L’art imite t il la nature ?

L’ART IMITE-T-IL LA NATURE ?

Notions : art, nature, vérité

Opinion commune :

En apparence, l’œuvre d’art se présente comme un élément qui est une copie de la nature et de la réalité.

Définitions :

Ainsi, l’Art est un ensemble de connaissances et de règles d’action dans un domaine particulier. C'est -à -dire un savoir-faire qui suppose une méthode et la connaissance d’un procédé particulier. (Art = latin « ars » ⇒ savoir-faire; équivalent grec = « tecne » ⇒ savoir-faire).

De même, la nature désigne ce qui est en dehors du monde humanisé et transformé par l’humain. Opposé à l’artificiel humain, le naturel regroupe le monde physique, l’univers, l’ensemble des choses et des êtres, en un mot, la réalité.

Enfin imiter c’est reproduire l'allure, le comportement de quelqu'un, d'un animal, le bruit, le mouvement de quelque chose, essayer de restituer ce qu'ils ont de caractéristique.

Paradoxe :

Cependant de manière évidente, l’œuvre d’art me présente quelque chose qui n’est pas totalement réel, mais qui n’en est que la représentation.

Il s’agit donc de bien comprendre que l’œuvre d’art n’est pas le réel mais une interprétation de celui-ci.

Mais il est difficile de nier que nombre de productions artistiques s’inspirent de ce que nous voyons devant nos yeux.

Ainsi l’œuvre qui copie le réel peut aussi nous apparaître comme superflue, et si nous reproduisons ce que nous avons déjà sous nos yeux, à quoi bon ?

Problématique :

L’œuvre d’art n’est-elle qu’une copie de ce qui existe déjà ?

Reprendre ce qui a déjà été fait n’est-il pas vain ?

Dans quel but certains individus s’imposent-ils un tel effort ?

Annonce de plan :

Dans un premier temps, nous envisageons le fait que l’imitation de la nature par l’Art est de l’ordre de l’artifice.

Dans un second temps, nous remarquons qu’il est naturel pour l’humain de répéter ce qui existe déjà.

Nous verrons dans un dernier moment qu’il est réducteur de penser que l’art ne fait qu’imiter et que l’œuvre d’art est un révélateur de la réalité de notre nature.

L’Art imitatif est un artifice.

La copie

(Thèse) On pourrait postuler que l’œuvre d’art donne l’impression de copier le réel et qu’il en est même parfois la parfaite copie.

(Exemple) La sculpture du David de Michel-Ange donne l’impression d’être une copie parfaite de la réalité

(Argumentation) En effet, si l’art doit avant tout représenter au sens de copier, l’idéal de la peinture sera le trompe l’œil. Précisément, la copie c’est l’image qui reproduit et qui conserve les proportions du modèle.

Il y a une continuité entre le modèle et l’image et la déperdition d'authenticité y est réduite. On est très proche du réel.

Ce qui définit le modèle se retrouve l’image et il y a une très grande fidélité entre la copie et le modèle.

Platon distingue, dans « l’art qui fabrique des images », deux formes de la « minétique ».

(Citation) L’art de la copie qui « emprunte au modèle ses rapports exacts de longueur, largeur et profondeur, et revêt en outre chaque partie des couleurs qui lui conviennent.

Et l’art du simulacre, qui déforme le modèle de telle façon qu’il en fasse apparaître l’image pour un spectateur favorablement placé sont ces deux formes.

David, Michel-Ange (1501-1504)

Le simulacre

Cependant, la sculpture de Michel-Ange donne l’impression d’être une copie parfaite de la réalité du corps humain, c’est-à-dire une imitation d’un être naturel.

Or les proportions naturelles dans le David ne sont pas respectées.

Contrairement à la copie, le simulacre est la copie non point du modèle mais de l’apparence du modèle.

Une apparence c’est ce qui apparaît à la surface des choses, par opposition à ce qui est en profondeur, essentiellement.

Le peintre ne reproduit pas les proportions réelles du modèle qu’il peint mais s’attache à reproduire l’effet que produit l'apparence de l’objet.

Lorsque Platon nous dit que l’œuvre d’art est un simulacre ; il ne pense pas que quiconque puisse prendre une apparence figurée pour la réalité.

Mais que cette attirance plus grande vers le faux est dangereuse car nous portons plus notre attention sur le faux et nous dédaignons le vrai.

« Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont nous n’admirons point les originaux » (Pensées, Pascal, B134).

Le trompe l’œil est critiquable car il s’éloigne davantage de la réalité ; un trompe-l’œil ne fonctionne qu’à distance.

Il n’imite même pas la réalité, puisqu’il la déforme pour mieux nous tromper.

Il prend en compte les imperfections de notre nature pour créer des images qui ne sont belles qu’en apparence.

Les trois réalités

Ainsi l’art vient au troisième rang sans l’ordre des réalités.

D’abord l'Idée (au sens platonicien du terme bien entendu), ensuite les choses empiriques, enfin les créations de l’art.

Dès lors, l’art n’est qu’un mensonge, une tromperie et une

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