L’évènement est-il réellement le centre de l’histoire ?

« Pour que l’évènement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter » disait Jean Paul Sartre dans son ouvrage La Nausée datant de 1938. En effet, lorsqu’un évènement — soit un fait marquant remarquable— à lieu, le fait de le raconter permet de l’amplifier, de le modifier, d’en faire une histoire qui est le récit de s évènements passés. L’évènement peut alors dans ce cas devenir le centre soit le point principal de l’histoire. Cependant, l’évènement est-il réellement le centre de l’histoire ? Peut-on raconter des histoires sans nécessairement qu’elles soient fondées sur des évènements ? Un nouveau type d’histoire peut-il alors apparaitre ? Nous nous intéresserons dans un premier temps à l’évènement comme centre de l’histoire puis à l’histoire sans évènements.

En effet, l’événement, semble être un axe majeur constituant l’histoire étant donné que cette dernière est le récit des évènements passés. Il est vrai que l’histoire est une activité qui vise à reconstituer les évènements. Pour arriver à l’histoire, l’historien va mener l’istorié (l’enquête) avec tous les éléments qu’il peut trouver. Il peut étudier des témoignages, faire des recherches. Toute cette enquête reposera néanmoins sur un évènement passé. Dans ce cas, l’événement est bien le centre de l’histoire. C’est grâce à l’événement que l’on construit l’histoire. L’histoire est l’ensemble des démarches intellectuelles, techniques, des oeuvres, que les hommes scientifiques essayent de mettre en place pour constituer le récit. De plus, pour les aèdes qui sont des poètes, des chroniqueurs, dotés d’une mémoire prodigieuse et sont capables de réciter les épopées des grands héros, l’évènement est bien le centre de l’histoire. Pour eux, il faut impérativement exposer les évènements passés pour s’en souvenir et ne pas qu’ils s’effacent. En effet, les aèdes circulaient dans la Méditerranée pour raconter des contes tels que les épopées d’Homère par exemple. Souvent, ils s’accompagnaient de musique , et leurs récits racontaient les évènements des anciens héros. Par exemple, nous pouvons citer le passage de son Enquête « Hérodote d’Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n’abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accompli, soit par les Grecs soit par les Barbares, ne tombent pas dans l’oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises ». Ce passage prouve alors bel et bien qu’il veut raconter les évènements passés pour ne pas les oublier. Il est également possible de donner l’exemple des attentats des tours jumelles aux États-Unis. C’est l’évènement qui a fait de ce moment une histoire. On assiste d’abord à cet évènement dramatique, on voit en vrai ou à la télévision les avions se cracher dans les tours, puis les tours s’effondrer. Ensuite, une fois que cela est passé, on le raconte, on explique, on essaye de comprendre. L’évènement devient alors une histoire, on en parle, on fait des reportages, on montre des images, on commémore les dates « d’anniversaire » du drame. Dans ces différents cas, l’évènement est donc bien le centre de l’histoire. Cependant, nous allons voir que ce n’est pas toujours le cas.

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