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Roman Gary « j’ai soif d’innocence »

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Par   •  3 Octobre 2020  •  Dissertation  •  2 635 Mots (11 Pages)  •  13 873 Vues

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Roman Gary « j’ai soif d’innocence »

Le récit de voyage a-t-il pour unique fonction de proposer une évasion au lecteur ?

  • Les écrivains écrivent la plupart du temps pour s’évader de la vie en société qui leur est insupportable. Romain Gary appartient à ces auteurs qui vont dénoncer la corruption de la société et la cupidité des Hommes, et notamment dans sa nouvelle J’ai soif d’innocence, publiée en 2012, dans laquelle un homme souhaite quitter cette « civilisation » afin d’y retrouver une « innocence ». Nous nous demanderons si cette nouvelle a pour seul but de proposer une évasion au lecteur ? La notion de voyage est associée à une découverte de la réalité et l’évasion à une fuite du réel. Ainsi cette découverte de la réalité a-t-elle pour unique objectif de permettre au lecteur de fuir la réalité du monde qui l’entoure, ou pouvons-nous en déceler d’autres fonctions ? Nous tenterons de répondre à cette question en étudiant d’abord la réponse positive à cette question, avec la découverte de cette île pure et de la candeur de ses habitants. Ensuite, nous nous interrogerons sur les potentiels autres fonctions d’un récit de voyage tel que celui-ci.

  • Le récit de voyage qu’est la nouvelle j’ai soif d’innocence a bien pour fonction de proposer une évasion au lecteur par l’exemple d’évasion qui est interprété par le narrateur. Ainsi, immédiatement au début de la nouvelle, le narrateur nous livre sa décision de, comme il le dit dès le première ligne, de « quitter la civilisation et ses fausses valeurs » afin de combler sa « soif d’innocence ». Par l’évasion du narrateur, l’auteur nous provoque nous aussi à nous évader pour une seule raison : « [l’]atmosphère de compétition frénétique et de lutte pour le profit », car l’argent apporte toutes sortes de mesquineries et d’actes ignobles.

C’est d’abord en fuyant « le plus loin possible » de l’argent qu’il découvrit Taratora, « une petite île perdue des Marquises », un archipel de la Polynésie française. Le narrateur met en relief l’aspect paradisiaque et édénique de l’île, en la décrivant de manière pouvoir rêver de cette île et ainsi nous évader ces termes idyllique : « la beauté mille fois décrite », « la chute vertigineuse des palmiers de la montagne à la mer, la paix indolente d’une lagune que les récifs entouraient de leur protection, le petit village aux paillotes dont la légèreté même semblait indiquer une absence de tout souci ». Il appuie d’autant plus ce cadre avec une réflexion avantageuse reliant l’évasion du lecteur à son histoire : « Dès que je pris pied sur l’île , je sentis que mes rêves étaient enfin sur le point de se réaliser. », car « le bateau du Comptoir perlier d’Océanie [y] jetait l’encre trois fois par an. », renforçant l’idée que cette île est belle et bien idéal pour son désir d’évasion et d’éloignement de la société et de la civilisation. Néanmoins après la découverte des tableaux, la cupidité de sa civilité d’antan le rattrape et c’est alors « [qu’]un combat terrible se livra alors dans [son] âme. » entre son désir d’évasion qui est la raison pour laquelle il était sur cette île et la cupidité humaine. La cupidité le rattrapa bien, mais après la révélation de la vérité à l’hôtel, elle disparue et alors s’installa un dégout et une nouvelle solution lui vint et il dit ainsi : « Il ne me rest[e] vraiment qu’à me retirer dans une île déserte et à vivre seul avec moi-même si je voulais satisfaire mon lancinant besoin de pureté. ».

Ensuite, le désir d’innocence du narrateur ne réside pas qu’en un lieu pure et idyllique, mais aussi en une population et en des personnes fiables avec une candeur exemplaire. La population de Taratora semble être l’entourage idéal du narrateur. Il l’exprime en disant : « une population dont, je le sentis immédiatement, on pouvait tout obtenir par la gentillesse et l’amitié. », et à raison puisqu’il reçu la meilleure paillote du village et qu’il put « [s’]entourer de toutes les nécessités immédiates de l’existence », avec pêcheur, jardinier et cuisinier. Le narrateur trouva également en cette population d’une centaine de personne ce pourquoi il était venu : « redécouvrir ces qualités de désintéressement et d’innocence », puisqu’ « aucune des considérations de notre capitalisme mesquin ne paraissait [les] avoir touché[s] et [ils] étaient à ce point indifférent au lucre ». Ainsi il put enterrer son argent car il n’en aura nullement besoin et il remercia et « confia toute[sa] joie et [sa] gratitude d’avoir enfin trouvé tout [ce dont il rêvait] auprès [ce] peuple » à Taratonga, femme d’une cinquantaine d’années, fille d’un chef dont l’autorité s’était autrefois étendue sur une vingtaine d’île des Marquises. Celle-ci devint son amie car il avait tout deux horreurs de l’argent, prônant le rejet de l’argent, celle-ci dit : « [qu’]elle-même n’avait qu’un seul but dans sa vie : empêcher que l’argent ne vînt souiller l’âme des siens. ». Malgré cette amitié, l’appel de l’argent des tableaux le poussa à dénigrer ce peuple qui l’avait accueilli, servit, comme pour se chercher une excuse pour répondre à cet appel, ainsi il déclara : « Il faut bien leur reconnaître que parmi toutes leurs qualité, les indigène de Taratora ont également quelques graves défauts dont une certaine légèreté, qui fait qu’on ne peut jamais compter sur eux complètement. ». il su plus tard qu’il avait raison néanmoins, il succomba à l’appel de l’argent et il partit, laissant à son ami une montre en or et une somme d’argent, faisant une dernière réflexion : « la contemplation égoïste de la beauté ne leur suffit pas, [ils] éprouvent au plus au point le besoin de partager cette joie avec leurs semblables. ».

  • Mais celui-ci a également des autres fonctions comme permettre au lecteur de réfléchir sur des thèmes visant à dénoncer, critiquer, ou bien donner des conseils ou féliciter. Ceux-ci permettent d’avoir une réflexion morale sur les aspect corrompus ou au contraire merveilleux de la société.

Lorsque le narrateur prend la décision de partir sur une île isolée du pacifique, c’est principalement pour fuir la cupidité humaine, en effet, dès le premier paragraphe, nous pouvons le constater dans cette phrase : « je décidai enfin de quitter la civilisation et ses fausses valeurs […], le plus loin possible d’un monde mercantile entièrement tourné vers les biens matériels ». Ainsi, Romain Gary nous fait réfléchir à la place de l’argent dans la société et surtout à la place que l’argent occupe dans la vie de toutes personnes. Ils dénoncent la cupidité, le mercantilisme et le matérialisme comme il le dis ici : « mon horreur du vil mercantilisme et du matérialisme. ». Malheureusement même si le narrateur s’était juré de ne plus revenir dans une société cupide, les lois du marché de l’art le rattrapèrent lorsqu’il se retrouva face à une toile d’un célèbre peintre. Dès lors, il commença à fantasmer sur le prix que pourrai lui rapporter cette toile : « Une peinture qui, vendu à Paris, devait valoir cinq millions ! », et cela commença peu à peu à devenir chez lui une obsession, il en parla à de nombreuses reprises : « Combien d’autres toiles avait-elle utilisées pour faire des paquets […]. Je faillis me précipiter chez Taratonga. Mais je me retins. Il fallait procéder avec prudence. […] Je vivais des heures extraordinaire. Mon âme chantait. […] Je perdis complètement le sommeil. ». Mais finalement, il ne résista pas et alla en parler à son amie et ne cessa d’être étonné et de fantasmer sur tout ce qu’il pouvait gagner : « Tout… un tas […]. Beaucoup ?[…]. Cela devait aller chercher dans les trente millions… ». C’est alors qu’en lui résida un terrible dilemme : « Un terrible combat se livra alors dans mon âme, soit il allait jusqu’au bout de ses convictions et laissait les toiles, soit il succombait à la cupidité humaine. La cupidité eu raison de lui, et il n’eu même pas le courage de l’affronter et inventa l’excuse du « pour le bien de l’humanité », à la suite de cela il avait pour seule obsession de rentrer à Paris pour pouvoir vendre ses merveilles : « J’avais hâte de partir de là », « J’étais pressé de rentrer en France. Il sombra dans la psychose tel Gollum et son anneau : « aller chez les marchands pour leur offrir mes trésors. Il y en avait pour une centaine de millions. La seule chose qui m’irritait, c’était que l’Etat allait surement prélever trente à quarante pour cent du prix obtenu. […] Je ne voulais pas que l’ombre de quelque main commerçante vînt se jeter sur mon paradis. ». Nous pouvons ici donc faire une comparaison entre le « précieux » de Gollum et les « trésors » et le « paradis » du narrateur, de plus, il ne se préoccupe que de ce qu’il va perdre au profit de l’Etat, ce qui est en total désaccord avec les valeurs qu’il avait à son départ. La cupidité humaine, le mercantilisme, personne n’y échappe, comme il le dit à la fin du récit : « Dans les grandes capitales comme dans le plus petit atoll du Pacifique, les calculs les plus sordides avilissent les âmes humaines. ».

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