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Le réel

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Par   •  20 Février 2019  •  Dissertation  •  5 615 Mots (23 Pages)  •  616 Vues

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« Maman ne va pas aimer les épinards », « l’été prochain sera mémorable », « passer sous une échelle, cela porte malheur », « les Parisiens sont désagréables », « les opposés s’attirent », « la Terre a 6000 ans », « il faut tuer l’infidèle »… Ces phrases sont des suppositions, conjectures, superstitions, préjugés, voyance, obscurantisme, fanatisme…

Il y n’a pas un seul jour où la croyance ne fait pas partie de nous, où un être ne tombe dans les bras meurtriers d’une idéologie ; crimes, conflits et guerres sont les conséquences de la croyance.

Mais cette dernière est-elle toujours associée à l’ignorance, la bêtise et la violence ? On croit bien aussi à l’amitié, à la tolérance, à des jours meilleurs, qu’il y a un sens derrière tout cela, que l’Homme est né libre.

S’il est un lieu commun répandu aujourd’hui, c’est que nous serions débarrassés des croyances. L’athéisme indifférent de l’homme post-moderne regarde la croyance comme un phénomène étrange qu’il tolère comme une curiosité culturelle. Nous faisons le parallèle avec les idéologies, en pensant qu’en nous débarrassant des idéologies politiques, nous avons perdu toutes nos croyances. Ceux qui professent une attitude scientiste, diront qu’avec la science moderne, nous nous sommes dégagés de la religion.

Or, c’est justement dans ce monde post-moderne, ce monde de la technoscience que nous trouvons des formes de croyances les plus inattendues. A côté de la rigueur, de l’approche méthodique du statisticien, du programmateur, du chercheur, il y a le domaine très vaste des croyances : l’un consulte des horoscopes, à la pause-café, pendant une manipulation de laboratoire, un autre, traite des ordres en bourses mais reste fidèle à sa foi chrétienne, un autre encore qui travaille dans la publicité rêve d’une convergence entre la science et sa représentation bouddhiste de l’univers, un dernier, fonctionnaire très rationnel dans son travail, se dit que la science ne parvient pas à tout expliquer, et qu’il faut laisser une place à la croyance et au mythe.

L’homme semble ne pouvoir se passer de croyances. Alors, est-ce faiblesse que de croire ?

Après avoir vu que la croyance peut être une vraie faiblesse lorsqu’elle est aveugle, c’est-à-dire lorsqu’elle fait preuve d’une faiblesse relative à l’incertitude, ou bien une faiblesse face à la raison, nous verrons qu’au contraire la croyance peut être une force lorsque celle-ci fait preuve de rationalité, qu’elle est absolue.

Pourquoi dit-on généralement que la croyance est irrationnelle, comme si une croyance, du fait même d’être une croyance, est irrationnelle ?

Au sens large, on peut définir la croyance comme un état mental qui porte à donner son assentiment à une certaine représentation, ou à porter un jugement dont la vérité objective n’est pas garantie et qui n’est pas accompagnée d’un sentiment subjectif de certitude. En ce sens, elle est synonyme d’opinion.

Croire quelque chose c’est, semble-t-il, assentir à quelque chose, sans pour autant en être certain. La croyance, dans son acceptation générale, s’oppose donc au savoir en tant qu’elle est seulement plus ou moins vraie : elle est donc probable.

Lorsque la croyance est une opinion fausse ou douteuse, comme par exemple les préjugés, les illusions ou les superstitions, on peut constater que la garantie objective est faible ou nulle, mais celui qui l’éprouve a une conviction très forte du contraire, c’est le cas des phénomènes surnaturels ou magiques (guérisons miraculeuses, pouvoirs de sorcellerie) ou encore des êtres ou évènements merveilleux ou mythiques (fées, fantômes).

Au contraire, lorsque la croyance est considérée comme soupçons, présomptions, suppositions, prévisions ou autres, les croyances sont susceptibles d’être vraies ou d’avoir un certain fondement objectif, et sont en attente de justifications ou de vérifications. Ou encore lorsqu’elles sont des convictions, des doctrines ou des dogmes, elles reposent sur un fort sentiment subjectif, mais dont le fondement objectif n’est pas garanti.

En revanche, lorsque la croyance est à son apogée, c'est-à-dire, lorsque l’on croit en quelque chose ou quelqu’un, en d’autre terme avoir foi en… c’est une attitude qui va au-delà de ce que les données ou garanties permettent d’affirmer. Le degré de certitude est très fort, bien que le degré de vérité objective soit très faible.

En résume, on voit bien que les représentations auxquelles on accorde sa confiance, sa fiabilité sont plus ou moins garanties, et qu’on croit plus ou moins fermement ce que l’on croit, avec un sentiment subjectif qui peut aller de l’incertitude complète, à la certitude totale. A chaque fois, il y a un certain écart entre les données et garanties objectives, et le sentiment subjectif par lequel on adhère à ces données. Les croyances sont plus ou moins fondées, mais, à ce qu’il semble, elles ne sont jamais entièrement fondées.

La croyance est donc faible et irrationnelle du fait qu’elle est un faux savoir, et un savoir insuffisamment fondé. La croyance est synonyme, dans le pire de cas, de superstitions, et dans le meilleurs des cas, d’opinion. Elle est ainsi irrationnelle et faible au sens où elle est une adhésion à une idée fausse, une sorte d’illusion, ou bien à une idée peu probable ou très incertaine. La plupart du temps, en effet, il semble que nous n’avons aucune raison ou en tout cas aucune raison valable, d’adhérer à ce que nous croyons.

On peut appeler cette conception de la nature de la croyance une épistémologie dogmatique. Ses deux plus grands représentants sont Platon avec son œuvre La République, livre VII, part II.

En effet, Platon dans le texte intitulé « L’allégorie de la caverne » tiré de l’œuvre La République raconte l’histoire d’enfants vivant dans une caverne éclairée uniquement par un feu. Les enfants sont attachés au cou, les bras et les jambes pour qu’ils ne puissent voir que les ombres des figurines. Toutes ces ombres de figurines, qui racontent une histoire, sont pour les enfants la pure réalité et ils y croient fortement ; pour eux c’est une certitude. Mais leur croyance ne devient-elle pas absurde lorsque l’un des enfants sort de la caverne et découvre que ce qu’ils croient être réel depuis toute leur vie, n’est en fait qu’une représentation de la réalité ?

À travers cette allégorie, Platon met en scène la condition humaine, la nôtre, mais également celle de nos ancêtres. Pour lui, nous sommes

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