Le décret de Ptolémée IV

Le décret de Ptolémée IV 

        Un 22 juin de l'an 217 av. J.-C. se déroule sur les terres de Cœlé-Syrie la bataille de Raphia qui oppose l'Égypte lagide à la Perse séleucide. À cette époque, le royaume lagide s'étend à l'Ouest  d'Euphrantas Pyrgos, en Lybie, jusqu'à la cité de Tyr à l'Est ainsi que de Syène, au Sud, jusqu'aux côtes d'Asie mineure (Ionie, Carie, Lycie, Pamphylie et Trachée) au Nord. Pour le royaume séleucide, il s'étend des plaines anatoliennes, à l'Ouest, jusqu'à Alexandrie Eschate et Arachosie qui sont à la frontière du royaume Parthes et Gréco-bactriens à l'Est ainsi que de Babylone, au Sud, jusqu'à la frontière avec l'Arménie au Nord. Ces deux royaumes dadoniques qui s'opposent dans les guerres de Syrie, pour le contrôle de la Cœlé-Syrie depuis 274 av. J.-C., voit les échecs répétitifs des souverains séleucides à s'emparer des anciennes terres phéniciennes du roi-pharaon Ptolémée II (283-246 av. J.-C.). Néanmoins les espoirs de conquête de la région côtière n'échappe pas aux ambitions d'Antiochos III (223-187 av. J.-C.) qui va (pas de futur en histoire) déclencher la quatrième guerre de Syrie (219-217 av. J.-C.) après avoir mâté la révolte de son oncle Achaïos II en Perse. Après un début prometteur en s'emparant de Séleucie de Piérie, port d'Antioche, il affronte les troupes égyptiennes de Ptolémée IV (221-204 av. J.-C.) à Raphia. Il s'en suit la défaite des armées séleuciennes et de leur nouvel échec à s'emparer de la région. De retour à Memphis quelques-mois plus tard, Ptolémée IV ordonne en accord avec les prêtres égyptiens le décret de Memphis I. Cette source épigraphique est reproduite pour être acheminer dans les différentes nomes, les circonscriptions administratives du royaume lagide afin de rendre compte des décisions prises pour les communautés égyptiennes et greco-macédonienne. La stèle est exposée alors dans le principal temple de la ville ce qui renforce l'autorité du décret en associant le souverain à la divinité locale (dit le dans le développement ça). Celle que nous (ce n'est pas « nous », nomme ceux qui l'ont trouvée) avons retrouvé en 1925 a été réalisée dans un bloc de calcaire blanc et fin pour la huitième circonscription de Basse-Égypte, Pithom. Haute de 66cm, d'une largeur de 61 cm et d'une épaisseur de 15 cm, la stèle est d'avantage (davantage =/= d'avantage) intéressante pour ce qu'elle renferme, la représentation du roi-pharaon et sa rédaction trilingue. Elle est rédigée en hiéroglyphes à l'avant même endroit de la représentation de Ptolémée IV (221-204 av. J.-C.) tandis que l'arrière et les côtés ont été utilisés pour la rédaction en démotique et en grec.

Son commanditaire est donc Ptolémée IV Philopator (221-204 av. J.-C.) qui est le quatrième souverain lagide de l'Égypte antique, il ne l'a pas produitE matériellement de sa main mais ce sont des scribes qui l'ont réaliséE. Descendant de Ptolémée I Sôter (305-283), fils de Lagos qui sont des généraux dadoniques, Ptolémée I est le satrape d'Égypte à la mort d'Alexandre le Grand (336-323 av. J.-C.) bénéficiant de sa proximité avec le défunt et de ses talents militaires. Concernant Ptolémée IV, il ne jouit pas d'une image positive auprès de ces contemporains tel que Polybe et de nombreux historiens actuels à cause de sa prétendue attirance pour le luxe et le délaissement des affaires du royaume. Notons tout de même que son image est d'avantage (davantage)nuancer auprès des historiens contemporains. Il accède au pouvoir à la vingtaine ce qui fait de lui un souverain inexpérimenté qui profite à son ministre Sosibios afin de tirer les réels ficelles du gouvernement. Son jeune âge et son inexpérience dans les affaires de l'État l'oblige à légitimer son autorité sur l'Égypte alors que son ministre a fait assassiner plusieurs membres de sa famille pour qu'il accède a pouvoir.  Outre cela son règne coïncide à une période de transition entre l'apogée des trois premiers souverains lagides et le déclin ouvert à la succession de son fils, Ptolémée V (204-181 av. J.-C.) qui n'a que 5 ou 6 ans. L'Égypte ptolémaïque passe d'une économie prospère et d'un territoire vaste à une économie en berne et à un territoire réduit tout comme son influence. Concernant notre source, il ne s'agit que d'un extrait et il correspond à la dernière partie de celui-ci. En réalité, il débute par des formules protocolaires qui présente le roi-pharaon et une description du voyage triomphal de Ptolémée IV (221-204 av. J.-C.) après la bataille qui est accueilli avec enthousiasme par les populations locales. Notre partie, elle, nous décrit les clauses du décret que les prêtres égyptiens ont incités à rendre en faveur du souverain suite à ses actions méritoires. On retient alors six décisions : l'accroissement des honneurs au roi et à la reine ainsi qu'à leurs parents et leurs ancêtres, l'érection d'une statue des souverains dans chaque temple important d'Égypte avec celle de la divinité locale sur le même socle, l'érection d'une stèle commémorative de la victoire de Raphia, la célébration de la victoire pendant cinq jours à chaque année de la bataille et une fête mensuelle en l'honneur des divinités salvatrices, Isis et Sarapis. On peut alors se demander ; Comment Ptolémée IV Philopator (221-204 av. J.-C.) utilise la victoire de ses armées égyptiennes contre les Séleucides à Raphia, en 217 av. J.-C., afin d'asseoir son autorité politique en Égypte ptolémaïque ?

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        I. Légitimé la place de souverain lagide

        A. La représentation iconographique de Raphia

L'une des premières initiatives de Ptolémée IV Philopator (201-204 av. J.-C.) après la victoire en Cœlé-Syrie a été d'envoyer des répliques du décret royal dans les différentes nomes, circonscription administrative du royaume (déjà dit en introduction tu peux enlever). En effet comme nous l'avons dit la stèle présente une inscription mais avant de s'intéresser à cela, notons la représentation iconographique du souverain. Les lignes 11 et 13, l'extrait du décret nous donne une certaine représentation de Ptolémée Philopator : « L'image du roi que l'on gravera sur la stèle où sera gravé le décret le montrera […] dans l'attitude de circonstance et massacrant une figure d'homme agenouillé ; sur la tête la couronne sera celle qu'avait le roi victorieux dans la bataille » (l. 11-13).(commence directement ta sous-partie par la citation du décret). La représentation iconographique de la stèle montre le souverain lagide dans une posture militaire avantageuse . En effet, le jeune souverain succède à Ptolémée III dans une grande confusion politique. De fait, il doit assurer sa légitimité autant auprès du peuple que de son armée. Ainsi en réclamant d'être représenté dans l'attitude de circonstance (l. 12), Ptolémée IV est en mesure de répondre à deux besoins : 1. Il se représente comme un valeureux guerrier et comme le défenseur de son peuple ; 2. D'une part, pour les soldats n'étant pas présent à Raphia, ils peuvent leur parvenir grâce à la stèle que leur roi-pharaon s'est montré en fin tacticien et en courageux soldat auprès de ces hommes. D'autre part, pour le peuple, ils retiennent l'idée que le roi-pharaon est dans la continuité de ses prédécesseurs soit le défenseur de l'équilibre de l'univers et le défenseur de l'Égypte face aux envahisseurs. Cette idée est renforcée par sa représentation « massacrant une figure d'homme agenouillé ». Le jeune monarque se représente en position de supériorité car il met en avant les valeurs d'un pharaon et d'un roi hellénistique. Pour les Égyptiens, il se procure les valeurs d'un pharaon protecteur, courageux et vaillant et pour les Grecs, il utilise ce que l'on appelle le « droit de la lance ». C'est-à-dire qu'il renforce sa légitimité grâce aux conquêtes militaires, ici en reprenant la Cœlé-Syrie aux Séleucides, et cette victoire est possible uniquement par les valeurs, la personnalité et l'accord des divinités hellénistiques.

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