Marivaux : Le jeu de l'amour et du hasard

Etude linéaire N1 : Acte I, scène 14, extrait, « Un valet habile et rusé »

Marivaux est un écrivain français, baptisé à Paris le 8 février 1688 et mort à Paris le 12 février 1763. Surtout connu pour son théâtre et attaché au Comédiens italiens, Marivaux fut aussi romancier et journaliste, toujours spectateur solitaire d’une société en pleine transformation. Marivaux est un grand dramaturge qui appartient au mouvement des Lumières qui a pour but de lutter contre l’intolérance et accéder au bonheur.

Cette scène est une scène de confidences, celle d'une passion et d'une folie. Fausse et vraie confidences puisque l'amour de Dorante est réel mais les marques de sa démence sont le fruit de l'imagination du valet. Ce passage est composé de répliques rapides et fortement ponctuées, l'exaltation feinte de Dubois fait naître une émotion réelle chez Araminte.

PBQ : En quoi réside la virtuosité comique du discours de Dubois ?

Nous verrons que Dubois (ancien valet de Dorante) fait preuve d’ingéniosité en faisant tout d’abord un portrait élogieux de Dorante (l.1à7) et en suscitant la jalousie d’Araminte (l.7à15) ; puis en faisant le faux récit de la rencontre amoureuse de Dorante et Araminte, dans lequel il se met en scène à part égale avec son ancien maitre (l.16à27)

1. Un discours habile et rusé

Déséquilibré de la parole de cette sc de fausses confidences, dans laquelle le valet Dubois semble être le maitre de la parole et distille à son grès les infos concernant son ancien maitre Dorante pour mieux piéger Araminte.

Texte s’ouvrant sur une brève réplique d’Araminte : « Moi, dis-tu ? » (l.1) qui fait suite à l’ultime révélation de Dubois = sentiments qu’éprouve Dorante pour Araminte, montrant que le dialogue est déjà engagé. Dubois profite de cet effet de surprise pour faire un 1er portrait élogieux de Dorante en le présentant à sa nouvelle maitresse comme une amoureuse passionnée : « Il vous adore » (l.2) + « Il y a six mois qu’il […] vous contempler un instant » (l.2-3)  + Dubois vente les qualités physique de Dorante : « Il est bien fait […] mais il n’est pas riche » (l.6-7) ; et use enfin d’hyperbole : « Vous ne croiriez pas […] elle lui coupe la gorge » (l.6) = ces marques hyperboliques montrent la passion amoureuse de Dorante aux yeux d’Araminte. Usage de litote : « Il est bien fait, d’une figure passable » (l.6-7) qui suggère la beauté de Dorante et montre que Dubois maitrise parfaitement le voc.amoureux + classe sociale de Dorante : « mais il n’est pas riche » (l.7), la pauvreté de Dorante passe même ici pour une qualité.

Dubois maitrise aussi l’art de la rhétorique et du discours en usant de stratagèmes et de ruse langagière : « ma foi » ( l.8) qui place le dialogue sur le ton de la confidence + utilisation de pron.pers « vous » désignant Araminte : « il vous adore » ; « pour avoir le plaisir de vous contempler un instant » + Dubois tient en éveille Araminte : « Vous avez du […] vous parle » (l.3) ; « vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence » (l.6) ; « vous saurez qu’il […] d’épouser des femmes qui l’étaient » (l.7-8) = Dubois cherche à impliquer Araminte dans ce discours de confidences et utilise un voc comme « enchanté » (l.3) qui est utilisé ici dans le sens fort d’envouter, victime d’un enchantement + curiosité d’Araminte qui est aiguisée : « Eh ! juste ciel ! […] de quoi s’avise-t-il ? » (l.4-5) cela montre aussi qu’elle cherche toujours à garder son rôle de maitresse.

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