux (disons : le sens du sacré, l’attention inconditionnelle au réel, l’appréhension d’un dépassement de la condition humaine, etc.) traverse l’œuvre de Nietzsche et lui donne sa tonalité grave, enthousiaste, excessive souvent. Nietzsche n'est certes pas un disciple de Pascal, mais la tension entre les principes que suit le penseur chrétien et ceux que le penseur allemand essaye de se donner font ressortir les enjeux de leurs philosophies respectives. On pourra aussi mettre en relation ces remarques avec celles, que nous avons découvertes par ailleurs, qui concernent St Augustin (un immense promoteur de la religion) et Spinoza (un critique affûté de la religion).

Les références aux citations qui apparaissent sans le nom de l’auteur sont de Nietzsche. Cela dit, les références ne sont pas toujours mentionnées. Il n’importe pas au premier chef de savoir d’où vient exactement une formule. De plus, les citations, intéressantes en elles-mêmes, proviennent souvent non d’œuvres publiées, mais de Fragments posthumes (qui ont cependant été publiés en français chez Gallimard).

Il ne s'agit pas d’apprendre par cœur ; faites de ce texte une lecture fluide, pour vous imprégner de la thématique, - mais retenez ici ou là les expressions qui vous plaisent, en ayant à l’esprit non tant la connaissance de la pensée de ces auteurs que la perspective de la rédaction de dissertations. Les quelques (une, trois, dix) phrases que vous aurez retenues avec exactitude pourront ainsi figurer dans votre travail d’examen. Le texte est long, mais vous pouvez, au gré des sous-titres, vous reporter à un paragraphe qui vous attire plus que les autres. Enfin, comme d’habitude, vous voudrez bien excuser les fautes résiduelles (s’il y en a qui empêchent complètement la compréhension, signalez-les moi).

Introduction à l’idée du nihilisme

Nietzsche est le penseur du nihilisme, de la « catastrophe nihiliste », qui conduit à son terme la culture européenne. C'est un phénomène énorme, mais difficile à percevoir, parce qu’on peut croire y apercevoir des promesses, alors qu’il se traduit par « cette déchéance et ce rapetissement de l’homme transformé en bête de troupeau, cette bestialisation des hommes ravalés au rang de gnomes » [Par-delà bien et mal, § 203]. Pour le comprendre, il faut se dégager du point de vue de l’homme satisfait, de « l’homme apprivoisé, incurablement débile et navrant [qui] a déjà appris à se prendre pour le but, le sommet et le sens de l’histoire » [Généalogie de la morale, 1ère Dissertation, §

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