Paul Eluard « Notre vie »
Cours : Paul Eluard « Notre vie ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Keziah H. • 29 Mai 2022 • Cours • 1 488 Mots (6 Pages) • 954 Vues
Paul Eluard, né le 14 décembre 1895 et mort le 18 novembre 1952 est poète français majeur du XXème siècle figure du surréalisme avec André Breton. « Notre vie » de Paul Eluard est l’un poème les plus connu du recueil « Le temps déborde » qui a été publié en 1947, quelques mois après la mort brutale de sa compagne Nusch, de son vrai nom Maria Benz. Ce poème a été écrit le jour même de la mort de Nusch. Eluard témoigne dans ce poème, relativement court, de son drame personnel. “Cette disparition provoque une rupture dans sa vie qu'il exprime dans la composition de ce poème où l'évocation d’un passé heureux fait place à l'envahissement de sa vie par la mort. Le poème oscille, en effet, entre la vie et la mort dans la première strophe avant que la thématique de la mort s’impose dans le reste du poème.
Comment le poète montre une rupture brutale à travers la thématique de la vie et la mort dans ce poème.
Avant de commencer l’analyse linéaire, on remarque que c’est un poème de 3 strophes et de 15 vers qui se distingue par l’absence de ponctuation comme pour mieux déverser le flot des pensées discontinues du poète. Paul Eluard écrit ce poème en alexandrins, mais on note aussi l’absence de rime et un travail minutieux sur les sonorités et l’utilisation de figure de style qui servent la tonalité lyrique et tragique du poème
Analyse linéaire
1 Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie
Dès ce premier vers, qui reprend le titre du poème, on note ce balancement et cet équilibre entre le thème de la vie et celui de la mort. Le premier hémistiche évoque la vie, le second la mort avec l’adjectif “ensevelie” qui fait partie du champ lexical de la mort qui est très présent dans tout le poème. On peut aussi déjà noter une opposition entre “notre” et “tu” qui amplifié par la forme passive, comme si c’était sa femme qui avait été l’artisane principal de leur vie commune.
2 Aurore d'une ville un beau matin de mai
3 Sur laquelle la terre a refermé son poing
On a de nouveau une alternance marquée avec un deuxième vers totalement dédié à la vie et un troisième à la mort . Le mot aurore, placé en début de vers, annonce le moment précis de sa mort, le jour de sa disparition (dans ce sens aurore est une métonymie Aurore = le moment de la journée) . Le troisième vers évoque sa mort soudaine et violente au petit matin, comme un arrachement à la vie exprimé. Cette brutalité s’exprime par la métaphore "refermé son poing”. Cette image de la terre qui se referme vient faire écho à l'adjectif « ensevelie » du vers 1.
4 Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Au 4eme vers, aurore est répété en début de vers comme au vers 3, (anaphore) on peut interpréter ici le mot aurore de façon littérale comme étant les premier lueurs du lever du soleil.
Cette lueur fait ainsi écho à la “clarté” des 17 ans de vie et de bonheur (dans la lumiere ) qu’il a partagé avec sa femme. (Eluard rencontre en effet Nusch en 1929 après sa séparation avec Gala, il l'épouse en 1934, et vit 17 ans a ses côtés jusqu'à sa mort en 1946 ) . L’adverbe toujours souligné que cette relation n’a fait que se renforcer au cours des années.
5 Et la mort entre en moi comme dans un moulin
On avait déjà une personnification implicite de la mort en vers 3 avec la terre qui refermait son poing, on a ici, au vers 5, une personnification explicite de la mort qui entre en lui. L’utilisation du présent accentue cette notion d’intrusion. Cette personnification de la mort se développe tout au long du poème
6 Notre vie disais-tu si contente de vivre
Notre vie est de nouveau répétée au vers 6 auquel s’ajoute le mot vivre. Cette répétition crée une forme de rime intérieur (donc à l'intérieur du même vers) . Avec l'emploi du pronom possessif “notre”, Eluard souligne que leur vie est profondément liée.
7 Et de donner la vie à ce que nous aimions
A nouveau une répétition du mot vie dans le vers 7 . . la sienne
...