Approche subjective de l'expérience d'être conscient

Approche subjective de l'expérience d'être conscient

Il semble que l'impression première soit celle d'une triple séparation entre le monde et moi, les autres et moi, moi et moi-même.

A. Séparation entre le monde et moi

L'être conscient cesse de se confondre avec le monde avec la situation immédiate. Il prend du recul, il n'est plus tout à fait de ce monde, puisqu'il se voit en train de voir le monde. Autrement dit, l'être conscient est à la fois spectateur et acteur et dès lors, il peut se sentir différent, isolé, coupé du monde voire étranger à ce monde. "L'animal fait 1 avec la nature, l'homme fait 2".

B. Les autres et moi

La découverte de ma vie intérieure secrète me coupe radicalement des autres qui me regardent mais qui ne "savent pas" sauf qu'ils possèdent en eux une image de moi souvent inaccessible même dans les tentatives de communication.

C. Moi et moi-même

L'être conscient se dédouble. Il vit comme une coupure entre "je" et "moi". Comme une distance qui subsiste, et qui se reforme sans cesse lorsque je recherche à savoir qui je suis et qui je fais que je ne peux jamais coïncider avec moi-même et être seulement ce que je suis (je suis et je suis conscient d'être). Être conscient, c'est d'une certaine manière communiquer avec quelqu'un d'autre, avec un double qui est en même temps moi-même. Dès lors, pour l'être conscient, "je" est un autre.

Arthur Rimbaud, la lettre du voyant :

"Je" est un dérèglement raisonné et systématique.

Remarque : cette séparation entre le monde et moi, les autres et moi, moi et moi-même n'existe pas dans le réel, elle n'existe que pour moi, car rien ne me sépare réellement de cette réalité dans laquelle je suis plongé. Je suis cette réalité, et en même temps je ne suis pas cette réalité car elle n'existe que pour moi, dans le recul de ma conscience.

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