L’autre
Dissertation : L’autre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mathieu D • 2 Novembre 2022 • Dissertation • 510 Mots (3 Pages) • 261 Vues
Autrui, c'est l'autre que soi. « Autrui en tant qu’autrui, n’est pas seulement mon alter-ego. Il est ce que je ne suis pas » de Levinas. L'alter ego, défini par le paradoxe du même et de l'autre, englobe en effet tout être extérieur à notre propre personne, mais avec lequel nous reconnaissons partager des caractéristiques communes. Autrui est donc d'abord l'autre moi, l'autre plus ou moins proche, plus ou moins lointain. L’autrui donne au monde un autre éclairage car il ne le perçoit pas de la même manière que moi. On peut se poser la question, faut-il vivre avec les autres, faut-il vivre avec autrui ?
Tout d’abord, c’est une nécessité de l’être humain de vivre avec d’autres personnes. Prenons pour exemple une citation de Michel Tournier sur Robinson Crusoé, rescapé d'un naufrage sur une île déserte. "Sa solitude n’attaque pas que l’intelligibilité des choses. Elle mine jusqu’au fondement même de leur existence." De plus, la solitude est un milieu corrosif qui agit sur nous lentement, mais sans relâche et dans un sens purement destructif. La présence d’autrui est donc une condition nécessaire pour s’affranchir de la solitude car elle nous donne des repères et nous permet d’exister sous un autre regard ; en revanche elle n’est pas forcément suffisante et elle peut même aggraver le sentiment de solitude si elle est indifférente, intéressée ou hostile.
Deuxièmement, vivre avec autrui nous permet d’être plus fort, la mise en commun est très importante et nous permet d’être plus efficaces. Nous pouvons nous appuyer sur cet adage très connu « Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin. » ou encore « Je lui prête des pensées, il me fait penser en retour » de Maurice Merleau-Ponty. L’on vit avec des personnes qui peuvent être nos amis, notre famille. Toute sorte de relation avec comme exemple l'amitié se présente ainsi aux antipodes de la solitude. En reprenant l’exemple de Robinson, il contemplait son visage éteint d'homme seul, le comparant dans son esprit à un visage animé par une conversation : "Il comprit que notre visage est cette partie de notre chair que modèle, réchauffe et anime sans cesse la présence de nos semblables". Il en découle qu'autrui, par sa présence physique et son accessibilité, offre un repère à l'homme, il est aussi pour lui l'antonyme de la solitude.
Troisièmement, citons ici l'expression de Heidegger, "nous sommes des êtres-pour-autrui". La présence des autres semble dépasser le simple problème désagréable de la solitude, se présentant comme la condition même, sine qua non, de notre existence. Étymologiquement en effet, "exister" (sistere ex) signifie "être dehors". On en déduit logiquement que ce qui est à l'extérieur existe et que, conséquemment, ce qui est à l'intérieur n'existe pas. Robinson Crusoe prend ainsi conscience qu'il "n'existe qu'en s'évadant de lui-même vers autrui"; Sartre le dit aussi, l'expérience d'autrui est celle de la dépossession de soi, le sens de ce que nous sommes étant suspendu au jugement de l'autre.
En conclusion, il faut vivre avec autrui pour plusieurs raisons et tout simplement parce que l’humain ne peut pas faire sans.
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