Comment se fait-il qu'en dépit du temps je demeure le même ?
Dissertation : Comment se fait-il qu'en dépit du temps je demeure le même ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar PERSON Amaury • 7 Avril 2021 • Dissertation • 1 880 Mots (8 Pages) • 804 Vues
Amaury Person
T°5Octobre 2020
Dissertation de philosophie
Tout dans la nature semble soumis à l’influence du temps qui passe. A l’échelle humaine, c’est l’inévitable processus de vieillissement. Pourtant, si je me considère d’année en année, je ne me trouve pas si différent, mis à part mon apparence physique. Cela semble contre-intuitif étant donné le fait que nous ne faisons pas exception à la nature.
Tout d’abord, partons du temps. On pourrait penser que le temps est le même pour tout le monde. Doit-on parler de temps physique, comme le dit Aristote, ou de temps subjectif, la durée pour Bergson ? Puis viens la question du « Je ». Suis-je ? C’est la question à laquelle répond Descartes dans son Discours de la méthode, en disant que je suis le seul à pouvoir affirmer avec certitude : Je suis ! Par conséquent, on ne peut préjuger sur la question de l’existence de l’autre : le Moi est différent du Soi. Enfin, intéressons-nous à la notion de « même ». Comment puis-je dire que je suis le même ? Physiquement ? Mentalement ? Suis-je le même par rapport à quelque chose ou quelqu’un ?
Mais alors, comment se fait-il que, malgré le temps qui passe et les changements qu’il induit, on retrouve une forme de permanence de l’identité personnelle ?
Tout d’abord, nous pouvons penser que le temps qui passe implique des changements inévitables. Mais en s’y intéressant, nous nous rendant compte qu’il existe une sorte de noyau dur de l’identité personnelle qui n'est pas impactée par le temps. Enfin, cela peut nous amener à penser que le temps et ses changements contribuent à forger cette identité personnelle.
Tout d’abord, le temps engendre des changements inévitables.
Premièrement, la nature est soumise à des changements en fonction du temps qui passe. On peut aisément le constater à plusieurs échelles : l’arbuste nait, devient arbre puis finit par mourir ; mais il évolue aussi en fonction des saisons (changement cyclique). On a bien là une évolution au cours du temps. Ces changements se remarquent aussi au niveau de l’être humain. Le nourrisson devient enfant, adolescent, puis adulte et personne âgée. Il a sans aucun doute changé durant toutes ces années. Son corps se transforme avec le temps, et c’est inévitable. On aboutit donc au constat suivant : le monde qui nous entoure évolue avec le temps de façon inévitable.
De fait, la notion même de temps se définit par rapport à un mouvement. C’est la définition physique du temps. Selon Aristote, « le temps est le nombre du mouvement » (Physique, Livre IV). Pour lui, le temps est une succession d’instants que l’on peut observer et donc compter. Ainsi, le temps se reconnaît grâce aux mouvements, qui nous permettent de distinguer l’instant d’avant de l’instant d’après (« l’antéro-postérieur »). On a donc la définition du temps objectif. De plus, cela nous amène à évoquer l’éternité, que l’on oppose au temps qui passe. L’éternité, c’est l’absence de mouvements, l’immobilité. Par conséquent, on en déduit que le temps, c’est le mouvement. Comme le dit Platon, « le temps est l’image mobile de l‘éternité » (Timée). Cela confirme la thèse d’Aristote, son élève.
Enfin, le temps est irréversible, ce qui signifie qu’il a un sens défini. Tout élément passe respectivement dans chacune des trois étapes suivantes : le passé, le présent et le futur. Mais nous ne vivons que dans le présent, et ces trois phases ne sont en réalité que des déclinaisons du présent. C’est le constat que fait Saint-Augustin lorsque qu’il essaye de définir le temps : « Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent et le présent du futur. » (Confessions, livre XI). Or, il ne s’agit pas du même présent. En effet, il nous est impossible de remonter le temps. Le temps entraîne des changements sur lesquels on ne peut pas revenir : ils sont donc irréversibles. Or le temps n’existe que par les changements (les mouvements). En effet, le seul état dans lequel il n’y a pas de changement (et donc pas de mouvement) est l’éternité. On peut donc en déduire que le temps est irréversible.
Nous avons pu voir que le temps qui passe implique des changements, notamment dans la nature, et qu’ils sont irréversibles. Mais ces changements ne sont en réalité que de façade, et il existe une partie de l’identité qui n’est en rien affectée par le temps.
Malgré toutes les expériences que nous pouvons subir, il reste une certaine partie de nous-même qui ne varie pas à cause du temps. Selon certains, elle se situerait dans un lieu immatériel, selon d’autres elle serait influencée uniquement par notre inconscient.
Premièrement, le « Je » se compose d’un corps, le Res Extensa, qui se situe dans une étendue physique ; et d’une conscience, le Res Cogitans, qui se trouve dans le Cogito, selon Descartes. Le Cogito est un lieu immatériel dans lequel on y trouve la pensée de chaque individu. Descartes disait que sa conscience est étroitement unie à son corps mais n’en dépend pas (Méditations métaphysiques). Cela signifie que, selon lui, la conscience est liée avec le corps, mais elle ne se trouve pas dans le même espace que lui : la conscience est dans le Cogito. De plus, d’après Locke, tout le monde possède une conscience. En effet, il dit que « il n’y a pas de personne sans conscience » (Essai sur l’entendement humain). Par conséquent, il existe, pour tout être humain, une et une seule conscience propre qui ne réside pas dans le monde physique. Locke insiste sur le fait que « l’identité personnelle [est] le fait pour un être rationnel d’être toujours le même ». Or, ce qui passe dans le Cogito n’est pas influencé par le temps étant donné le fait que le temps n’agit que sur le monde physique. On peut donc en déduire que la conscience de soi est indépendante du temps.
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