Une demande en mariage insolite - L'étranger, Albert Camus
Commentaire de texte : Une demande en mariage insolite - L'étranger, Albert Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tingarii • 11 Novembre 2016 • Commentaire de texte • 2 938 Mots (12 Pages) • 3 838 Vues
Né en 1913 en Algérie et mort en France en 1960, Albert CAMUS est un écrivain majeur du XXe siècle. Il est par ailleurs récompensé en 1957 du prix Nobel de Littérature. Son 1er roman L’Étranger, parut en 1942, appartient avec Le Mythe de Sisyphe et Caligula au « cycle de l’absurde ». Ce dernier expose la philosophie de CAMUS selon laquelle la vie n’a pas de sens et seul le hasard et la fatalité guident nos pas.
L’Étranger nous narre l’histoire de Meursault, narrateur et personnage principal, de la mort de sa mère à la veille de sa propre mort. L’extrait que nous allons étudier correspond à la demande en mariage de Marie.
Je vous propose de lire cet extrait du livre. PROPOSITION DE LECTURE
Au vu de cet extrait, comment et pourquoi les deux personnages s’opposent-il à travers cette demande en mariage ?
Nous verrons tout d’abords que la singularité de cette demande est au service de l’opposition des personnages, puis que cet extrait présente ces deux personnages comme opposés et inconciliables. Enfin nous verrons que cette opposition sert à annoncer la suite
- Une demande en mariage insolite
- Des conventions inversées
Cet extrait reprend et inverse l’un des grands classiques de la littérature, la demande en mariage.
- Demande en mariage étrange → c'est la femme, Marie, qui demande : elle pose la question : « m’a demandé » l.2. C'est inhabituel, pas conventionel.
- Elle marque des temps de réflexion (suggérés par les silences) → inabituel dans le cadre d’une demande en marige ou la réponse « oui » fuse instantanément.
- C’est elle qui a les gestes tendres « elle m’a pris le bras »l.29 → en opposition avec le rôle traditionel de l’homme agenouillé
- Le verbe « déclaré » l. 30 prend ici tout son sens (= décidé) et est prononcé par Marie.
- Réponses peu claires de la part de Meursault : Il ne prend pas position, il laisse le choix à Marie. Indifférence par rapport à elle. Il subit cette demande en mariage
- Le mot mariage n’apparait que dans la bouche de marie, Meursault n'ose pas dire "se marier", il remplace se terme par "cela" l.3, « le faire »l.4 "le ferions" l.31 →le pronom remplace le mot mariage → Meursault n’attache aucune importance à cette union
- Manque de romantisme évident → Meursault admet qu'il aurait eu la même réaction pour n'importe qu'elle autre fille l.17 à 21.
- L’alternance du style indirect et direct entre Meursault et Marie comme aux lignes 35 à 37 : « elle m’a demandé comme c’était. Je lui ait dit : « c’est sale » » → contraire aux codes normalement cette scène présente un ralenti et est au style direct pour rajouter de la vraisemblance et inclure le lecteur
- Récit dans l’oralité et récit simple : Pas de cri de joie, aucune sensation → inversé car sujet sentimental
- Détournement du solennel de la demande
- Une narration dépouillée
L’écriture efface toute tonalité dans le dialogue, gomme toute affectivité de la part de Meursault, le narrateur.
- Les phrases sont brèves, syntaxiquement plates comme vous pouvez le voir à la l.17 : « puis elle a parlé. » → le plus souvent pas de subordonnées, sauf hypothétiques et constitutives du style indirect.
- L’absence de connecteurs logiques ou temporels, la juxtaposition des phrases sans hiérarchie → neutralité et du vide du dialogue.
- Le vocabulaire est très simple, le plus souvent général. Les mots sont courts, ordinaires et souvent répétés : « est venue » l.1, « faire » qui se répète plusieurs fois aux l.4,6,31, « demander » l.2,12,21, « dire » l.3,9,13,20,33,36
- Le choix du style indirect enlève toute vivacité à la scène la rendant plat → distance que prend M par rapport à la scène qu’il raconte comme un fait divers, avec indifférence.
- Écriture neutre, froide, subjectif → pas de coté romantique
- Un dialogue stérile, marqué par le silence
- « si je voulais me marier avec elle » l.2, « qu’elle voulait se marier avec moi » l.30 : → structure du texte → seule la place et la fonction des pronoms ont changé → stérilité du dialogue → dialogue stationnaire se ferme au fur et à mesure de la conversation ≠ ouverture sur la demande en mariage
- C’est le silence, plusieurs fois mentionné, qui domine : « Elle s’est tue […] et elle m’a regardé en silence » l.16-17
- Il n’a pas de fil conducteur : pas de transition, marquée par l’asyndète : « Je lui ai parlé… », l. 32 →Meursault change de sujet sans crier gare, comme si la demande en mariage était une affaire classée
- Questions de Marie, soit au style direct comme à la ligne 8-9 soit de manière indirectes l.2,5,17,21,36 → refus de réponse ou Meursault ne sais pas → dialogue stéril.
- 2 points de vues opposés → cependant : aucune dispute → car une juxtaposition → créée les silences l.16, 24, 28 → « nous » associé au silence→ dialogue stérile les png n’ont rien à se dire
- Répliques juxtaposées, mais pas de véritable communication ; êtres solitaires, langage insuffisant
- Reprise des termes de Marie dans une sorte d'écho : "si je voulais" l.2 → "si elle voulait" l.4 et formation d'un chiasme à distance "Nous pourrions le faire / si elle le voulait" l.4 "Si elle le désirait / nous pouvions nous marier" l.11 ce qui met en valeur le fait que le discours se répète : aspect mécanique, dénué de sentiments.
Transition : Nous avons vu dans cette première partie comment cette demande en mariage inconventionnelle oppose ces deux personnages, nous allons désormais nous pencher sur les points spécifiques qui mettent en avant cette différence.
- Deux personnages opposés et inconciliables
Le nom des deux jeunes gens est en lui-même l’une des premières marques de cette opposition, MARIE, la mer, anagramme d’aimer, prénom de la mère du Christ et donc créatrice de la vie et MEURSAULT, le soleil, incapable du moindre sentiment, et le MEUR de mourir.
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