L'épicurisle ou le bonheur, François Busnel
Fiche de lecture : L'épicurisle ou le bonheur, François Busnel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 22 Juin 2012 • Fiche de lecture • 740 Mots (3 Pages) • 1 111 Vues
L'épicurisme ou le bonheur au présent
Par François Busnel (L'Express) (L'Express), publié le 03/07/2003
L'épicurisme
La sagesse d'Epicure (341-270 av. J.-C.) est encore trop fréquemment confondue avec celle d'Aristippe de Cyrène (435-356 av. J.-C.), et toutes deux sont caricaturées à outrance (1). Non, l'épicurien n'est pas ce «pourceau» qui fait assaut de bonne chère et ne s'épanouit que dans un libertinage débridé. Peut-être s'agit-il de l'une des sagesses les plus utiles pour notre époque, puisqu'elle se propose de nous délivrer de l'angoisse, de nous mettre à l'abri du danger et de la souffrance. Le sage épicurien accomplit tous les actes de la vie quotidienne en fonction d'un but unique: la poursuite du bonheur. Mais, pour Epicure, le bonheur ne réside ni dans le confort matériel ni dans la simple satisfaction des plaisirs. Il advient lorsque l'homme atteint la tranquillité de l'âme, c'est-à-dire lorsqu'il ne subit plus ni trouble ni douleur.
«Jouissons pleinement de l'instant, car le présent seul est le temps du pur bonheur d'exister.» Comment accéder au bonheur? En supprimant le principal facteur d'angoisse, qui est la crainte, répond Epicure. Or la crainte se manifeste sous deux formes principales: la peur de Dieu et la peur de la mort. Si les dieux existent, explique Epicure, ils sont indifférents aux affaires humaines (ce serait déchoir que de s'occuper des mortels: l'autarcie divine est à ce prix), on ne saurait donc les craindre. Quant à la mort, elle «n'est rien pour nous», affirme-t-il. Mais cela ne signifie pas qu'il faille chasser de notre tête l'idée de la mort. Bien au contraire! Ignorer cette réalité ne fait que renforcer l'angoisse au moment où l'on finit par y repenser - et ce moment arrive toujours. Il s'agit de comprendre que la mort n'est rien d'autre que la fin des activités vitales: l'âme, quittant le corps, se désagrège, car elle ne peut survivre sans son enveloppe protectrice. La mort, puisqu'elle est disparition de l'affectivité, ne peut donc pas nous affecter, et il est irrationnel de la redouter: après la mort, il n'y a rien; on est mort, un point c'est tout. Loin de nous désespérer, cette conviction devrait nous sauver et faire de notre vie une fête; en effet, puisqu'il n'y a rien à espérer et rien à craindre, nous sommes totalement libres. Libérés de l'angoisse, nous pouvons nous appliquer à vivre l'instant présent le plus intensément possible - et nous y parviendrons d'autant plus facilement que nous admettrons que nous sommes mortels. Le poète Horace, disciple d'Epicure, ira plus loin encore: carpe diem nous dit-il. Jouissons pleinement de l'instant, car le présent seul est le temps du pur bonheur d'exister.
Or le bonheur ne saurait être parfait si l'on ne distingue pas soigneusement les désirs qui nous assaillent et, souvent, nous perturbent. Certains sont naturels et nécessaires (boire, manger, s'accoupler...) et doivent être satisfaits, d'autres sont naturels mais non nécessaires (les fantaisies culinaires ou sexuelles, par exemple, et plus généralement tout ce qui
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