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Est-il absurde de désirer l'impossible?

Dissertation : Est-il absurde de désirer l'impossible?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2018  •  Dissertation  •  2 016 Mots (9 Pages)  •  630 Vues

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« Désirer l’impossible, être insensible à la peine des autres, voilà deux grandes maladies de l’âme ». Telles furent les paroles prononcées par Bias de Priène au VIème siècle avant J-C. Cependant, l’impossible ne peut-il pas être a l’inverse un remède pour d’autres maladies de l’âme telles que la paresse et l’ennuie ? Pouvons-nous vraiment dire qu’il est absurde de désirer l’impossible? Ainsi Brias de Priène est en accord avec notre première impression qui serait de dire qu’il semble en effet absurde de désirer ce qui n’est pas possible. On appelle possible un évènement qui peut avoir lieu, cela ne signifie pas qu’il ait lieu mais simplement qu’un monde où cet évènement ait lieu est pensable, que ce monde pourrait exister. Au contraire, un monde comprenant une chose impossible est impensable car l’existence même de ce monde serait alors menacée. Ce stylo ne peut pas être uniformément bleu et non bleu, un animal ne peut pas être un oiseau et un mammifère. Désirer ( tendre vers un objet que l’on imagine susceptible d’apporter une satisfaction) l’impossible ne relève t’il donc pas du déraisonnable ? Comment en effet concevoir que l’on puisse désirer ce que par définition nous n’obtiendrons jamais ? Pourtant, lorsque nous quittons la sphère de la pensée rationnelle, tout ce passe comme si l’impossibilité reprenait ses droits : qui n’a jamais vécu la déchirure entre deux désirs, exigeant pareillement satisfaction mais dont les satisfactions réciproques s’excluent mutuellement ? Je veux être riche sans pour autant travailler, je veux réussir mes examens mais ne veux pas fournir les efforts pour obtenir un certain succès… Si tous nous sommes pétris de désirs contradictoires, comment alors ne pas voir l’absurdité dans nos vies qui elles-mêmes et d’elles-mêmes se vouent a la souffrance de l’insatisfaction ? Peut-être alors ne désirons nous jamais l’impossible comme impossible : la contradiction entre nos désirs ne nous apparait justement pas comme telle, de sorte qu’il suffirait à la raison de la rendre manifeste pour nous détourner de l’absurdité. A moins toutefois que la satisfaction ne soit pas là où on le pense : si le désir contenté s’avère toujours décevant, n’est-ce pas parce que le désir ce trouve en fait dans le fait de désirer lui-même ? Mais dans ce cas, désirer l’impossible ne serait-ce pas le moyen le moins absurde pour rencontrer le bonheur ? N’est ce pas aussi ce qui nous pousse à transformer le réel par notre travail et pousse les hommes a accomplir des choses qui semblaient jusqu’alors impossible ? Dans une première partie, nous développerons l’idée que désirer l’impossible est absurde logiquement parlant et nous verrons comment ce désir vain peut amener le malheur chez le sujet. Puis nous verrons que la satisfaction ne se trouve peut-être pas dans l’achèvement du désir mais bien dans le fait de désirer lui-même. Enfin nous arriverons à la conclusion que désirer l’impossible n’est pas absurde car il permet a l’Homme de se perfectionner.

Si l'impossible, c'est ce qui n'est pas à présent et ne pourra jamais être, alors quel sens y aurait-il à le désirer ? Désirer l'impossible, ce serait désirer l'insatisfaction. Or un désir trouve son accomplissement dans son assouvissement. C’est, selon Platon, un manque propre aux êtres vivants, et qui aspire à être comblé. L’inverse étant le déplaisir, ou souffrance, qui consiste dans la continuation de ce manque. Ainsi donc, en ce sens-là, désirer l’impossible est absurde car cela engendre une prolongation du manque, et donc la souffrance. Or, nul être vivant n’aime souffrir. Qu’est-ce que la souffrance ? C’est en général une atteinte à notre intégrité naturelle ce qui veut dire que quand on souffre, on va contre notre nature, et contre ce à quoi elle nous porte. Et on peut appeler l’absurde cela : aller contre l’ordre des choses, de la nature. Mais, la souffrance va-t-elle nécessairement contre-nature et les plaisirs dans le sens de celle-ci ? La diète, le sport et le travail sont ainsi autant de souffrances qui assurent le bien-être du sujet. Epicure distingue quant à lui les plaisirs en mouvements des plaisirs en repos. L’homme doit faire la part, parmi les plaisirs, de ceux qui sont susceptibles de déchaîner l’agitation des passions, et de ceux dont l’assouvissement peut contribuer à atteindre l’ataraxie. Le philosophe énumère ainsi les désirs dont sa doctrine préconise de se détourner : « Parmi les désirs, écrit-il, les uns sont naturels et nécessaires, les autres naturels et non nécessaires, et les autres ni naturels ni nécessaires, mais l’effet d’opinions creuses » . Il faut donc tout d’abord craindre les plaisirs en mouvement, car ils déclenchent en l’individu le cercle vicieux du désir et l’instabilité. Il faut ensuite identifier les plaisirs vains, ou artificiels, comme la recherche de la richesse ou de la gloire, et tout particulièrement ceux qui sont irréalisables, parce qu’ils ne peuvent que condamner l’homme désirant à un état de manque. En définitive, seuls les plaisirs à la fois naturels et nécessaires doivent être l’objet du désir humain. Essentiels à la tranquillité du corps et de la vie même, ils permettent d’atteindre l’ataraxie en arrêtant la spirale infernale du désir. Conformément à cette pensée, les stoïciens condamnent les désirs, sources d’impatience et d’attente, source donc d’aliénation a ce qui ne relève pas de nous mais du cours du monde. Cependant, pour le stoïcien, il est absurde de désirer tant le possible que l’impossible. Dans le Gorgias, Platon quant à lui, comparant le désir au tonneau percé des Danaïdes, inaugure cette tradition dévalorisante du désir : si le désir est comme ce tonneau impossible à remplir une fois pour toutes, l’homme n’est-il pas condamné à une agitation constante, qui l’éloigne de toute sérénité ? Cette image du tonneau percé permet de montrer que le mécanisme du désir ne peut mener au bonheur : tenter d’être heureux en satisfaisant tous ses désirs revient ainsi a passer toute sa vie a courir après le bonheur, sans jamais l’atteindre. L’insatiabilité du désir est ce qui en fait une souffrance, il renait sans cesse et l’impossibilité

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