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Comment l'histoire s'écrit-elle ? A-t-elle un sens unique et objectif, ou est-elle seulement subjective et subjective de changer d'un historien à l'autre ? Peut-on considérer l'histoire comme une science ?

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Par   •  10 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 986 Mots (8 Pages)  •  858 Vues

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Le philosophe Hume (1711-1776) écrit "Un homme versé dans l’histoire peut être regardé comme ayant vécu depuis le commencement du monde." Cette citation répond à la question de l’utilité de l’histoire : l’histoire sert à accumuler une expérience qui remonte aux origines de l’humanité. En effet, par l’histoire, chaque génération transmet la mémoire des générations passées, et la jeune génération bénéficie des découvertes et des leçons du passé. Grâce à l’histoire, l’humanité peut progresser et s’améliorer en évitant de refaire des erreurs.

L'histoire est le produit de la subjectivité de l'historien, qui porte un regard rétrospectif sur le passé en le comprenant à la lumière de l'avenir, nous dit Hannah Arendt, philosophe juive du XX ème siècle. Le concept d'histoire change de sens dans cet extrait de la Condition de l'homme moderne. Il ne désigne plus des événements passés, mais le récit que nous en faisons. Elle est faite par le « narrateur » et échappe à ses « acteurs » et n'est donc plus le produit direct des actions humaines comme nous pouvons le penser généralement. H. Arendt justifie ce renversement en distinguant d'abord l'acteur et le narrateur, puis les « actions » et leur « signification », les « motifs » et le « sens », pour montrer ensuite que nous ne fabriquons pas l'histoire comme nous fabriquons un objet, car l'artisan et l'historien, c'est-à-dire l'acteur et le narrateur, ont des rapports inverses au temps. Ainsi nous pouvons nous demander : comment s'écrit l'histoire ? A-t-elle un sens unique et objectif, ou est-elle seulement subjective et susceptible de changer d'un historien à l'autre ? Peut-on considérer l’histoire comme une science ?

En premier lieu, l’histoire a trois sens. premièrement il s’agit d’une discipline scientifique qui étudie le passé principalement humain dans le but d’établir un récit, le plus objectif possible (la vérité historique) en recréant un lien de causalité chronologique d’un passé qui n’est plus ; ainsi l’histoire part de traces et propose une interprétation pour redonner de l’épaisseur temporel au passé. L’histoire peut aussi être comprise comme l’histoire vécu, celle que l’on subit, elle est plurielle et synonyme du temps qui passe. Finalement l’histoire peut aussi être considéré comme une matière de réflexion, sur laquelle on réfléchi.

Mis à part ces récentes définitions, le point de départ de l'analyse de H. Arendt consiste à remarquer que le terme d'histoire est ambigu et désigne soit une série de faits, ayant vraiment eu lieu, soit le récit que l'on en fait, après qu'ils se sont déroulés. Si le premier sens du terme paraît objectif, car le contenu de l'histoire se rapporte aux faits, c'est-à-dire à l'objet, le second paraît en revanche subjectif, car il dépend de la conscience que le sujet en a. Cette distinction bien connue peut faire douter de la valeur scientifique du récit des historiens. Le sens commun peut en effet tenir l'histoire qu'écrivent ces professionnels de la discipline pour « subjective », au sens péjoratif du terme, en leur déniant toute objectivité. L'historien de métier ne donne qu'une version des faits, qui est la sienne. C'est nécessairement la moins bonne : le narrateur qui n'était pas là est moins bien placé que les acteurs pour connaître la vérité. Il n'a pas assisté à l'événement. Il ne peut donc être « objectif ». C'est justement contre ce préjugé que H. Arendt veut lutter, en renversant les positions que le sens commun attribue respectivement aux acteurs et aux narrateurs de l'histoire. La question est de savoir si celui qui participe à un événement peut porter un regard objectif sur lui. Arendt répond ici de façon négative puisqu’elle dit que l’action ne se révèle pleinement qu’au narrateur. Ainsi un acteur de l’histoire ne sait pas pour quoi il se bat ?

Néanmoins, quand Arendt écrit “ le sens de son acte ne réside pas dans l’histoire qui suit” elle sous-entend qu’il faut du temps et le regard d’un narrateur pour comprendre l’histoire. Cependant, nous pouvons nous demander à partir de quand ne sommes nous plus dans l’action pour porter un regard sur l’histoire qui soit neutre ? Il faudrait donc attendre que l’histoire s’achève ? Mais peut-elle s’achever ? Par exemple lorsque nous étudions le mouvement ouvrier allemand, nous allons le travailler de sa création jusqu’à aujourd’hui ; mais nos réflexion sont vouées à être fausse puisque l’action n’est pas fini ( et ne finira sans doute jamais) quand bien m^me nous sommes extérieurs à lui.

L'histoire est toujours faite. Mais elle peut l'être soit par l'acteur, soit par le narrateur, et ne l'est pas dans les deux cas pour les mêmes raisons, ni de la même façon. Les acteurs « agissent » : ils ont des « motifs » particuliers et produisent des événements en cherchant à parvenir à leurs fins. Ils sont engagés dans l'action et la pratique. Le narrateur ne fait en revanche que « regarder » ces actions. Il cherche à en comprendre le sens et en fait le récit. Il est tourné vers la connaissance et la théorie. Cette distinction, qui montre à quel point les positions de l'acteur et du narrateur sont différentes, permet de comprendre pourquoi le narrateur est mieux placé que l’acteur pour témoigner objectivement de l'histoire. L'acteur participe en effet à l'action, à l'inverse du narrateur. Si l'on ne peut simultanément être juge et partie, il ne peut donc être « objectif », ni juste, car son interprétation des événements sera nécessairement partisane, partiale et partielle. Il racontera bien toute l'histoire, mais en la rapportant au but qu'il poursuit : il en donnera alors une version particulière, reposant sur la confusion du « motif » et du « sens ». Elle sera donc « subjective » et non objective, parce qu'entièrement relative à sa conscience et à ses propres

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