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Pensez-vous que le théatre soit le lieu de la plus grande liberté ?

Dissertation : Pensez-vous que le théatre soit le lieu de la plus grande liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Mai 2021  •  Dissertation  •  791 Mots (4 Pages)  •  488 Vues

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Lorsque Boileau écrit dans son Art poétique “qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli”, l’auteur classique définit des règles qui régiront pendant longtemps le genre théâtral. Ce dernier est à la fois un genre littéraire et un spectacle scénique. Le dramaturge et le metteur en scène sont deux créateurs proposant des personnages dont la parole constitue l’action. En effet, au théâtre, les mots sont à la fois l’outil et l’enjeu des intrigues. Cependant les auteurs rencontrent de nombreuses contraintes, que ce soit celles inhérentes à la salle, aux mœurs de l’époque ou aux censures. Ainsi, comment faut-il comprendre l’opinion de Ionesco quand celui-ci affirme que le théâtre est « le lieu de la plus grande liberté »? Ce dramaturge représentant de l’absurde a t-il des raisons de penser que le théâtre est non seulement libre mais libertaire?

Nous verrons dans un premier temps que le point de vue de Ionesco doit être nuancé par les règles relatives au genre théâtral, puis nous envisagerons comme ces contraintes sont précisément ce qui nourrit la libération théâtrale: ce genre constitue un espace de libertés.

Le théâtre n’est pas le lieu de la plus grande liberté : il constitue par certains aspects un genre contraint. Premièrement, il présente des contraintes physiques. Celles-ci pèsent sur la mise en scène ou l’écriture de l’œuvre, et obligent parfois le dramaturge à faire des choix pour correspondre aux limites imposées par la salle, le public, le temps de la représentation ou celui de la lecture… Dans Rhinocéros, pièce de l’Absurde montrant comment l’homme peut être amené à suivre sans jugement des idéaux, la métamorphose de Jean en animal se réalise dans la salle de bain, loin des yeux du public. Béranger narre la transformation de Jean au long de la scène. Évoquant l’apparition d’une corne, le changement de couleur de Jean. Ici, pour des raisons techniques et de crédibilité, la transformation du personnage est cachée pendant la scène. Ainsi, à cause de contraintes physiques évidentes, le dramaturge prend le parti de dérober la scène. Le théâtre n’est donc pas entièrement libre.

De plus, le théâtre n’est pas historiquement un genre libre. Autrefois codifié par les règles d’Aristote, puis par celles de Boileau voulant que toutes les pièces respectent les unités de lieux, de temps et d’actions ainsi que les règles de bienséance, le dramaturge ne pouvait pas tout montrer de peur de faire scandale et de voir sa pièce interdite de représentation. Dans Phèdre, Racine décide de faire mourir Hyppolite hors des planches, laissant Théramène, ami et confident du défunt héros, faire le récit de son dernier combat. Dans une longue tirade, le personnage évoque les hauts faits de Hyppolite, héros mort tragiquement, tué par la main des dieux. Le récit est terrible : il restitue avec émotions, avec tension, le terrible combat, la tragique panique des chevaux élevés par le courageux héros. Ce passage rend sa mort puissante, forte mais la dérobe au spectateur. De ce fait, Racine parvient à rester dans les codes de la bienséance en ne montrant pas sur scène d’effusion de sang. Cela illustre combien un dramaturge doit aussi penser sa pièce pour ne pas choquer les

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