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Plan détaillé de la scène d'exposition de l'île des esclaves de Marivaux

Commentaire de texte : Plan détaillé de la scène d'exposition de l'île des esclaves de Marivaux. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 777 Mots (8 Pages)  •  3 443 Vues

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Plan détaillé de la  scène dexposition de LIle des esclaves de Marivaux.

  1. Une scène de comédie :
  1. Le contexte spatio-temporel particulier :
  • valet (napparaît pas dans le texte, mais Arlequin est un valet traditionnel de la commedia dellarte) / « esclave » : nombreuses occurrences dans le texte. « Nes-tu plus mon esclave ? ».)
  • ambiguïté du mot « patron », qui désigne le maître dans lantiquité latine, mais aussi au XVIIIe siècle, de façon populaire.
  • Le vocabulaire et les formulations des deux personnages renvoient plutôt au XVIIIe siècle, rien ne rappelle la société grecque antique.
  • Arlequin > commedia dellarte / Grèce antique, Athènes / Lieu utopique identifié par Iphicrate. ( par pure convention, puisquil ne peut la connaître.) dont le nom, LIle des esclaves, nest pas un nom propre mais un GN indiquant sa nature.
  • Les temps du passé renvoient à Athènes,  (je lai été, tu me traitais, tu disais) et aux mauvais traitements subis par Arlequin et le futur au lieu actuel (« on te dira », tu seras ») qui va transformer le maître.

  1. des personnages-types de maître et valet et une intrigue de comédie portant sur les statuts sociaux : les indices :
  • les marques de la hiérarchie sociale : tutoiement et  vouvoiement ; impératifs du maître ; insultes / marques de politesse ; niveaux de langue différents pour le maître et le valet (« je men goberge » : expression familière voulant dire « je men moque ».
  • les objets du pouvoir (épée, gourdin resté dans la chaloupe) ; la bouteille deau-de-vie dArlequin, qui rappelle son penchant pour la boisson.
  • des caractères de personnages-types : maître autoritaire (Iphicrate vient du grec et signifie « qui dirige par la force ») et valet type de la commedia dellarte : voir les didascalies : chante, siffle. Il est également insolent (répète les expressions de son maître, ne lui obéit pas) et très détaché (plaisante sur la mort possible des autres naufragés : « sils sont morts, en voilà pour longtemps ; sils sont en vie, cela se passera et je men goberge. »)
  • champs lexicaux de la violence, des mauvais traitements et des relations hiérarchiques  (à relever) très présents dans le texte : la scène dévoile donc lintrigue de la pièce : linversion, sur cette île des esclaves des relations hiérarchiques. Cest donc une comédie de moeurs, mais aussi de caractères.

II. Des relations qui évoluent au fil de la scène :

  1. Iphicrate en maître autoritaire et tyrannique, Arlequin insouciant, puis renversement : les changements et leurs marques :
  • le pivot de la scène réside dans la découverte du lieu où ils se trouvent : à partir de ce moment, Iphicrate veut partir, ce que signalent les nombreux verbes de mouvement dans ses répliques : « ne négligeons rien pour nous tirer dici », « marchons », « avançons », « hâtons-nous », « faisons une demi-lieue », « nous nous rembarquerons ».
  • Inversement, Arlequin veut rester sur l’île, ce quil exprime en nobéissant pas à son maître ou en mentant : « jai les jambes si engourdies » lui répond-il
  • Le volume de paroles, initialement supérieur chez le maître, va sinverser à la fin : lavant-dernière réplique dArlequin est une véritable tirade, par sa longueur, son contenu argumentatitf et le style philosophique de celle-ci« Tout en irait mieux dans le monde », « Adieu, mon ami ». Arlequin est en position de maîtrise à la fin de la scène.
  • Le maître, qui était en situation de supériorité par sa connaissance du lieu, avoue son erreur en aparté  « jai mal fait de lui dire où nous sommes » et entérine ainsi la perte de ce statut. Il est même responsable de cette situation défavorable pour lui
  • Arlequin renonce au vouvoiement à partir de sa tirade, lorsque son maître tente de lui rappeler son statut desclave. Il va même utiliser à son tour limpératif « prends-y garde » et le menacer à son tour.
  • Les apostrophes évoluent chez les deux personnages : « mon patron », « Arlequin », « mon cher Arlequin », « Mon cher patron » et à la fin, linsulte « Misérable » et labsence dapostrophe, « Doucement, tes forces sont bien diminuées … » comme si Iphicrate nexistait même plus.
  • Les didascalies soulignent également le renversement de situation, notamment dans les attitudes variées dIphicrate qui tente plusieurs stratégies pour se concilier la faveur dArlequin : « retenant sa colère », « un peu ému », « au désespoir », mais surtout dans lattitude dArlequin, qui, indiquent les didascalies, siffle, chante, est distrait, badine, puis répond « indifféremment » et enfin se recule « lair sérieux ».
  • Si le maître perd ses moyens et semporte ridiculement « au désespoir, courant après lui l’épée à la main », au contraire Arlequin ne profite pas de la situation et, philosophe, refuse la violence en se reculant et en invitant Iphicrate à réfléchir à sa situation. Il s’éloigne tranquillement « Adieu, mon ami, je vais trouver mes camarades et tes maîtres ».
  • Significativement, si cest le maître qui a expliqué le fonctionnement de l’île (on inverse les rôles), cest Arlequin qui expose la fonction de celle-ci, son rôle : donner une leçon aux maîtres pour que le monde aille mieux. Donc lesclave donne une information plus complexe que le maître.

        B. Une critique sociale : réflexion sur le pouvoir et le pouvoir du langage : réflexion sur la justice et le pouvoir, et attitude raisonnable dArlequin par rapport à son maître.

  • le champ lexical de la justice est présent dans la tirade dArlequin : « juste » deux fois, « justice ». On trouve également « raisonnable », « tu sauras mieux » et « leçon » qui soulignent quil sagit de réfléchir au bien-fondé du pouvoir « plus fort ».
  • La répétition du pronom « tu » (neuf occurrences) renforce la supériorité dArlequin, qui martèle ses reproches à Iphicrate.
  • Le verbe « dire », très présent dans la tirade dArlequin souligne le caractère arbitraire du pouvoir « tu disais que cela était juste », « tu men diras ton sentiment »
  • Arlequin prend plusieurs fois la parole pour saper lautorité de son maître : en ironisant « je vous plains, par ma foi » (il nen pense rien !), en mentant « jai les jambes si engourdies », en reprenant ironiquement les paroles de son maître « je ten prie, je ten prie » et en ironisant encore sur cette soudaine politesse « cest lair du pays qui fait cela », en chantant, en rappelant les mauvais traitements subis, en discutant des autres naufragés, puis enfin en faisant la leçon à Iphicrate
  • Leffet le plus notable est sans doute l’éloquence dont fait preuve Arlequin dans sa tirade, qui contraste avec les courtes répliques légères ou insolentes du début, et leur niveau de langue plus familier (« je men goberge », chanson légère et nom ambigu de « Catin », diminutif de « Catherine » mais aussi synonyme de prostituée. Il semblerait que l’île associe la supériorité hiérarchique à celle de la parole. Il devient même très philosophe en employant une tournure généralisante «  Tout en irait mieux dans le monde »

III. Une scène plaisante et captivante pour faire accepter la réflexion sur les statuts sociaux :

        A. Le comique de mots, de geste, de caractère, de situation :

  • mots : périphrase ironique « marques de votre amitié » = coups de bâton ; chanson légère et référence à Catin ; répétitions insolentes « je ten prie, je ten prie », « mon cher Arlequin » / « mon cher patron » ; « nous nous rembarquerons avec eux » / « Lembarquement est divin… » humour noir : gradation : « maigres, étiques et puis morts de faim » ; « sils sont en vie, cela se passera ».
  • gestes : didascalies soulignant limpuissance du maître et son désespoir ; Arlequin siffle, chante..
  • caractère : Arlequin bon vivant (sa bouteille deau de vie, son détachement. il siffle, chante deux fois.) Maître idiot en définitive (il a dit où ils trouvaient et le regrette) et impuissant, piètre manipulateur « Ne sais-tu pas que je taime » (ses paroles hypocrites ne touchent pas Arlequin)
  • situation comique du renversement carnavalesque, situation traditionnelle dinversion temporaire des rôles depuis le Moyen Age.

        B. Une scène originale et captivante :

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