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Madame Bovary cas

Dissertation : Madame Bovary cas. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Mai 2016  •  Dissertation  •  1 561 Mots (7 Pages)  •  1 195 Vues

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Madame Bovary

Chapitre 11, 3° partie (épilogue). « Le lendemain, Charles alla s’assoir [...] recevoir la Croix d’honneur »

Situation du texte : contexte, auteur, extrait. Lecture Problématique possible : En quoi ce dénouement témoigne-t-il d’une vision du monde ironique ? ou désenchantée ? Une double résolution ?

Ce texte forme la dernière page du roman : le récit est bouclé mais sous la forme de deux dénouements contrastés. D’une part, la disparition solitaire de Charles qui rejoint Emma fait apparaître une dernière fois le registre des sensations à travers la description d'un coin du jardin ensoleillé révélant le regard et les émotions du personnage.

D’autre part, en contrepoint, Homais triomphe et avec lui toute une société.

1. La discrète disparition de Charles

La mort de Charles est à son image. Ce n'est pas le suicide dramatique d’Emma, mais une disparition discrète, comme si le personnage disparaissait à l’insu de tous, presque de lui- même. Le texte devient aussi silencieux : aucune explication au décès et ellipse du moment même de la mort. Mais cette retenue ne signifie pas pour autant froideur : dans le premier paragraphe, le narrateur installe une dernière fois le lecteur au plus près du personnage. Après avoir situé brièvement celui-ci de l’extérieur, « Charles alla s’asseoir sur le banc, dans la tonnelle » (l. 1-2), une longue phrase décrit le paysage tel que Charles le perçoit (l. 2 à 5). Ce sont de petites touches impressionnistes : une juxtaposition de détails qui correspondent, aux différentes sensations du personnage. Successivement des jeux d'ombres et de lumières « les feuilles de vignes dessinaient leurs ombres sur le sable » (l. 2-3), « le ciel était bleu » (l. 4), des parfums, « le jasmin embaumait » (l. 4), des bruits « des cantharides bourdonnaient » (l. 4-5). Une sorte de profusion sensuelle. La fin de la phrase mentionne à nouveau Charles mais le narrateur est complice cette fois de son point de vue : sensation d’étouffement, tristesse nostalgique : « et Charles suffoquait comme un adolescent sous les vagues effluves amoureuses qui gonflaient son cœur de chagrin.» (l. 5 à 8). Le lecteur est passé insensiblement à l'intérieur de la conscience de Charles.

À aucun moment le lecteur ne connaît les pensées du personnage d'ailleurs peu enclin à l’introspection. Mais le personnage s'impose par le regard qu'il porte sur le monde, les réactions de son corps et de sa sensibilité. Rupture avec la tradition du roman psychologique, nouveauté de Flaubert qui annonce les recherches du roman des années 1950 (Claude Simon). L'amour de Charles pour Emma diffuse dans tout le paysage à travers ses « vagues effluves amoureuses » (l. 7). Ce moment d'abandon est un bain de jouvence : il retrouve les sensations de sa jeunesse « Charles suffoquait comme un adolescent » (l. 7). Pour le lecteur, c'est un écho à d'autres moments semblables, notamment la première rencontre avec Emma. L'ombre d’Emma plane sur le lieu où elle aimait rêver. Et Charles, encore imprégné de sa présence, n’arrive pas à se détacher d’elle : « (il) tenait dans ses mains une longue mèche de cheveux noirs. » (l. 12 -13). Par ailleurs, le lieu lui-même rappelle au lecteur d'autres scènes (Emma et Rodolphe).

Le texte instille donc un pathétique discret. La mort du personnage est dérobée au moyen d'une ellipse temporelle, puis le personnage réapparaît sous le regard de l'enfant : « A sept heures, la petite Berthe, qui ne l’avait pas vu de toute l’après-midi, vint le chercher pour dîner » (l. 9-10). Le procédé permet d’ôter toute son horreur au spectacle de la mort (on en a assez vu avec Emma...) et de lui donner un caractère insolite. Il est comme endormi, c'est presque un jeu : « Il avait la tête renversée contre le mur, les yeux clos, la bouche ouverte (...) croyant qu’il voulait jouer, elle le poussa doucement. » (l. 11 et 15-16). Puis constat froid de la mort : « Il tomba par terre. Il était mort. » (l. 16). Notons la brièveté de ces deux phases qui s’oppose à la longue agonie d’Emma.

2. Le triomphe d’une société

Puis le texte change de registre avec l’entrée en scène d’Homais : « Trente-six heures après, sur la demande de l’apothicaire, M. Canivet accourut. Il l’ouvrit et ne trouva rien. » l. 17-19 : dernière mention de Charles, encore une fois très brève et symptomatiquement close par le pronom indéfini « rien ». Flaubert aurait pu terminer sur la mort de ses deux héros, conformément à la tradition romanesque. L'épilogue aurait été pathétique.

Mais Homais survit aux personnages principaux. C’est le triomphe de la collectivité sur ceux qui ne se sont pas adaptés.

La deuxième fin se présente comme un bilan, un inventaire après décès. Ruine totale de la famille Bovary / réussite du pharmacien : simple juxtaposition qui met en évidence la férocité implacable des rapports sociaux. En bonne tradition balzacienne, le rôle de l'argent est déterminant. Homais construit sa fortune sur la ruine des autres. Et il a pour lui tous les atouts de la réussite : l'argent, le pouvoir, la popularité « il fait une clientèle d’enfer. L'autorité le ménage et l'opinion publique le protège. » (l. 29 à 31). Et la dernière phrase (dont la brièveté est mise en valeur par le détachement typographique) montre qu’il a la reconnaissance officielle de la société.

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