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De Bonaparte à Napoléon

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Par   •  7 Avril 2016  •  Dissertation  •  2 413 Mots (10 Pages)  •  1 531 Vues

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Dissertation d’Histoire « Napoléon Bonaparte et la Révolution »

     A l’occasion du bicentenaire de la bataille de Waterloo; théâtre de la dernière défaite de Napoléon, en juin dernier, de nombreuses manifestations eurent lieu dans toute la France, dont le point d’orgue fut un spectacle de reconstitution historique sur les lieux même de cette bataille.

    Près de deux cents ans après son abdication, Napoléon reste l’une des plus célèbres figures de l’Histoire, non seulement de France, mais aussi du monde. Personnage fascinant, parfois craint de ses contemporains, il aura sans conteste, fait couler beaucoup d’encre.

   Mais qui est réellement cet homme ? Parvenu au pouvoir sous la période trouble de la Révolution Française, peut-on dire qu’il en est le « fils » ? Autrement dit, comment ce dernier se place-t-il par rapport à la Révolution ?

   Véritable épisode charnière dans l’Histoire, la Révolution fut un tournant décisif. Mettant fin à près de mille ans de royauté et de monarchie de droit divin, reléguant au passé les principes féodaux qui donnaient toute puissance aux nobles seigneurs et au Roi, la Révolution porte un vent de liberté sur les peuples. On ne distingue pas toujours Napoléon de la Révolution, mais tour à tour parricide ou héritier de cette Révolution, Napoléon Bonaparte n’en reste pas moins un personnage à part et unique. Notre propos couvrira la période de 1789 sous laquelle Bonaparte ne fut qu’un illustre inconnu, à 1815 année de l’abdication de Napoléon, connu mondialement cette fois.

     Au travers des institutions héritées de l’Ancien Régime qu’il a mises en place, de sa politique extérieure ambigüe, et de ses nombreuses réformes,  l’action de Bonaparte peut être considérée comme un véritable parricide, ou plutôt, matricide, envers la Révolution.

     

       

     Fils d’un petit noble corse, le jeune Bonaparte, ou « Napoléone » comme on l’appelait enfant, va rapidement gravir les échelons et se faire un nom au sein de l’armée. Traversant la dictature du Comité de Salut Public mise en place par Robespierre, la Convention puis le Directoire, il va rapidement comprendre qu’il faut cesser les excès de la Révolution et mettre en place un régime fort et autoritaire afin de mettre fin aux troubles politiques, aux divisions religieuses, mais aussi à l’inflation galopante. Entamant depuis 1789 une transition vers un régime parlementaire, la France va à nouveau connaître une dictature. Trahissant son serment du 23 août 1789 « d’être fidèle à la Nation, au Roi et à la Loi », le général Bonaparte justifie ce tour de force en déclarant plus tard : «  lorsque je me mis à la tête des affaires, la France se trouvait dans le même état que Rome lorsqu’on déclarait qu’une dictature était nécessaire ». Pour ce faire, il va d’abord imposer en 1800 au Parlement une constitution, la Constitution de l’an VIII,  dictant les bases d’un nouveau régime : le Consulat. En théorie, trois Consuls (Cambacérès, Lebrun et Bonaparte) se partage le pouvoir à l’aide de conseillers et de quatre assemblées. Le suffrage universel est rétabli, et tout jeune âgé d’au moins vingt-et-un an peut voter. Mais en réalité, seul le Premier Consul Bonaparte a l’initiative des lois, les promulgue, peut nommer ou révoquer les ministres et les fonctionnaires et a droit de paix ou de guerre. Ce qui signifie plus clairement que lui seul détient le pouvoir. Mais ceci n’est qu’un premier pas vers sa volonté de vouloir mettre en place une dictature. Une nouvelle constitution, celle de l’an XII, est votée par le Sénat et entre en vigueur le 18 mai 1804. Cette dernière est beaucoup plus explicite et fonde un nouveau régime : l’Empire. Le mot est lâché : « le gouvernement de la République est confié à un empereur ». Et qui est l’empereur ? Napoléon bien sûr ! C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il sera désormais nommé « Napoléon » (Ier) et non plus « Bonaparte ». Comme pour mieux assurer sa postérité, cette nouvelle appellation rappelle curieusement celle des rois de l’Ancien Régime, tel que François Ier… Il choisit de se faire couronner le 2 décembre 1804 dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris par le pape Pie VII. Une foule immense, immortalisée par le peintre officiel David, envahit les lieux en cette froide journée d’hiver afin d’assister à cette fastueuse cérémonie digne du sacre des plus grands rois. En dépit de son serment d’être « le représentant couronné de la Révolution triomphante », la page de cette période trouble est définitivement tournée. Le seul mot « couronné » ruine les efforts des Républicains les plus acharnés, évoquant la monarchie si durement combattue. De plus, le lieu choisi, une cathédrale rappelle le souvenir d’un pouvoir d’essence divin, malgré les vives oppositions de consacrer Napoléon à Reims ou à Chartres, beaucoup trop attachées au souvenir de la royauté.

     Pour assurer la stabilité de son régime, Napoléon met en place de nombreuses institutions récupérées de l’Ancien Régime. D’une part, il met en place certains ministres issus de l’Ancien Régime, comme Lebrun ou Talleyrand, ancien ministre de Louis XVI redevenu ministre sous l’Empire. D’autre part, une série de réformes est adoptée par la loi du 17 février 1800, mettant fin au principe d’autonomie des administrations locales prôné par la Révolution. En effet, Napoléon veut entreprendre une politique de centralisation de la France, avec pour seule capitale Paris. La création des préfets est le reflet des Intendants de province de jadis, avec pour seule différence qu’il ne voit pas leurs prérogatives limitées par les privilèges. La conservation du découpage territorial en régions, départements et communes reste tout de même un acquis de 1793. Paris reste une exception : divisée en plusieurs arrondissements, elle ne dispose pas de maire à sa tête comme aujourd’hui, mais de plusieurs maires d’arrondissement dirigés par le Préfet de la Seine. Celui-ci, chargé des opérations commerciales et de la sécurité est la copie du très ancien Prévôt des Marchands. Pour le seconder, la Préfecture de Police est créée en 1800 avec à sa tête un Préfet de police, chargé du maintien de l’ordre. Une fois de plus, c’est un emprunt à la monarchie : l’ancêtre du Préfet de police, aujourd’hui nommé en Conseil des Ministres, n’est autre que le Lieutenant-général, poste crée par Louis XIV. Le traitement particulier de Paris réside en son statut de capitale, mais aussi dans le fait que Napoléon, traumatisé par la violence des émeutes révolutionnaires, craignait une insurrection parisienne contagieuse. En outre, la signature du Concordat entre le Pape Pie VII et Napoléon en 1805 balaie les efforts de laïcité impulsés sous la Révolution et maintenus sous le Directoire. Désormais, l’Etat subventionne les Eglises et nomme les plus hauts membres du clergé. Enfin, le décret du premier mars 1808 rétablissant les titres nobiliaires et la création d’une noblesse d’Empire, contrastent avec l’image de sauveur de la Révolution de Napoléon.

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