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L’historien et les mémoires de la 2nd Guerre Mondiale

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Par   •  12 Novembre 2018  •  Cours  •  1 852 Mots (8 Pages)  •  635 Vues

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Thème 1 introductif –  Le rapport des sociétés à leur passé

Chapitre 1. L’historien et les mémoires de la 2nd Guerre Mondiale

L’historien est un savant qui doit chercher la vérité de manière objective et froide en confrontant les documents, les mémoires. Les mémoires sont des souvenirs subjectifs et affectifs d’acteurs (état, groupes, individus) qui font pression pour imposer leurs vérités, souffrances. L’historien doit donc se détacher des pressions imposées par ces acteurs pour accoucher de la vérité historique, héroïque ou cruelle.

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Introduction → De 1940 à 1944, la France est défaite et occupée. Les Français se divisent. Dès 1945, les acteurs de cette période trouble construisent des mémoires, des souvenirs subjectifs et partiels des événements vécus. Longtemps, l’historien, savant qui tente de reconstituer objectivement le passé, est confronté aux pressions de ces groupes variés qui veulent mettre en avant leurs mémoires, de l’Etat qui tente d’imposer sa vérité.

Comment alors les historiens ont-ils renouvelés ces mémoires depuis 1945 ?

Le Résistancialisme que les forces politiques imposent au sortir de la guerre est remis en cause dès les années 1970 par les travaux critiques des historiens avant que, depuis 1995, des mémoires plurielles s’imposent dans un pays qui, pacifié par l’histoire, parvient enfin à assumer son passé.

I- De 1945 aux années 1960 : le mythe du résistancialiste ou l’histoire refoulée.

Résistancialisme : néologisme élaboré par l’historien Henri Rousso en 1987 pour désigner le mythe développé par les gaullistes surtout et aussi par les communistes selon lequel les Français auraient unanimement et naturellement résisté depuis le début de la 2nd GM.

a) Dans quel contexte cette mémoire s’inscrit-elle ?

-Cette mémoire est portée par 2 acteurs majeurs de la Résistance, De Gaulle et le Parti Communiste Français, acteurs qui jouent un rôle politique important jusqu’à la fin des années 1960. Chef du GRPF de 1944 à 1946, président de la 5ème république de 1958 à 1969, DG est au pouvoir longtemps. Le PCF est, durant cette période, le 1er parti politique français qui obtient de 1/4 à 1/3 des voix sous la 4ème République.

-L’objectif de DG est de réconcilier et réunifier les Français divisés par la guerre. Les lendemains de la guerre sont en effet inquiétants : les collaborateurs sont pourchassés, jugés expéditivement (l’épuration sauvage provoque la mort de 9000 collaborateurs à l’été 1944) puis légalement. DG veut faire de cette France unie une grande puissance internationale. Il obtient ainsi le droit de vote à l’ONU. L’objectif des communistes est de faire oublier leur action au début de la guerre quand le Pacte germano-soviétique était encore en vigueur, de jouer un rôle important pendant la Guerre froide après 1947.

b) Le Résistancialisme est une mémoire officielle qui exalte la résistance.

Mémoire officielle : mémoire imposée par le pouvoir qui s’exprime par des commémorations.

Selon les gaullistes, la France unanimement résistante (Vichy est considéré comme une parenthèse) se serait libérée seule. Le PCF se présente comme le « parti des 75000 fusillés ».

La mémoire gaulliste s’incarne dans des lieux (le mémorial, monument commémoratif, du Mont Valérien en 1960), des héros (les restes de Jean Moulin sont transférés au Panthéon en 1964). Le ministre de l’éducation nationale crée en 1961 le concours national de la résistance et de la déportation. Le PCF célèbre ses figures héroïques (G.Môquet, fusillé à 17 ans) et commande en 1946 un film, la Bataille du Rail, à la gloire des cheminots, majoritairement communistes.

c) Les mémoires moins glorieuses sont transformées voire occultés.

-Les « quelques traîtres » vichystes, d’abord victimes de l’épuration (élimination des collaborateurs), bénéficient de l’amnistie (loi qui efface une condamnation) dans les années 1950. L’historien R.Aron, sur la base des arguments développés par les avocats de Pétain lors de son procès, défend en 1954 dans son Histoire de Vichy, l’idée d’un Pétain « bouclier », protecteur des Français et complémentaire de « l’épée » DG. En 1956, le film d’A. Resnais, Nuit et brouillard, censure le rôle actif des gendarmes français dans la collaboration policière.

-Les mémoires moins glorieuses des victimes (prisonniers de guerre et Juifs) n’ont, elles, aucune place ; peu nombreux et considérés comme des déportés classiques, les rescapés Juifs n’osent pas témoigner de l’horreur de l’extermination, dans un pays qui ne veut pas qu’on le culpabilise.

II- Des années 1970 au début des années 1990 : la mémoire est retrouvée grâce à la critique historique.

a) Le contexte change.

-En France, la démission en 1969 puis la mort en 1970 du général de Gaulle, le déclin de PCF dans les années 1970, affaiblissent les forces qui avaient imposé le Résistancialisme. Les intellectuels se libèrent alors du discours officiel. Les jeunes du baby boom émergent, réclament plus de modernité, exigent la vérité sur le passé.

-Au Proche-Orient, l’état juif d’Israël fait la une de l’actualité. Le procès nazi Eichmann en 1961, les guerres de 1967 (« 6 jours ») et 1973 (« Kippour ») médiatisent le jeune état né en 1948 des conséquences du génocide et libèrent la parole des Juifs.

b) Le Résistancialisme est remis en cause mais « le passé a du mal à passer ».

-L’action des Français et des autorités est dénoncée. Sorti au cinéma en 1971, Le Chagrin et la Pitié, documentaire d’Ophuls, montre à partir de témoignages directs, la lâcheté d’auvergnats, présente une résistance très minoritaire. Dans La France de Vichy, l’historien américain Paxton dénonce en 1973, à partir d’archives (documents produits ou reçus par un acteur) allemandes (les archives française restent fermées 60 ans), le collaborationnisme et l’antisémitisme de Vichy : il prouve que Pétain a collaboré volontairement, en persécutant les Juifs dès 1940 (statue des juifs annoté de sa main) mais surtout lors de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942.

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