Snagarelle, personnage tragico-comique de Molière

Au 17e siècle, le théâtre français atteint des sommets grâce, entre autres, à la qualité des auteurs dramatiques. Molière, acteur, dramaturge et metteur en scène français, est l’un d’entre eux. Il a écrit plus d’une trentaine de pièces de théâtre. Parmi ses œuvres, on retrouve plusieurs comédies remarquables, qui s’amusent à mettre en évidence les travers et les sottises des humains. L’une de ces comédies, Dom Juan, met en scène le personnage de Sganarelle, valet de Dom Juan, comme étant tragi-comique. Cette particularité de Sganarelle sera étudiée dans ce texte en considérant les deux aspects suivants : en premier lieu, il sera question du côté tragique du valet et, en second lieu, l’aspect comique de l’homme sera traité.

Tout d’abord, le tragique du personnage de Sganarelle est perçu dans les sentiments négatifs qu’il éprouve face aux mœurs dépravées de son maître, mœurs qui vont à l’encontre des valeurs morales et religieuses du valet. Alors qu’il parle de son maître à Gusman, Sganarelle confie son état d’âme dans le passage suivant : « … qu’il me vaudrait bien mieux être au diable que d’être à lui, et qu’il me fait voir tant d’horreurs, que je souhaiterais qu’il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose […] la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste » (p. 34). Dans cet extrait, l’hyperbole « mieux être au diable que d’être à lui » exagère la cruauté du maître envers Sganarelle. En préférant être au diable, le valet considère que ce dernier serait un maître plus gentil, qu’il lui ferait voir moins d’horreurs. Cette exagération de la cruauté de Dom Juan intensifie le côté tragique de la vie de Sganarelle. Également, l’antithèse « grand seigneur méchant homme » démontre la différence entre ce que Dom Juan projette comme image (grand et noble seigneur) dans la société et ce qu’il est en réalité pour Sganarelle, un homme méchant. Cette antithèse crée un contraste qui permet d’amplifier les bassesses de Dom Juan, bassesses qui énervent Sganarelle au plus haut point et qui lui rendent la vie pénible. Finalement, l’utilisation du champ lexical de la peur, « diable, horreur, méchant, terrible », amplifie fortement la crainte qu’éprouve Sganarelle envers son maître donnant l’impression que ce qu’il vit avec Dom Juan est un vrai cauchemar, d’où le tragique de sa situation.

Toutefois, malgré son côté tragique, Sganarelle est également un personnage comique qui sait provoquer le rire chez le lecteur. Ce comique se reflète dans les commentaires que Sganarelle fait à son maître. Alors que Sganarelle tente de prévenir Dom Juan des dangers qui l’attendent de manière détournée, il mentionne « Pensez-vous que pour être de qualité, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu (ce n’est pas à vous que je parle, c’est à l’autre), pensez-vous, dis-je, que vous soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et qu’on n’ose vous dire vos vérités. » (p. 42).

Dans ce passage, Sganarelle utilise l’ironie lorsqu’il déclare «ce n’est pas à vous que je parle, c’est à l’autre » il fait semblant de s’adresser

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