Sujet d'invention Horace de Corneille.

Suite aux indications donner par Christophe, le metteur en scène, afin d'interpréter au mieux le jeu théâtral du personnage de Camille sur scène, Louise, son actrice refuse. Cette dernière souhaite incarner l'intensité des sentiments qui habitent Camille autrement.

Louise, toquant à la porte. - Puis-je entrer Monsieur ?

Christophe, se levant de sa chaise – Bien sur ! Asseyez vous, je vous prie.

Louise, s'asseyant. - Je suis navrée de vous apprendre que je ne pourrais point incarner le rôle de Camille comme vous l'entendez. J'aimerais pouvoir m'épanouir complètement à travers ce personnage, montrer réellement les sentiments humains que Camille éprouve.

Christophe. - C'est absurde ma chère ! Comment voulez vous interpréter le jeu théâtral de cette dernière autrement ? C'est un personnage purement tragique comme nous le compte Corneille dans sa pièce. Ma mise en scène se veut donc de respecter le texte de ce grand dramaturge ainsi que sa dimension tragique.

Louise. - Monsieur, je conçois votre souhait de rester fidèle à la pièce. En effet, lors de cette scène 5 de l'Acte IV, la jeune femme apprend la mort de son bien aimé renforçant l'aspect tragique, pathétique de la pièce. Toutefois, n'oublions pas que cette mort est un assassinat. C'est pourquoi, suite à cet événement, afin d'incarner au mieux l'intensité des sentiments qui habitent Camille sur scène, je pense qu'il serait préférable de mettre l'accent sur la fureur, la rage, l’indignation de cette dernière, plutôt que de la présenter tel un personnage fragile et faible. De plus, au cours d'une de ses longues tirades, on constate une certaine progression de son agressivité.

Christophe. - C'est tout à votre honneur de vous impliquer autant dans la mis en scène de cette pièce. Cependant, la dimension tragique est marqué dès le début de la scène où la jeune héroïne fait face à un dilemme, choisir entre la passion, celle de venger son grand amour, et l'honneur, celle de soutenir son peuple. De plus, les rares didascalies présentent dans l'extrait, concrétise la mort de cette dernière. En effet, la première « mettant l'épée à la main et poursuivant sa sœur, qui s'enfuit » montre l’intention criminelle d'Horace de tuer sa sœur, la seconde «  blessées, derrière le théâtre » dévoile la mort de Camille en coulisse. En outre, c'est un personnage tragique féminin, le spectateur est alors touché par son histoire, la rendant vulnérable ainsi que pathétique.

Louise. - Je ne partage guère votre opinion ! Camille est un personnage fort, marqué par son intense désir de vengeance. Elle est le reflet de la femme puissan....

Christophe, coupant Louise. - Il est vrai, comme vous que je ne conçoit pas le fait que Camille pardonne les atroces actes commis par son frère ! J'imagine simplement sa colère beaucoup plus réservée, conservant intimement son désir de vengeance, rendant ce personnage plus vertueuse et admirable.

Louise. - Je pense qu'à travers cette colère, à travers une mise en scène différente nous pouvons véhiculer un nouveau message, celui de la femme moderne qui sort du modèle sexiste. En effet, tout au long de la pièce, ce personnage féminin n'est pas reléguée au second plan comme dans d'autre pièce. De plus, Camille est un personnage qui s'inscrit en plein dans le devenir politique et historique de sa cité romaine, elle n'est pas passif, ni un témoin neutre. Elle occupe une place importante. Ainsi, j'aimerais transmettre ce message, à travers cette forte émotion.

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