Le temps
Dissertation : Le temps. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Odile Boussemart • 10 Avril 2021 • Dissertation • 1 777 Mots (8 Pages) • 1 838 Vues
Introduction :
Depuis toujours, l’homme a un rapport au temps très complexe. Tout au long de notre vie, nous nous plaignons de ne pas avoir le temps, d’être sans cesse dans une course effrénée, avec ce sentiment que la vie passe à toute vitesse sans que nous puissions ralentir. Nos ainés nous rappellent sans cesse de bien profiter de notre jeunesse, ils nous répètent que le temps passe vite. Nous sommes pris dans la spirale du temps, mais il est de plus en plus fréquent de voir des quinquagénaires changer complètement de vie pour essayer de trouver plus de sérénité et être heureux. La crise actuelle a encore accentué ce phénomène. Alors, comment reprendre le contrôle sur le temps pour trouver le bonheur ? Dans sa lettre 1 à Lucilius, Sénèque explique que le seul moyen de trouver le bonheur est de prendre conscience que le temps est le bien le plus précieux, et qu’il ne faut pas le gâcher, si nous voulons accéder au bonheur.
Nous verrons dans la première partie du texte, à quel point nous n’estimons pas le temps à sa juste valeur. Puis, nous analyserons la proposition de Sénèque pour prendre possession du temps pour accéder au bonheur.
Partie 1 (l.1 – 5) : Pourquoi nous n’estimons pas le temps à sa juste valeur
La première phrase du texte de Sénèque pose immédiatement la problématique : nous n’avons pas conscience de la valeur du temps. Sénèque aborde directement ce qui est le plus désolant pour l’homme : l’effet de l’écoulement du temps, sur lequel nous n’avons pas de prise et qui nous entraine inexorablement vers la mort. En même temps, il évoque la notion de la conscience. En effet, à la différence des autres êtres vivants, l’homme sait qu’il est destiné à mourir. L’homme est conscient d’exister, et il est aussi conscient de sa finitude. Malgré cela, Sénèque regrette que l’homme n’estime pas le temps, le bien le plus précieux à ses yeux, à sa juste valeur. Ce propos a d’autant plus d’importance quand on sait que Sénèque a écrit ces lettres à Lucilius à la fin de sa vie, quelques années avant sa mort.
Il insiste ensuite sur notre difficulté à sentir le temps, à prendre le recul nécessaire pour en prendre conscience. Nous entretenons une relation difficile avec le temps. Les nombreuses expressions que nous utilisons encore aujourd’hui « le temps file » « le manque de temps »….montrent que le temps apparait comme quelque chose qui n’est pas toujours disponible, qui nous échappe, encore plus aujourd’hui. La question du temps et de sa définition a été abordée par de nombreux philosophes depuis l’Antiquité, mais on voit ici que c’est encore un sujet très actuel.
Nous ne prenons pas conscience du temps écoulé. En réalité, concevoir le temps nécessite de l’analyser. Comme l’explique St Augustin dans les Confessions, trois temps cohabitent dans notre esprit : le temps du passé (la mémoire), le temps du présent, (l’intuition directe) et le temps de l’avenir (l’attente). Et « si le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus ». En l’analysant, nous prenons conscience qu’aucune des dimensions du temps ne semble véritablement exister ailleurs que dans notre esprit.
Notre erreur est de ne voir la mort que devant nous, alors qu’elle est en grande partie derrière : son domaine est le passé. Par cette phrase, Sénèque affirme que finalement, la seule partie du temps qui est en notre pouvoir, c’est le passé. En effet, nous pourrons toujours nous rappeler des faits qui se sont écoulés, mais nous ne pourrons plus rien changer de ce qui s’est déjà produit. Il est donc crucial de faire en sorte de se constituer un passé acceptable. Pour ce faire, il faut se saisir de tous les instants. On notera ici l’utilisation de verbes d’action à l’impératif (agis, saisis), qui soulignent la nécessité de passer à l’action et montrent que c’est entièrement à l’homme d’être acteur de son bonheur.
Une fois encore, Sénèque rejoint ici les propos de St Augustin, qui affirme que la seule manière de rendre au temps son existence est de donner une épaisseur au présent, de façon à ne pas faire du présent uniquement un instant qui s’évanouit dès qu’il apparait. Il est donc primordial d’être pleinement conscient de tous les instants, d’en savourer chaque minute. On peut noter l’ambivalence du propos de Sénèque, qui recommande de se « saisir » de chacun des instants alors que quelques lignes plus haut, il insistait sur son caractère insaisissable.
Si on relie cette recommandation à la notion précédente, on peut aussi comprendre que Sénèque recommande à Lucilius de faire en sorte de vivre au mieux chaque instant présent, de façon à se constituer le meilleur passé possible. En effet, cet état d’esprit vis-à-vis du présent donne à l’homme, en quelque sorte, un « contrôle » sur le passé et la qualité des souvenirs qu’on se constitue.
Sénèque évoque le passé, mais qu’en est-il de l’avenir ? En étant maître du présent, tu dépendras moins de l’avenir. Pourquoi Sénèque dit -il cela ? Cette affirmation est en fait liée à la phrase suivante « A force de remettre à plus tard, la vie passe ». On est toujours dans l’idée de profiter de l’instant, de faire en sorte de le rendre le plus conscient possible. Il faut s’accommoder de chaque instant avec bonheur. On rejoint ici la pensée de la philosophie bouddhiste.
Sénèque pose la question : que maitrisons-nous de l’avenir ? L’avenir est source d’angoisse et de crainte, en ce sens qu’il est imprévisible. Donc se concentrer sur le présent permet à l’homme de s’affranchir de la peur de ce qui peut arriver par la suite. L’avenir est bien souvent pur sujet de spéculation, et donc d’angoisse. On peut relier cette notion à celle évoquée dans les 4 accords toltèques (Michel Ruiz) : « faites toujours de votre mieux », qui incite lui aussi à se recentrer sur le présent et sur ce qu’on peut maîtriser, et permet donc de vivre intensément le moment présent.
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