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Vian / Voltaire / Corpus Guerre

Commentaire de texte : Vian / Voltaire / Corpus Guerre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 004 Mots (5 Pages)  •  566 Vues

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Questions sur le corpus

1 — Le premier texte (A) est extrait d’un roman philosophique, Candide, écrit par Voltaire (1694 – 1778) et publié en 1759, quatre ans après le tremblement de terre de Lisbonne et au plein de la Guerre de sept ans.

Il adopte un genre épidictique marqué par un style ironique qui dénonce les atrocités et l’absurdité de la guerre.

Le deuxième texte (B) est extrait d’une lettre de Boris Vian (1920 – 1959) à un conseiller municipal parisien qui avait dénigré sa chanson « Le Déserteur » écrite durant la Guerre d’Indochine pour en dénoncer l’absurdité. Il prend la forme d’une interpellation, d’un plaidoyer et d’une justification (genre judiciaire sous une forme épistolaire).

2 — Dans le texte A, Voltaire dénonce l’aspect pompeux de la guerre, l’emphase des préparatifs et des célébrations à postériori (Te deum = louange) ; le nombre invraisemblable de victimes militaires, nombre équivalent dans les deux camps ; les atrocités commises sur les victimes civiles tant par un camp que par l’autre.

        Boris Vian dénonce quant à lui la propagande, l’ignorance dans laquelle on maintient les combattants et même la population vis-à-vis des véritables enjeux, l’absurdité de ces enjeux, le mépris pour la vie humaine, de surcroît jeune, l’horreur des combats, les privations subies par les civils.

Vian et Voltaire se rejoignent sur les atrocités subies par les populations civiles et militaires et l’absurdité des pertes humaines.

La juxtaposition des deux textes permet de noter une évolution quant aux modes de manipulation des peuples : la pompe guerrière et l’apparat au XVIIIe S. a cédé la place, au XXe, au cynisme de la propagande. Chez Voltaire, le « héros » est brillant et vain ; chez Vian, il est possible mais sachant.

3 — Ces deux textes, pour convaincre d’une même aversion pour la guerre, recourent à des registres différents :

Chez Voltaire, la satire et l’ironie dominent. Il s’agit d’un texte descriptif qui recourt à de saisissants effets de contraste : entre le ton badin, concis et l’horreur des descriptions ; par l’emploi de formes oxymoriques (harmonie /enfer ; boucherie héroïque). Il use par ailleurs d’effets d’accumulation « … si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné … », voire de graduation « …les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons … » ou de parallélisme de construction (six mille hommes par les canons, neuf à dix mille par les mousquets, plusieurs milliers par les baïonnettes), avec le total de victimes grossièrement évalué à l’issue de la phrase, « à la louche » dirait-on aujourd’hui vulgairement, afin de souligner le mépris pour la vie humaine.

L’effet comique est retrouvé dans l’autodérision « il tremblait comme un philosophe », ce dernier pouvant bien être Voltaire lui-même, ou dans la litote « il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes » pour « il décida de s’enfuir de cet enfer au plus vite », ou encore dans l’ironie par allusion au credo de Pangloss « … ôta du meilleur des mondes [des] coquins qui en infectaient la surface ».

Chez Boris Vian, dans le registre épistolaire, interpellatif (il apostrophe le destinataire « Non, M. Faber »), exclamatif « croyez-moi ! »,  le genre se fait épidictique et très engagé (pronominalité par l’emploi fréquent du « je »). Les justifications qui contrent les attaques dont sa chanson est l’objet recourent apodictiquement à l’ « amitié » par opposition à la désinformation « bourrant le crâne de mots d’ordre vides et de prétextes fallacieux ». De même dans la rectification du procès d’intention : « je ne les insulte pas, je les pleure » .

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