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Le jusnaturalisme

Fiche : Le jusnaturalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Juin 2018  •  Fiche  •  4 735 Mots (19 Pages)  •  1 288 Vues

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Philosophie

1.2) Le jusnaturalisme

Thèse : le droit est fondé sur la raison et non la loi, le désir ou la croyance. Il consiste dans l'ensemble des lois morales qui permettent à la liberté de chacun de coexister avec celle de tous.

Argument : Kant, les Fondements de la métaphysique des mœurs : tous les hommes ont conscience d'avoir des devoirs moraux, c'est-à-dire de devoir vivre en obéissant à certaines lois morales, qui les obligent à faire ou à ne pas faire certaines choses.

Or, les lois morales sont objectives : tous les hommes y sont soumis dans toutes les circonstances. Cela signifie que leur origine est la raison et non le désir ou la croyance, car les jugements de la raison sont objectifs, tandis que la croyance et le désir sont subjectifs.

Il s'ensuit que la raison oblige les hommes, par l'intermédiaire des lois morales, à poursuivre ou non certaines fins.

Or, la seule fin que la raison puisse donner à tous les hommes sans qu'ils s'empêchent mutuellement de l'atteindre est le respect de la liberté humaine. Cela signifie que toutes les lois morales se ramènent à une seule : chacun doit respecter la liberté humaine.

Par conséquent, chaque homme doit respecter la liberté d'autrui, c'est-à-dire ne pas le contraindre physiquement (violence physique) ou mentalement (mensonge), et donc chaque homme a le droit de faire librement tout ce qui ne porte pas atteinte à la liberté d'autrui.

Remarque n°1 : ce droit peut être dit naturel, car, pour la raison, tous les hommes l'ont à cause de leur nature d'êtres raisonnables.

Remarque n°2 : à strictement parler, ce droit n'est pas celui des seuls hommes mais de tous les êtres raisonnables. Cela signifie que s'il existe sur la Terre ou dans l'univers d'autres êtres raisonnables (certains animaux, par exemple), alors ils ont eux aussi ce droit.

1.3) La critique du jusnaturalisme ou le relativisme moral

Thèse : le droit n'est pas rationnel. Rien n'est objectivement juste ou injuste.

Argument : Pascal, Les Pensées : les jugements de la raison sont objectifs. Cela signifie qu'ils valent pour tous les hommes dans toutes les circonstances, indépendamment de leurs particularités.

Il s'ensuit que si le droit était rationnel, alors tous les hommes s'entendraient sur ce qui est juste ou injuste, comme ils s'entendent sur ce qui est vrai ou faux (cf. le consensus scientifique).

Or, l'expérience montre que ce n'est pas le cas : ce qu'une société juge juste, une autre société le jugera injuste.

Par conséquent, le droit n'est pas rationnel, et rien n'est objectivement juste ou injuste.

Remarque n°1 : les hommes qui appartiennent à une société sont persuadés à tort de savoir ce qui est juste ou injuste à cause de la coutume ou de l'habitude. En effet, un homme qui entendrait dire depuis sa naissance que telle action est juste ou injuste finirait tout simplement par le croire. Mais, en fait, le droit n'est qu'un ensemble de lois imposées à l'origine par la force et qui ont fini par paraître justes à cause de l'habitude.

Remarque n°2 : il est impossible de juger objectivement de la valeur d'une culture étrangère, car il n'existe aucune morale objective. Celui qui le fait est ethnocentrique, car, en fait, sans en avoir conscience, il juge une culture étrangère à partir de la sienne.

Réponse au relativisme moral : la relativité des droits positifs peut s'expliquer autrement que par l'irrationalité du droit :

a) les hommes peuvent se tromper et mal appliquer la loi morale ;

b) les hommes peuvent préférer satisfaire leurs désirs plutôt que d'appliquer la loi morale ;

c) les hommes peuvent être contraints par les conditions dans lesquelles ils vivent d'appliquer la loi morale d'une manière singulière.

De plus, il ne faut pas exagérer la relativité des droits positifs : toutes les sociétés s'accordent sur certains jugements moraux.

1.4) L'anarchisme

Thèse : l'État est par nature injuste. Il doit être aboli.

Argument : Spooner, Outrage à chefs d'État : les hommes ont par nature le droit de faire tout ce qui ne porte pas atteinte à la liberté d'autrui. Or, l'État agit par nature contre la liberté d'autrui. Par conséquent, l'État est par nature injuste, et les hommes ont le droit voire le devoir de lui résister ou de l'abolir.

Remarque : l'État n'est pas légitime, c'est-à-dire qu'il n'a pas le droit de gouverner les hommes. En effet, ce serait incohérent que l'État ait le droit de violer le droit. Cependant, les hommes lui obéissent, car :

a) ils ont peur de lui, car il est beaucoup plus fort qu'eux ;

b) ils croient faussement qu'il est légitime, car il les trompe (cf. l'idéologie).

2) L'absolutisme

2.1) Les concepts fondamentaux

Le bonheur : le bonheur est l'état de pleine satisfaction. L'homme heureux est celui qui ne manque de rien et qui ne désire donc rien.

Le désir : le désir est une force sensible qui incline les hommes à poursuivre certaines fins.

2.2) L'absolutisme

Thèse : la fin de l'État est la paix.

Argument : Hobbes, Le Citoyen : la fin de la vie humaine est le bonheur, car les hommes n'agissent que pour satisfaire leurs désirs. Il s'ensuit que si l'existence de l'État est nécessaire à leur bonheur, alors les hommes ne peuvent que consentir à lui donner le droit de les gouverner.

Or, à l'état de nature, c'est-à-dire lorsqu'ils jouissent d'une liberté qui n'est limitée par aucun État, les hommes ne sont pas heureux :

a) leur vie est brève, violente et craintive, car ils sont en guerre les uns contre les autres pour acquérir les biens nécessaires à leur bonheur ;

b) leur vie est misérable, car, se redoutant mutuellement, ils ne vivent pas en société, n'échangent pas et ne jouissent donc ni de la prospérité ni des progrès de la culture.

Il s'ensuit qu'à l'état de nature, la raison oblige les hommes à renoncer à leur liberté en jurant une obéissance absolue à l'État, qui dispose ainsi d'une force suffisamment grande pour les contraindre tous à suivre des lois qui leur permettent de vivre paisiblement en société et de ses bienfaits.

Par conséquent, l'État légitime est celui qui instaure la paix entre les hommes.

Remarque n°1 : l'État doit être despotique. En effet, pour échapper aux malheurs de l'état de nature, les hommes doivent renoncer à leur liberté et à leur droit et donc, à l'état civil, ils n'ont aucun autre droit que celui que l'État leur accorde.

Remarque n°2 : la paix est la condition nécessaire de la prospérité et des progrès de la culture : la paix > la société > l'échange > la spécialisation > la prospérité > l'épargne et l'investissement > les progrès de la culture (les arts, les sciences et les techniques).

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