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Les Français et le fait colonial

Fiche : Les Français et le fait colonial. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2019  •  Fiche  •  1 617 Mots (7 Pages)  •  441 Vues

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Séance 11 : Les Français-e-s et le fait colonial

 

Introduction :

Clémenceau, député de la IIIème République, prononce le 31 juillet 1885 un discours qui répond à celui de Jules Ferry, fervent défenseur du colonialisme, prononcé quatre jours plus tôt.

 Au vu du contexte et des arguments avancés par Clémenceau, on peut se demander comment ce texte met en lumière un décalage entre les préoccupations premières des français tels que Clémenceau les conçoit, et les politiques expansionnistes de la France à cette époque.

 

I)                  La réfutation des arguments du discours de Jules Ferry et de la politique coloniale de la France

a)      Point sur la politique coloniale en France

La France, en 1885, est en pleine période d’expéditions coloniales (l.1-3)

-> Juxtaposition des noms de lieux colonisés dès le début de son discours

-          Certaines sont terminées « nous avons fait » : en Tunisie (1881), en Annam (1883), à Madagascar (1881-1882)

-          Certaines sont en cours « nous faisons » : Tonkin (1883-1886), Congo (1882-1886)

-          Certaines sont prévues « nous ferons » : utilisation du futur qui montre que les députés n’auront pas leur mot à dire.

Georges Clémenceau souligne que les sénateurs n’ont pas eu de pouvoir décisionnel sur la politique coloniale « faits accomplis » (répétition : l.10 et l.12), « c’est la première fois (…) lignes maîtresses de cette politique » (l.6-7),

« Auteur responsable » de cette politique (= Ferry) « se présente à la tribune » : référence au discours de Jules Ferry sur la colonisation du 28 juillet 1885.

b)      La volonté de Jules Ferry de rendre à la France sa grandeur

 

-          La colonisation comme réaction à la « politique de recueillement » des conservateurs

« Messieurs, dans l’Europe telle qu’elle est faite, dans cette concurrence de tant de rivaux que nous voyons grandir autour de nous, la politique de recueillement ou d’abstention, c’est tout simplement le grand chemin de la décadence ».

(Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885)

 

Politique dite « de recueillement » = politique mise en place de 1871 à 1880 par le gouvernement français, suite à la défaite face à la Prusse : privilège au renforcement intérieur, au fait de se remettre de ses pertes (la plus lourde : l’Alsace-Lorraine et ses habitants) plutôt qu’à la création d’une puissance nationale.

La colonisation est un moyen pour les colonialistes de retrouver la gloire nationale française et de rompre avec cette politique de repli.

 

Georges Clémenceau fait allusion à cette partie du discours de Jules Ferry l. 27 : « On nous dit : le recueillement, l’abstention, l’effacement, c’est la décadence » -> gradation qui caricature le discours de Jules Ferry.

 

 

-          La colonisation comme moyen de rendre à la France sa puissance économique :

 

·          Besoin débouchés industriels :

« Les considérations qui justifient la politique d'expansion coloniale au point de vue de ce besoin de plus en plus impérieusement senti par les populations industrielles de l'Europe et particulièrement de notre riche et laborieux pays de France, le besoin de débouchés. » (Discours de Jules Ferry du 28 juillet)

Industrie en plein développement : colonisation perçue comme un moyen d’écouler les produits manufacturés et d’obtenir des matières premières pour continuer à l’alimenter.

Réponse implicite de Clémenceau : c’est en colonisant, et en dépensant de façon inutile que les débouchés industriels se ferment (en France)

« Ces fameux débouchés que vous fermez par vos expéditions guerrières ! » (l.47)

 

·          S’intégrer dans la première mondialisation

« Aujourd'hui, vous ne l'ignorez pas, la concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. » (Jules Ferry)

·          Rester dans la course à la puissance avec les autres pays Européens :

Contexte de concurrence coloniale en Europe, avec le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne : temps du « partage du monde »

 « rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c’est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; C’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième » (Discours de Jules Ferry)

·         Améliorer les conditions de vie dans les littoraux par l’augmentation du trafic maritime :

« à savoir qu’une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d’abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. » (Jules Ferry)

c)      Le devoir de civilisation ou la légitimation de la colonisation par l’idéologie

Ferry : « Œuvre civilisatrice » ou « le devoir de civiliser les races inférieures »

C’est la première fois dans le texte que Clémenceau attaque directement Ferry sur ses arguments en citant son nom « Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, et ce droit (…) est un même temps un devoir de civilisation. Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry » (l.18)

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