La lucidité est-elle un obstacle au bonheur ?

Moreno                                 Philosophie

Matys

Tout d’abord la lucidité se définit par la tentative de regarder les choses en face. De plus, être lucide c’est être en état perpétuel de recherche de vérité que requiert la liberté, donc si nous sommes lucides, nous sommes libres : la lucidité n’est pas une contrainte mais une obligation. Il nous faudra nous interroger sur les conditions nécessaires à un bonheur véritable et sensé nous permettant de nous réaliser pleinement, c'est aussi regarder les choses en face, voir la vie telle qu'elle est vraiment et accepter la vérité. La lucidité semblerait donc incompatible avec la notion de bonheur car il est caractérisé par un sentiment général et durable de satisfaction, c’est la fin recherchée par tout être humain. S’il est une fin recherchée, cela ne signifierait-il pas qu’il n’est qu’un idéal et non une réalité ? Ainsi, pour la plupart d’entre nous, nous ne vivons pas à proprement parler dans le bonheur, mais en quête de celui-ci. Souvent le bonheur est perçu comme une illusion, donc incompatible avec la lucidité.

Problématique : La lucidité est-elle un obstacle au bonheur ?

Nous allons nous demander dans un premier temps pourquoi la lucidité est un obstacle au bonheur, puis aborder le thème de l’ignorance qui pourrait être une source de bonheur et enfin envisager l’imaginaire comme une échappatoire au malheur.

Dans un premier temps nous allons porter notre regard en toute lucidité sur le monde qui nous entoure. Comment rester insensible aux guerres qui ravagent le monde ? Si je devais énumérer les guerres de part le monde la liste serait interminable. Les guerres de religions comme en Syrie ou comme au Yémen ou encore en Birmanie et plus encore celle qui oppose Israël à la Palestine. Ces guerres qui provoquent des milliers de victimes, qui semble interminable à la fois pour nous et pour ceux qui les subissent. Il est difficile de comprendre pourquoi l’Homme tue son prochain au nom d’un Dieu.

Il est aussi des catastrophes naturelles que l’homme pourrait éviter s’il n’avait pas fait de l’argent un Dieu. Les famines qui sont dues au réchauffement climatique, la mort de certaines espèces animales. Il est à déplorer la position du président des États-Unis qui nie la réalité et le réchauffement climatique de la planète au nom du Dieu Dollar et approuver celle de L’Europe qui a une autre vision plus responsable que celle des Etats-Unis et qui oblige les entreprises, les constructeurs automobiles à diminuer les émanations de CO2 pour le bien de l’Humanité.

 De même, il est difficile de rester de marbre quand on nous annonce au quotidien, dans les journaux, à la télé, sur les réseaux sociaux des faits divers qui nous chagrinent et qui nous rendent tristes. La violence faite aux femmes, les problèmes de harcèlement, les préjugés par rapport à la sexualité, le racisme au quotidien, la situation des gens qui n’ont pas de logement… Cette liste n’est pas exhaustive et les situations de souffrance sont malheureusement trop nombreuses.

Dans un second temps le regard que l’on porte sur l’autre peut ne pas être propice au bonheur et provoquer de la souffrance.

Du jour au lendemain il peut nous arriver quelque chose de grave. Nous ne sommes pas à l’abri d’une maladie qui apparait et qui peut nous invalider voire nous décimer. Les cancers sont de plus en plus nombreux et même si parfois la guérison est possible les séquelles sont importantes pour ceux qui en sont victimes mais aussi pour nous qui vivons à leur côté. Il est aussi difficile de voir comment une maladie comme celle de Parkinson ou une Sclérose en plaque peut miner un individu et les proches.

De la même façon, l’autre peut se retrouver en situation de handicap suite à un accident de la vie ce que l’on pourra considérer comme injuste et malheureux. Un sportif peut de blesser et se retrouver incapable de pratiquer de nouveau son sport, se retrouver sur un fauteuil roulant pour le restant de sa vie au grand damne de sa famille, de son entourage et de sa propre personne. Ce sont des drames de la vie qui peuvent aller jusqu’à détruire la famille et mener au suicide.

Une vie peut aussi basculer suite à des événements inattendus qui peuvent changer toute une vie et plonger l’autre dans le désarroi. Du jour au lendemain une lettre de licenciement peut anéantir une vie de famille jusque là heureuse. Les divorces aussi sont de plus en plus nombreux et tendent vers la banalité et les victimes ne sortent que très rarement indemnes de ces situations parfois conflictuelles. La mort d’un individu qui nous était chère peut être aussi source de tristesse et plus encore quand on ressentait une grande affection pour la personne qui ne reviendra jamais.

A partir de tous ces exemples nous pouvons dire que la lucidité est un obstacle au bonheur. Mais l’ignorance peut-elle être une source du bonheur ?

Les personnes ignorantes n’ont pas conscience de tout ce qui se passe dans le monde, on peut dire qu’elles sont dans « leur bulle »

Nous pouvons supposer que nous sommes plus heureux dans l’absence de lucidité. Anatole France, dans Les Dieux ont soif, écrit d’ailleurs : « L’ignorance est la condition nécessaire du bonheur des hommes ». Tentons d’en comprendre les raisons. « L’imbécile heureux » fait partie de ceux qui n’ont pas conscience, nous pouvons imaginer « l’imbécile heureux » prendre une autre voie du bonheur que celle construite à partir des illusions. Ceci correspond à la définition du bonheur que nous donne Kant dans Fondement pour la métaphysique des mœurs : « un idéal, non de la raison, mais de l’imagination ». Il nous dit clairement que pour lui l’idéal c’est l’imagination. L’Homme qui est qualifié d’imbécile heureux ne se rend pas compte de sa situation, il ne peut pas se comparer aux autres donc il sera inconscient de sa chance ou de sa malchance c’est pourquoi rester dans l’insouciance amenait plus facilement au bonheur.

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