Kant, qu'est-ce que les Lumières ?
Dissertation : Kant, qu'est-ce que les Lumières ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MathildeJsm • 8 Octobre 2017 • Dissertation • 5 328 Mots (22 Pages) • 1 067 Vues
Kant, Qu’est-ce que les Lumières ? (1784)
Conseil préliminaire :
- Esprit critique (3 ennemis et 3 conditions), dans la disposition d’esprit philosophique
- Minorité/majorité de pensée, dans la disposition d’esprit philosophique
- Conscience morale, dans de la conscience de soi à la connaissance de soi
- Contrainte/obligation et l’autonomie dans liberté et déterminisme
- Allégorie de la caverne (Platon), dans raison et réel
- Raison (définition ; 3 principes ; bornes), dans raison et réel
- Religion naturelle, dans la religion
Introduction générale
I. Le projet des Lumières
1. But et moyen
→ Voir la disposition d’esprit philosophique
L’Encyclopédie est rédigée entre 1751 et 1772 : c’est le grand projet des penseurs du siècle des Lumières (18ème).
But : émanciper le peuple de toute tutelle intellectuelle, politique et religieuse, pour qu’il soit capable de faire usage par lui-même de sa raison. Chaque individu doit pouvoir utiliser son esprit critique, et avoir les moyens de ne pas se laisser manipuler par des sophistes et des démagogues.
Moyen : diffuser publiquement tout le savoir humain, c’est-à-dire rendre accessible à tous l’ensemble des connaissances scientifiques, techniques, philosophiques de l’époque. Ainsi le peuple sortira de son ignorance et aura les instruments intellectuels nécessaires à l’autonomie de penser.
2. Un ennemi fondamental : l’obscurantisme
→ Voir la disposition d’esprit philosophique
L’obscurantisme a 3 formes :
• Les préjugés : opinions admises comme vraies sans analyse rationnelle ni recherche personnelle de preuves. Celui qui a un préjugé se dit que d’autres ont vérifié pour lui et qu’il n’a qu’à appliquer cette idée telle quelle. Ils sont donc issus du conformisme (tout le monde pense et veut la même chose par faiblesse de personnalité) et de la généralisation injustifiée (à partir d’un certain nombre de cas, je généralise à tous les cas). Le véritable ignorant est celui qui ne sait même pas qu’il ne sait pas : il ignore qu’il ignore, et donc croire savoir. Ainsi il reste enfermé dans son ignorance. Cf. L’allégorie de la caverne (Platon) sur la ténacité des préjugés et le besoin d’illusion.
• Les superstitions : craintes religieuses ou mystiques qui attribuent des effets surnaturels (bénéfiques ou néfastes) à des faits naturels.
• Les dogmes : définitions de ce qui est vrai une fois pour toutes, et auxquelles il faut croire sans comprendre et sans les remettre en cause.
Ces 3 ennemis définissent l’obscurantisme, c’est-à-dire l’obscurité de l’ignorance, par opposition avec les Lumières, c’est-à-dire l’esprit critique qui voit la vérité et sait la démontrer. Mais plus que cela, l’obscurantisme est le résultat de l’idéologie dogmatique de certains « tuteurs », qui veulent maintenir le peuple dans son état d’ignorance, et donc d’aliénation.
II. La philosophie générale d’Emmanuel KANT (1724-1804) : le « criticisme »
Lire :
- Repères biographiques page 17
- Enquête, doute, critique page 35
- Critique et non contestation page 36
- Préjugé et présupposé page 36
Réviser : les définitions et les bornes de la raison
III. L’article « Qu’est-ce que les Lumières ? » (publié en décembre 1784)
1. Un concept précurseur : la « servitude volontaire »
La Boétie publie deux siècles et demi plus tôt son Discours sur la servitude volontaire, qui exprime en d’autres termes et dans un contexte différent la même idée d’aliénation du jugement, qui est bien une servitude volontaire, née de la paresse, de la lâcheté et de la complaisance dans l’inertie de la faculté de juger. C’est une aliénation, car on consent à donner ou vendre une partie de soi, ici l’esprit critique.
La Boétie met en évidence 3 causes de la servitude volontaire :
• L’habitude : les hommes se sont tellement habitués à être sous tutelle intellectuelle qu’ils ont presque perdu ou du moins oublié ce qu’est le doute rationnel et méthodique en acte. Rousseau lui aussi fera ce constat dans son Contrat Social (1762) : « les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir d’en sortir », car si « la force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétué ».
• La hiérarchie sociale : l’organisation pyramidale du pouvoir fait qu’à chaque niveau les sujets sont asservis « les uns par le moyen des autres » (La Boétie). Cela produit une sorte d’inter-tutorat.
• Les plaisirs superficiels de la servitude : les combats de gladiateurs et autres divertissements montraient déjà les prémisses de ce qu’on appelle aujourd’hui « la société du spectacle ». La Boétie parle de « droguerie », ce qui signifie qu’ils sont organisés pour endormir la conscience politique et l’esprit critique du peuple, car ceux-ci menaceraient le pouvoir des tuteurs politiques et religieux en place.
Pour La Boétie déjà, l’engagement politique (au sens de polis = la cité, c’est-à-dire l’intérêt général) et l’usage de la raison ne sont qu’affaire de volonté : ils sont en puissance dans la nature de tout sujet humain. Il faut utiliser cette volonté non pas pour décider librement d’être asservis, mais pour réaliser notre dignité humaine, qui est de se servir par soi-même de son propre entendement.
2. Le contexte de la publication de « Qu’est-ce que les Lumières ? »
C’est une revue populaire qui demande aux penseurs de l’époque de répondre à la question « Qu’est-ce que les Lumières ? », car on a le sentiment que ce projet libérateur commence à s’essouffler dans les années 1780. Kant répond à la demande, et sent qu’il y a là une opportunité de diffuser le
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