Un rêve, Aloysius BERTRAND, début de commentaire
Commentaire de texte : Un rêve, Aloysius BERTRAND, début de commentaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mayanebaroggi • 27 Septembre 2020 • Commentaire de texte • 680 Mots (3 Pages) • 1 038 Vues
Dès la première phrase, l’espace temps est imprécis. Plus loin, l’auteur écrit “C’est à Dijon, de temps immémorial” et ainsi précise le lieu, mais maintient l’inconnue du temps. Au fur et à mesure que le texte se déroule, les descriptions construites autour de mots noyau se multiplient ; on retrouve une abbaye, une forêt, un Morimont. Ces descriptions permettre de dépeindre une scène médiévale. Le décor planté est sombre, inquiétant. Les mots “abbayes”, “pénitents”, “prières”, “prieur”, “moine”, “cierges” et “chapelle” constituent le champ lexical de la religion et confirme ainsi l’univers médiéval avec l’omniprésence de la religion auquel on fait face. Cette description du Moyen-Âge correspond à l’imaginaire collectif de cette époque.
Aloysius BERTRAND joue sur un jeu de correspondance entre le premier paragraphe et le deuxième. Chacun des paragraphes se découpent en 3 descriptions, introduites par “ainsi j’ai vu, ainsi je raconte” et “ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte” : dans le premier paragraphe, ces descriptions sont purement visuelles mais dans le second, elles sont auditives. Elles se complètent : d’une part il voit “une abbaye aux murailles lézardées” et puis il entend “le glas funèbre d’une cloche”, il voit “une forêt percée de sentiers tortueux” et entend “des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d’une ramée” et enfin, il observe “le Morimont grouillant de capes et de chapeaux” et perçoit “les prières bourdonnantes des pénitents noirs”. Par ce procédé d’écriture, BERTRAND précise la scène avec un effet de “zoom” et lui donne du relief en mobilisant différents sens pour sa description.
La première phrase du poème , “il était nuit” rappelle un univers merveilleux du conte. Cependant, cet univers est vite déconstruit par la précision de l’espace temps. Par ailleurs, la question de l’univers fantastique se pose, notamment dans le dernier paragraphe. Le point de vue du narrateur change, l’utilisation d’un “moi” confirme qu’il passe de spectateur à acteur. Son récit devient personnel, il assiste à sa propre exécution. Pourtant il est gracié car “la barre du bourreau s’était, au premier coup, brisée comme un verre”. on retrouve ici un dédoublement de l'ego, un trouble, le motif central de la littérature fantastique, qui met en exergue un paradoxe qui se retrouve tout au long du texte. Jusqu’ici, le texte était très logique, cohérent et le rythme était invariable. Le troisième paragraphe diffère des précédents en cassant ce rythme et en mettant en place des incohérences. Ainsi, la fin est imprécise, elle laisse place au doute, au paradoxe caractéristique du fantastique : était-ce un rêve, une folie ou la réalité ?
Aloysius BERTRAND utilise le sens de l'ouïe pour enrichir son texte. Il met en place un rythme ternaire répété plusieurs fois. Ses descriptions sont organisées par blocs de trois. Ce rythme pourrait avoir un aspect rassurant mais ici c’est tout le contraire : la musicalité est lourde, assourdissante. De plus, il associe des sons à la violence “pleurs”, “glas”, “sanglots”, “cris”, etc…
Les allitérations en [f] et en [r] contribuent à rendre l’atmosphère inquiétante : “des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d’une ramée”. Ce rythme est rompu dans le dernier paragraphe.
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