Les religions empêchent-elles les hommes de s'entendre ?
Dissertation : Les religions empêchent-elles les hommes de s'entendre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar colrou • 2 Juin 2020 • Dissertation • 1 852 Mots (8 Pages) • 1 100 Vues
On peut remarquer aujourd’hui nombre de conflits liés aux religions sur l’ensemble du globe, par exemple dans la région israélo-palestinienne ou, par des attaques terroristes extrémistes musulmanes, dans des pays comme la France ou les États-Unis. Ces guerres et tensions sont provoquées par une mésentente, une incompréhension vis-à-vis de la croyance divine d’autrui, ou bien par une volonté d’imposer sa propre croyance à autrui. A contrario, les trois religions monothéistes majeures et bien d’autres se fondent sur un message de paix et d’amour pour son prochain. La religion favorise théoriquement le respect d’autrui et l’entre-aide, l’entente entre tous les humains. On constate alors que les religions éloignent les hommes et les opposent en leur fournissant des dogmes et des principes différents, cependant elles rapprochent les hommes avec leur fondement même : un message d’amour. La question se pose alors : Les religions empêchent-elles les hommes de s’entendre ? Cette question met en jeu la place et la légitimité des religions dans la société et interroge l’importance de posséder une religion en tant qu’individu. Nous développerons dans un premier temps l’impossibilité des hommes à trouver un terrain d’entente dans la religion, puis nous verrons que l’ensemble des religions ont la possibilité de partager à l’homme leur message commun de paix. Nous verrons enfin l’aspect positif du conflit et comment l’homme peut ressortir grandi d’une mésentente.
Les religions compliquent les relations entre les individus par plusieurs biais. Tout d’abord, les différences de religions impliquent nécessairement des différences de valeurs, des divergences sur les principes moraux autant que sur les dogmes. Les croyances religieuses rassemblent les hommes (leurs pratiquants et leurs détracteurs) dans des groupes partageant des convictions communes. Trois types de conflits sont alors engendrés par les religions : religieux-laïc, inter-religions et intra-religieux. D’abord on voit dans les conflits religieux-laïc que chaque religion possède ses propres interdits et obligations qu’elle doit accorder avec les interdits et obligations culturelles spécifiques, car les cultures ne sont jamais identiques. Par exemple dans l’Islam, le vendredi est un jour saint et la société doit s’adapter pour répondre aux attentes des pratiquants musulmans, qui ne peuvent donc travailler ce jour-ci. Un dialogue doit être entretenu par la religion et la culture pour tenter de créer un terrain d’entente et d’acceptation de l’autre autant par la morale et les principes que par la mise en place de droits et de devoirs écrits. Cependant, on a pu voir au travers de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 que le maintien de la stabilité de cette relation n’est pas toujours une réussite et certaines sociétés se séparent de la religion, devenue trop intrusive et ayant acquis une volonté de contrôler un nombre trop important de domaines du point de vue de la société. Dans les conflits inter-religions Les différences de dogmes, principalement, créent des rapports conflictuels entre les pratiquants de religions distinctes et apportent une difficulté de plus à surmonter dans la gestion de la relation religion-société. Les pratiquants sont en conflit pour la vérité et défendent leur propre dogme contre les autres religions. Par exemple dans les croisades, les deux camps de ces batailles étaient des croyants qui combattaient pour affirmer leur légitimité sur la terre palestinienne. Enfin, les conflits intra-religieux sont déclenchés par des interprétations multiples de textes sacrés d’une même religion. Le phénomène est fréquent mais une occurrence notable est le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 qui opposait les chrétiens catholiques, une branche se reposant sur une interprétation unique des textes et une version de ceux-ci écrite uniquement en latin, et les chrétiens protestants, une branche créée par Martin Luther et basée sur la libre interprétation de la Bible. Le constat de ces conflits multiples nous mène à envisager la religion comme facteur inéluctable de violence, cependant les religions véhiculent un message de paix et de respect d’autrui.
La religion transmet un message de paix, d’union entre les hommes et d’espoir. « L'œuvre de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour toujours » (Ésaïe 32,17). La religion ne peut donc cautionner les violences qu’elle induit malgré elle car cela serait contre les fondements même de la croyance religieuse. Pour éviter de sombrer dans le conflit, le pratiquant peut se concentrer sur un aspect dynamique dans son cheminement à travers sa religion. Cette pensée permet au croyant de questionner les dogmes de sa religion et, par exemple, de reconsidérer l’existence de son propre dieu. Le croyant doit alors s’éloigner de ce doute pour en sortir plus mûr et avec une réflexion plus riche apportée à certains aspects de sa croyance. Par ce geste, le croyant affirme sa liberté de conscience dans sa foi en renforçant ou en dégradant sa croyance religieuse. Le croyant a toujours une liberté de conscience qui ne peut lui être subtilisée et qui lui permet de questionner le message de sa religion et de s’éloigner de la violence si besoin. La religion n’est donc pas un frein pour entendre un autre avis que le sien et l’homme doit se confronter à une remise en question s’il veut progresser dans sa réflexion. Cette dernière est indispensable dans le dialogue foi-raison. Ce dialogue est un moyen de trouver un compromis entre une foi aveugle au mépris de toute raison, le fidéisme, et une raison pensant être toute-puissante et en maitrise intégrale sur le monde tout en refusant le désir naturel de l’homme de transcendance. Le dialogue foi-raison permet d’éviter la confusion entre la superstition et la religion. Pascal s’exprimait alors à propos de cet incessant dialogue : « Le juste usage de la raison comprend son auto-critique ». Il dit ici que la raison doit pouvoir se remettre en question et admettre le débat. L’aspect dynamique de la croyance évoqué plus tôt possède également ces caractéristiques d’être lucide sur soi-même, d’accepter le débat et les avis contraires et d’admettre le doute en tout temps. La raison et la foi doivent toutes les deux posséder cette ouverture au débat si elles veulent avancer dans un objectif constructif. Pour poursuivre, les religions créent des groupes possédant une identité commune forte. Ces groupes permettent aux pratiquants de tisser des liens entre eux autour d’une religion commune. La croyance divine peut alors être un moyen de rassembler les hommes et de créer des groupes pacifiques en évitant beaucoup de conflits. Nous pouvons constater la présence de lieux de cultes s’animant à intervalles régulier et de leurs croyants venant se recueillir dans ce lieu et parmi les autres pratiquants. Les religions n’empêchent pas les hommes de s’entendre s’ils se questionnent et ne s’aveuglent pas. Enfin, les religions accordent leur pensée avec celle de la société dans certains cas, ce qui facilite le dialogue et permet une meilleure entente entre le monde clerc et le monde laïc. On pourrait alors mettre en parallèle l’exemple du huitième commandement dicté par Dieu au Sinaï « Tu ne commettras pas de vol » et le dix-septième article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé […] ». Les religions ne sont donc pas un réel obstacle à l’entente entre les hommes car elles sont le plus souvent dictées par une pensée pacifique et ne sont jamais un obstacle à la liberté de conscience du pratiquant. Alors, les religions ne sont jamais causes mais plutôt sujets de conflits et de mésentente.
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