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Le désir n'est-il qu'une espèce d'appétit ?

Dissertation : Le désir n'est-il qu'une espèce d'appétit ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2018  •  Dissertation  •  1 623 Mots (7 Pages)  •  909 Vues

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DEVOIR PHILOSOPHIE : « Le désir n'est-il qu'une espèce d'appétit ? »

Introduction :

        

        L'homme est un être de désir. Sa vie et sa quête vers le bonheur est régit par une série de manques visant un but, satisfaits au moyen d'un objet. Le terme de désir s'inscrit au cœur du dynamisme de l'être et se distingue des autres tendances par sa perception controversée, qu'il soit considéré comme un outil de la démesure ou de la sagesse. Le désir n'est-il qu'une espèce d'appétit ? Autrement dit, le terme de désir peut-il être réduit qu'à une sorte d'appétit, première classe des instincts, terme attribué à un besoin périodique et constant ?

        La réflexion philosophique porte donc sur la valeur à attribuer au désir humain. L'étymologie semble suggérer que le désir est conscient et choisi, là où l'appétit semble simplement soumis à la nécessité. Peut on réellement rapprocher les deux termes ? Le désir est-il chez l'être humain une pulsion équivalente à celle liée au besoins primaires ? La question pousse à évaluer ce que constitue réellement le désir, source de malheur et d'esclavage ou l'expression du bonheur et de la liberté de l'homme.  

1 ère partie :

        Il semble d'abord inévitable d'étudier l'association du désir et de l'appétit, car l'alliance de ces deux notions n'est sûrement pas due au hasard. Le désir, parce qu'il n'est assurément pas le produit de notre cerveau et de notre raison, est identifié au corps. Autrement dit, le désir s'oppose à un processus rationnel car lorsque l'homme désire, cela échappe à sa raison car il s'agit là d'une pulsion naturelle, voire charnelle. Le désir est alors un appétit car il est corporel, on entre dans le domaine de la passion. Le principal auteur ayant réellement exposé les bases de ce rapprochement est Platon. Selon lui, la réflexion sur le désir s'accompagne d'une dissociation du sujet éprit de désir et de l'objet désiré. Il y'a là un raisonnement sur ce qui relève du domaine de la privation ou plutôt du manque : « le désir est avant tout l'expression d'un manque ». L'appétit désigne ce manque, car on ne désire un objet que lorsque l'on en est privé, il s'agit là d'un sentiment d'insatisfaction face à une soif d’inassouvie. Il y'a là quelque chose d'incontrôlable, la conscience subit le désir. C'est d'ailleurs ce qu'il entend à travers l'idée de « mourir à soi même » lorsqu'il oppose le discours du logos et le discours du désir, ou soutenant qu'il n'y'a rien de raisonnable à désirer dans la mesure où il faut essayer de se sortir de son être de désir pour justement accéder à la raison. D'ailleurs dans le livre IV de la République, Platon divise l'âme d'un homme en trois parties distinctes et baptise la première « épithumia »qu'il situe au niveau du bas ventre et qu'il décrit comme appétit ou « désir sensible ». L'âme de l'homme est dompté par un appétit insatiable pour la passion du corps, de la chair, elle s'oriente drastiquement vers un but de satisfaire un besoin presque animal, qu'il s'agisse de la sexualité ou simplement de la soif ou la faim. Ainsi, le désir est une espèce d'appétit et Platon prétend d'ailleurs que l'homme doit tout faire pour lutter en la défaveur de ses pulsions naturelles. Mais le désir n'est peut être pas simplement qu'un appétit, loin de là. En procédant par comparaison, le désir éprouvé pour une femme ou pour une idée est-il réellement le même que celui de se nourrir ? Si l'on admet que cela relève du corps et le mobilise, que cela échappe inévitablement au processus rationnel et qu'il est parfois presque impossible de se maitriser, est-ce que l'appel de la passion est pour autant du même niveau que des besoins primaires ?

Il y'a certainement quelque chose de plus au sein du désir, et le réduire à l'état d'appétit relève d'une vision vraisemblablement incomplète de ce qu'il représente réellemen

2e partie :

        Si le désir est un appétit, il y'a cependant quelque chose de plus dans le désir. Il est possible d'illustrer cette idée en poursuivant avec Platon qui ne se contente pas d'ériger une simple condamnation du désir, en affirmant qu'une partie de ce désir permet de s'élever. Précédemment, nous confrontions le désir lié à un besoin primaire au désir d'une femme. Il semble en effet que l'amour, relevant également du domaine du désir, permet de s'élever car l'amour illustre le désir et la volonté de sortir de lui même, d'être plus que lui même. Dans le Banquet, Platon décrit cette idée d'un dépassement de soi à travers l'exemple de la relation amant-aimé au sein d'une armée. Le désir au sein du domaine de la passion amoureuse entraine l'émergence d'une multitude de capacités absolument exemplaires, ce que Phèdre prétend au début de l'oeuvre. Il affirme l'amour est sûrement le meilleur guide de notre existence en nous permettant d'accomplir que de « belles » actions en fuyant les actions laides. Une armée entièrement constituée d'amants deviendrait invincible car aucun ne saurait faire preuve de traitrise ou de lâcheté, dans le but de conserver la considération de son aimé. L'amour entraine ainsi l'élévation d'un homme vers ce qu'il y'a de meilleur, comme Alceste se sacrifiant par amour pour Admète son amant. En ce sens, il s'agit là d'une force moteur, d'un appétit moteur beaucoup plus élevé que l'appétit purement animal. Le désir ne s'oppose pas forcément à la raison mais va bien au delà, il peut sublimer la vie, la réflexion. Sublimer, c'est idéaliser un être, un objet de toute imperfection, d'impureté. Ce phénomène de sublimation s'observe d'ailleurs au cœur de l'histoire de la littérature ou de l'art. C'est notamment le cas chez l'artiste romantique allemand Caspar David Friedrich et son chef d'oeuvre Le Voyageur contemplant une mer de nuage de 1817, tableau dans lequel le sublime s'exprime à travers la grandeur de la nature, à la fois imposante et d'une apparente pureté, et d'un flou déroutant. Cette œuvre, incarnation du sublime est perceptible tel un questionnement de l'homme face à lui même, la beauté réside dans le désir incertain d'affronter l'inconnu de son avenir. Le désir peut donc sublimer la vie et la réflexion, d'où l'incohérence de cataloguer d'emblée le désir comme un appétit vulgaire. Spinoza évoque justement le fait qu'une telle vison du désir est assimilable à une pulsion de mort car le désir est ce qui nous fait « être » . Pour Spinoza, comment accède-t-on à la connaissance ? On y accède par le désir et pas contre le désir : « l'effort par lequel chaque chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien en dehors de l'essence actuelle de cette chose » (partie III, L'Éthique). En ce sens, le désir est assimilable à un épanouissement de l'existence. L'Homme ne désire pas simplement parce qu'il manque, il veut exister et son désir est synonyme d'une volonté de croitre, c'est l'expression de sa puissance.

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