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Théâtre de l'absurde : Mettre en valeur l'originalité et la modernité de ces 3 extraits théatraux

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Par   •  28 Avril 2019  •  Analyse sectorielle  •  1 815 Mots (8 Pages)  •  871 Vues

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Question de corpus :

Vous mettrez en valeur ce qui fait l’originalité et la modernité de ces trois extraits théâtraux :

Extrait de Eugene Ionesco : le roi se meurt de « Nous verrons bien si je n’ai plus le pouvoir » à

« Accident technique »

Extrait de Albert Camus : Caligula acte 1 scène 8

Extrait de Samuel Beckett En attendant Godot scène d’exposition

Ce corpus est composé de trois extraits de pièces théâtrales différentes.

Le premier extrait est tiré du " Roi se meurt " d'Eugène Ionesco, qui date de 1962. Le second extrait est tiré de « Caligula » de Albert Camus écrite en 1945. Le troisième extrait vient de « en attendant Godot » de Samuel Beckett et date de 1952.

Ces trois textes ont donc été rédigés dans la période de l’après seconde guerre mondiale et il existe des caractéristiques communes entre ces pièces de théâtre bien qu’elles ne traitent pas du même sujet.

En effet, face à ces dialogues, le lecteur est frappé par la modernité et l’originalité du ton employé.

Ces trois extraits sont en rupture avec le théâtre dramatique traditionnel dans le sens où l’action est absente et où ce qui prime est une réflexion philosophique sur la condition humaine et sa dimension tragique. La notion de la mort est d’ailleurs abordée dans les trois extraits. L'action dramatique est limitée pour ne laisser transparaître que la dimension métaphysique de l'homme.

Le langage n’est plus là pour servir une narration mais pour démontrer la violence (chez Camus), la vacuité de l’existence (chez Beckett) ou encore une réflexion sur notre propre mort, et sur nos réactions face à notre propre fin (chez Ionesco). Le langage est déstructuré. Il ne s’agit pas de faire de belles phrases mais de montrer, à travers les mots, les barrières qui enferment la pensée.

La fin de chaque pièce se laisse deviner dès le début. Il n’y a pas d’intrigue ni de suspense.

Les personnages des trois extraits ne sont pas des héros au sens traditionnels du terme.

Dans l’extrait de Samuel Beckett, les phrases sont courtes, le dialogue réduit à sa plus simple expression. Les personnages sont comme enfermés dans un univers absurde. Il ne se comprennent pas. La question de la vacuité et de la vanité de la vie est sous-jacente. L’homme cherche toujours un sens au lieu de se résigner au fait que la vie n’en a pas.

On retrouve chez Ionesco cette dimension là. Le roi refuse de se résigner à mourir alors que sa mort est inéluctable. Il pense que sa volonté peut tout. Il ne se résigne pas.

« Je prouve que je peux, je prouve que je veux » ligne 3

Pour Camus, c’est la mort de Drusilla, sa sœur, qui va entrainer Caligula dans une violence aveugle. Croyant exercer sa liberté, l’Empereur va déchaîner sa fureur contre son peuple et s’enfermer dans une logique absurde. Lui aussi pense que sa volonté peut tout et croit ainsi repousser la douleur de la mort de sa sœur.

Afin de démontrer ce non sens de la vie, Beckett va planter un décor pauvre, vague, mal défini : « route de campagne ». On a l’impression que les deux personnages sont posés là, fixés dans cet espace indéfini, comme si ils devaient ne jamais quitter cette route. Paradoxalement une route qui est un endroit de passage devient pour eux un point d’ancrage. Cela donne un effet de stagnation.

Comme l’espace le temps apparait indéfini et répétitif suggérant la stagnation des personnages. L’époque est indéterminée. On ne sait quand se passe l’action.

Le futur apparait indistinct, les actions repoussées à un futur indéfini : « tout à l’heure, tout à l’heure » répond estragon à Vladimir qui suggère une embrassade.

La stagnation des personnages est marquée par le champ lexical de la répétition : « te revoir », « recommence».

Le terme : « rien » insiste sur l’inutilité de l’action. « rien à faire » ligne 7. Estragon tente en effet vainement d’enlever ses chaussures. Cette phrase est comprise autrement par Vladimir qui, lui, voit là une réflexion philosophique sur l’existence.

Les deux personnages ne se comprennent donc pas. Le malentendu est omniprésent et renforce la sensation de flou ressentie par le lecteur.

Les réponses aux questions sont vagues, évasives : « si…pas trop » ligne 25.

« Je ne sais pas » ligne 27.

Les personnages font référence à un âge d’or désormais révolu. Il y a comme un désespoir, un renoncement à se battre pour la vie.

« On portait beau alors… » ligne 38.

Certains mots sont répétés en boucle, ce qui suggère également une inaction, un enfermement.

« Tu as eu mal ? » ligne 50

« Mal ! il me demande si j’ai eu mal ! » ligne 51

Enfin, la question de la mort est abordée à travers le personnage de Vladimir, qui, d’une part s’acharne à retirer sa chaussure et d’autre part, renonce au suicide, considérant qu’il est trop tard pour y songer : « maintenant il est trop tard » ligne 38

Chez Ionesco, les phrases sont également courtes et répétitives.

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